09/08/2020

La répétition des 40°C en France est-elle le témoignage du réchauffement climatique ?

Une fois de plus, la France suffoque. 39°C à Paris, 37°C à Nancy, 38°C à Lille, 40°C à Nantes... Les villes ont enregistré ces derniers jours de nouveaux records de températures et 15 départements ont été placés en vigilance «canicule» rouge le samedi 8 août.  Et ce n'est pas sans rappeler les étés 2003, 2006, 2010 ou 2019 durant lesquels le mercure est resté au-dessus des 35°C durant plusieurs jours. Les périodes estivales aux couleurs caniculaires semblent devenir de plus en plus récurrentes en France.


Des étés de plus en plus chauds

Depuis 1947, 40 vagues de chaleur ont frappé la France, la moitié d'entre elles ont eu lieu après les années 2000, selon Météo France. Hormis celui de 2014, tous les étés depuis 2010 ont franchi au moins une fois la barre des 40°C. Une situation, qualifiée d'«inéluctable», que les scientifiques scrutent avec précision afin de veiller sur notre écosystème.




«Les vagues de chaleur sont de plus en plus fréquentes et intenses», analyse Françoise Vimeux, climatologue à l'Institut de recherche pour le développement (IRD). «Il faut s'attendre à ce qu'elles deviennent plus récurrentes, plus longues, plus précoces et plus tardives», continue la chercheuse. Elle prend en exemple les quelques jours de canicule au mois de juin 2019. Entre le 25 et le 30 juin, les 40°C ont été largement dépassés au bord de la Méditerranée. Les stations Météo France ont enregistré 45,9 °C à Gallargues-le-Montueux (Gard), 44.4 °C à Prades-le-Lez (Hérault). Le nord et l'ouest du pays n'étaient pas en reste. L'air était difficilement respirable à Saumur (Maine-et-Loire) avec 42 °C, à Paris (36,5°C) ou encore à Lille (33°C).

La France n'est pas le seul pays touché. L'Espagne, l'Italie, le Royaume-Uni sont aussi soumis à des températures au-dessus des normales de saison. L'Europe n'est pas l'unique victime, les pays nordiques subissent aussi la montée du mercure. Le 22 mai 2020, il a fait plus de 20°C à Khatanga, ville de 3 000 habitants en Sibérie, davantage habituée aux températures négatives. Une première pour cette région qui a enregistré un printemps 2020 très doux, avec des pics à plus de dix degrés au-dessus des normales de saison.

Pour Christophe Cassou, climatologue au Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique (CERFACS), les pics ne sont pas les plus alarmants, la durée de l'épisode caniculaire l'est bien davantage. «Il est très probable que l'été 2020 monte sur le podium des années les moins englacées en Arctique», avait-il mis en garde fin juin sur Twitter en scrutant la fonte des glaces arctiques.

Le réchauffement climatique, accélérateur de canicules

Comment expliquer cette vague de chaleur qui siège sur la France pendant une semaine ? Pour Gaëtan Heymes, prévisionniste à Météo France, cet épisode caniculaire n'est pas dû à un élan d'air subsaharien mais au déplacement horizontal d'une masse chaude évoluant un peu comme une cocotte-minute.

Ces températures sont-elles le symbole du réchauffement climatique qui alarme la planète ? «Pas le symbole mais la conséquence», répond fermement Hervé Le Treut, membre de l'Académie des sciences et directeur de l'Institut Pierre-Simon-Laplace. La hausse générale des températures n'y est pas étrangère pour le scientifique. Ces épisodes caniculaires en font partie. Françoise Vimeux complète que «la probabilité que le réchauffement en Sibérie ne soit arrivé au début du XXe siècle est 600 fois inférieur par rapport à maintenant».

Le réchauffement climatique est donc un accélérateur de phénomènes caniculaires. «Les pics actuels auraient bien eu lieu mais ils auraient été moins intenses», ponctue la chercheuse marseillaise. «Mais ils touchent actuellement tout le territoire, même le nord et l'ouest du pays.»

«Aucun lieu sur terre n'est épargné»

Le sud de la France n'est plus le seul concerné par les alertes canicule lancées par Météo France. Le samedi 8 août sont en vigilance rouge les départements de la Seine-et-Marne, la Somme, le Nord, l'Aisne, l'Oise et le Pas-de-Calais (Hauts-de-France).

La mer, les villes, les montagnes, tous les milieux naturels sont affectés par la hausse des températures, comme cela a été le cas le 6 août 2020 sur le versant italien du massif du Mont-Blanc. Une partie, lourde de 500.000 mètres cubes de roche du glacier de Planpincieux a menacé de s'effondrer sur le village situé en contrebas. Les habitants ont été évacués et la situation est contrôlée avec attention par les autorités locales. Déjà connu pour sa fragilité due aux nombreuses crevasses et sa pente raide, le glacier est surveillé depuis 2003 mais c'est la première fois que l'alerte effondrement est donnée.

«Aucun lieu sur terre n'est épargné». Pour Pascal Yiou, chercheur au Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement (LSCE), «la situation sur le Mont-Blanc est complètement liée au réchauffement climatique. Il y a moins de neige, les saisons hivernales sont plus courtes».
Les glaciers sont des zones à risques mais les zones maritimes aussi. «La montée des eaux est quelque chose de complètement inéluctable. À la moindre tempête, les vagues seront beaucoup plus hautes et plus destructrices», s'alarme-t-il.

Avec les effondrements, les inondations, les incendies, la nature subit de plein fouet le réchauffement climatique et les évolutions de températures mais «les milieux naturels ne sont pas les seuls concernés», précise Pascal Yiou. «Quand elles ne descendent pas la nuit, les fortes chaleurs sont aussi un problème mortel pour les humains.»

Source Figaro Vox 

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