Comme pour signer son crime du sceau de l’absolue terreur, l’assassin de l’enseignant de Conflans-Sainte-Honorine a décapité sa victime.

Il exprime ainsi le fait que le terrorisme islamiste n’a pas pour objet prioritaire le “châtiment” de celui qui s’en est pris à l’image du prophète, mais qu’il a surtout pour but de terrifier toute volonté potentielle de critiquer son idéologie. Et pour maximiser l’effet dissuasif escompté, le terroriste s’applique autant dans le choix de sa cible que dans la manière de tuer.

La nature belliqueuse de la “pensée” islamiste découle de sa logique hégémonique : tout ce qui ne s’efface pas devant sa vérité constitue un obstacle à son expansion qu’il faut donc écarter. Et à plus forte raison quand cet obstacle consiste en une pédagogie de la critique, et la liberté d’expression n’est rien d’autre que cela. Toutes les libertés apparaissent par la suite comme des défis à la norme rigoriste du dogme “bien compris”.

Il ne reste, dans cette traque des libertés conçue comme défense de la foi, qu’à s’autoriser tous les moyens, y compris le moyen extrême, le meurtre terroriste qui, par sa sophistication barbare, devrait frapper d’effroi ses virtuels adversaires. Le terroriste est toujours à la recherche d’une plus grande cruauté dans ses actes.

L’islamisme, qui sert de doctrine au terrorisme, base son hégémonie sur la promotion de la haine de l’autre et de la haine de sa liberté. Pour former ses tueurs à retardement, il utilise les écoles dans les dictatures des pays musulmans, les réseaux de mosquées officielles ou souterraines, l’œuvre fanatisante des partis obscurantistes et, de plus en plus, l’activisme sectaire sur… les réseaux sociaux mondialisés.

La démocratie, un providentiel allié

Grâce à la technologie et à la liberté d’action dont il dispose, l’islamisme s’épanouit dans les États démocratiques et y développe son potentiel de violence. Il prospère, en effet, dans deux sortes de contextes : les États libertaires qui lui ouvrent des boulevards pour son activité prosélytique, d’une part, et les pays à forte densité musulmane dont les États sont trop faibles ou sont tentés de l’instrumentaliser contre la revendication démocratique, d’autre part.

Jusqu’ici, l’islamisme et son pendant consubstantiel, le terrorisme, ont trouvé dans la démocratie un providentiel allié : en promouvant l’idée que l’islamisme est soluble dans le système démocratique, on offre un terrain d’expérimentation à son projet pourtant totalitaire par nature, puisque sa charia est préétablie et ne laisse aucun choix au citoyen.

Plus grave, on s’impose la tolérance de ce même projet qui légitime l’usage éventuel de la violence meurtrière pour faire valoir ses représentations de la foi et de la vie. La tolérance de l’islamisme, qu’elle procède d’une conviction, d’un calcul politicien ou d’une lâcheté physique, est une démarche suicidaire pour la démocratie et pour les libertés.