Là
où poussait de l’herbe, il n’y a plus que du sable. En Saône-et-Loire,
berceau de la vache charolaise – une race réputée pour sa viande –, les
éleveurs se demandent si le système n’est pas « à bout ». Parce que la
sécheresse, maintenant, c’est tous les ans
Comme
2019, comme 2018, comme 2015…, 2020 est synonyme de sécheresse. Et
alors même que vient à peine de sortir le décret portant catastrophe
naturelle après le manque d’eau de 2019. L’élevage du charolais,
pratiqué sur des prés naturels non irrigables, est totalement dépendant
de la pluviométrie et la situation devient délicate pour ces
exploitations de 80 vaches et 110 ha de moyenne, caractéristiques qui
les situent dans la norme nationale.
La
prairie nourricière qui, avant, permettait aux vaches de brouter tout
en apportant le fourrage nécessaire pour l’hiver, s’est tarie.
Christian Bajard, président du syndicat agricole FDSEA du département, confirme :
Source Ouest France Par Loïc VENNIN (AFP)
Avant, c’était exceptionnel. Maintenant, on a des sécheresses quasiment tous les ans. Comment on fait pour vivre avec ça: en Saône-et-Loire, leader en France pour le charolais, les éleveurs se demandent si leur système n’est pas
« à bout ».
« C’est du sable », dit Jean-Michel Rozier en tapant sur une motte d’herbe grillée qui part en poussière sous le coup de pied.
« Encore un peu, on va devenir le Sahel », raille l’éleveur de vaches charolaises à Trivy (Saône-et-Loire). Dans un coin de la prairie grillée, un petit troupeau cherche l’ombre rare sous un arbre asséché, sans même plus tenter de brouter la terre pelée.
« Avant, on avait des sécheresses exceptionnelles. On pouvait faire face. Mais, depuis 2015, c’est quasiment tous les ans », explique Pierre Rozier, 54 ans, frère et associé de Jean-Michel sur l’exploitation d’une centaine de vaches.
« Faut être motivé »
« À force, les racines brûlent et ça ne repousse plus ». La sécheresse est devenue si régulière qu’elle menace dorénavant jusqu’à la pérennité des prés… et de l’élevage.
« On était autonome jusqu’en 2015 », se souvient Pierre Rozier.
« Depuis 2015, Il manque 50 % de fourrage », dit-il en montrant l’aire de stockage des bottes de foin déjà à moitié vide.
« Ça devrait être plein pour l’hiver. Va falloir en racheter. C’est la moitié de nos revenus annuels ».
« C’est comme une pile de factures qui s’accumulent », résume Jean-Michel Labrosse, exploitant non loin de là, à Chassigny-sous-Dun (Saône-et-Loire).
« L’achat du fourrage mange presque tous mes revenus », calcule l’éleveur d’une quarantaine de vaches.
Christian Bajard, président du syndicat agricole FDSEA du département, confirme :
« Le surcoût du fourrage est de 15 à 30 000 €, soit à peu près l’ensemble des revenus annuels moyens d’un éleveur, qui est de 15 000 € ».
« Comment on fait pour vivre avec ça ? Ça va finir par faire disparaître des exploitations », avertit le syndicaliste. Déjà, le nombre de têtes de charolais est passé en quatre ans de 230 000 à moins de 200 000 dans le département, faisant douter de l’avenir même de ce type d’élevage.
« Franchement, on se pose la question : les personnes âgées partent et les jeunes ne veulent pas s’engager », résume Christian Bajard. À cinq ans de la retraite, Jean-Michel Labrosse cherche ainsi toujours un successeur, comme
« la moitié des 12 éleveurs de la commune », dit-il.
« Plus de la moitié »des quelque 3 000 éleveurs du département
« ont plus de 53 ans », rappelle Christian Decerle, président de la Chambre régionale d’agriculture Bourgogne-Franche Comté et lui aussi éleveur de charolaises.
« Oui, le charolais est un secteur très inquiet. Un nombre croissant d’éleveurs se posent la question de leur devenir », confesse-t-il.
« On était trente éleveurs il y a 50 ans sur la commune. Dans deux ans, il ne restera plus que nous », renchérit Jean-Michel Rozier, par ailleurs premier adjoint de Trivy.
« Notre peur, c’est la génération des 40-50 ans qui arrête : ça devient récurrent. Et de plus en plus d’éleveurs conseillent à leurs enfants de faire autre chose », lâche-t-il, s’estimant très heureux que lui, son fils Benoît ait décidé de reprendre la ferme.
Source Ouest France Par Loïc VENNIN (AFP)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ce blog est ouvert à la contradiction par la voie de commentaires. Je tiens ce blog depuis fin 2005; je n'ai aucune ambition ni politique ni de notoriété. C'est mon travail de retraité pour la collectivité. Tout lecteur peut commenter sous email google valide. Tout peut être écrit mais dans le respect de la liberté de penser de chacun et la courtoisie.
- Je modère tous les commentaires pour éviter le spam et d'autres entrées malheureuses possibles.
- Cela peut prendre un certain temps avant que votre commentaire n'apparaisse, surtout si je suis en déplacement.
- Je n'autorise pas les attaques personnelles. Je considère cependant que ces attaques sont différentes des attaques contre des idées soutenues par des personnes. Si vous souhaitez attaquer des idées, c'est bien, mais vous devez alors fournir des arguments et vous engager dans la discussion.
- Je n'autorise pas les commentaires susceptibles d'être diffamatoires (au mieux que je puisse juger car je ne suis pas juriste) ou qui utilisent un langage excessif qui n'est pas nécessaire pour l'argumentation présentée.
- Veuillez ne pas publier de liens vers des publicités - le commentaire sera simplement supprimé.
- Je suis pour la liberté d'expression, mais il faut être pertinent. La pertinence est mesurée par la façon dont le commentaire s'apparente au sujet du billet auquel le commentaire s'adresse. Si vous voulez juste parler de quelque chose, créez votre propre blog. Mais puisqu'il s'agit de mon blog, je vous invite à partager mon point de vue ou à rebondir sur les points de vue enregistrés par d'autres commentaires. Pour ou contre c'est bien.
- Je considère aussi que la liberté d'expression porte la responsabilité d'être le propriétaire de cette parole.
J'ai noté que ceux qui tombent dans les attaques personnelles (que je supprime) le font de manière anonyme... Ensuite, ils ont l'audace de suggérer que j'exerce la censure.