De l'art de prendre la parole lorsque les
circonstances apportent de l'eau à votre moulin. C'est ce que semble
avoir choisi de faire Arnaud Montebourg qui, depuis deux semaines,
multiplie les interventions médiatiques. Le fait est suffisamment rare
pour qu'il en soit tenu compte. Dans le tumulte de l'actuelle crise
sanitaire, annonciatrice de grandes difficultés économiques pour
l'Occident, l'ex-ministre du Redressement productif enfourche à nouveau
son cheval de bataille contre les méfaits de la mondialisation. Et, par
là même, contre Emmanuel Macron et son gouvernement.
Celui qui s'est retranché dans la production de miel milite pour un
retour de l'État au cœur de l'économie française. Un créneau qu'il
affine depuis la primaire socialiste de 2011.
"La mondialisation est terminée", assène-t-il auprès du Figaro le 3 avril. Quatre jours plus tard, dans Libération, il voit sa "fragmentation" comme un "phénomène irrésistible". De quoi se voir attribuer un satisfecit par Jean-Luc Mélenchon, qui vendredi dans le même quotidien qualifiait Arnaud Montebourg de "renfort très précieux".
"La crise du système financier américain dérégulé et excessivement libéralisé a provoqué une crise mondiale dont nous payons encore le prix", affirmait ainsi Arnaud Montebourg auprès du Figaro le 3 avril. La suite sonne comme un bréviaire de son logiciel politique, désormais très proche de ce que défendait jadis un Jean-Pierre Chevènement:
Quoi qu'il en soit, celui qui exalte "ce surmoi gaulliste qui nous imprègne tous encore" devra justement composer avec la présence de Jean-Luc Mélenchon sur un terrain voisin. Quand bien même le leader de LFI doit composer avec l'aile gauche de son mouvement, méfiante à l'égard de la notion de patriotisme, il défend ardemment le retour d'un État interventionniste et planificateur. Il n'est pas certain, malgré l'affaiblissement de la gauche radicale depuis le début du quinquennat sur le plan électoral, que l'ancien sénateur PS soit prêt à laisser une autre personnalité se saisir de ces thèmes. Du moins, si l'objectif ultime eût été de se créer un espace politique autonome. Les deux hommes, de surcroît, ont en commun le fait d'avoir un ego à forte réputation.
D'autant que cette proximité idéologique n'a rien de nouveau. Déjà en 2013, alors qu'Arnaud Montebourg était membre du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, Jean-Luc Mélenchon louait sa lutte pour empêcher l'absorption de l'entreprise française Dailymotion par l'Américain Yahoo. Quelques années plus tard, alors qu'il se présentait à la primaire à gauche de 2017, Arnaud Montebourg avait tendu la main à son ancien camarade. Ayant perdu ladite primaire face à Benoît Hamon, il n'a pu la mettre en pratique. À charge de revanche?
"La mondialisation est terminée", assène-t-il auprès du Figaro le 3 avril. Quatre jours plus tard, dans Libération, il voit sa "fragmentation" comme un "phénomène irrésistible". De quoi se voir attribuer un satisfecit par Jean-Luc Mélenchon, qui vendredi dans le même quotidien qualifiait Arnaud Montebourg de "renfort très précieux".
"Il a envoyé une carte postale au bon moment. Il aide à construire un nouveau fond de scène", dit de lui le député des Bouches-du-Rhône.
Le nouveau Chevènement?
Comme l'ancien ministre de François Hollande, le chef de file de La France insoumise n'a de cesse de fustiger la globalisation et son impact à la fois financier et écologique sur la planète. Les deux ex-camarades du PS dénoncent en chœur l'imposition à l'Hexagone de règles européennes par trop néolibérales. Ils appellent, enfin, à la nationalisation d'entreprises œuvrant dans des secteurs-clés du combat contre la pandémie due au nouveau coronavirus, et au-delà."La crise du système financier américain dérégulé et excessivement libéralisé a provoqué une crise mondiale dont nous payons encore le prix", affirmait ainsi Arnaud Montebourg auprès du Figaro le 3 avril. La suite sonne comme un bréviaire de son logiciel politique, désormais très proche de ce que défendait jadis un Jean-Pierre Chevènement:
"Aujourd'hui, les Français ont compris que la croyance dans la mondialisation est une religion extrémiste avec ses gourous, et que le moment est venu de reconstruire activement notre indépendance, non pas seulement énergétique, mais également technologique et scientifique, alimentaire et agricole, numérique et industrielle."Dans son entretien accordé à Libération, un passage rapproche de plus en plus franchement l'ex-député de Saône-et-Loire du chevènementisme, ou de ce qu'on appelle plus banalement le souverainisme. Même si l'intéressé lui préfère le terme d'"indépendance".
"Notre pays s’est soudé dans son histoire à travers la construction d’un État fort qui unifie et protège. La France a survécu aux plus graves tourments grâce à lui. Lorsqu’on constate une faiblesse chez cet État protecteur, on a le sentiment d’un affaissement du pays. C’est cette sensation d’humiliation que nous éprouvons en ce moment", y déclare-t-il.
Macron dans le viseur
À travers ces prises de parole, le chantre de la "démondialisation" s'en prend directement à Emmanuel Macron. Dans les deux interviews, il reproche à son successeur au ministère de l'Économie d'avoir "abandonné les 34 plans industriels de reconquête de notre souveraineté technologique" qu'il avait lui-même amorcé durant son bail à Bercy."Le chef de l’État est-il le mieux placé pour mener une politique de patriotisme économique", se demande Arnaud Montebourg dans Libération. "Malheureusement, l’essentiel de la classe dirigeante actuelle n'a pas de réflexe patriotique, ce qui est préjudiciable à notre pays", constate-t-il dans Le Figaro.
Rôle prépondérant d'ici 2022?
Si le timing de ces sorties paraît logique étant donné la crise, une question mérite d'être posée: Arnaud Montebourg jouera-t-il un rôle prépondérant dans le "monde d'après"? À savoir, d'ici l'élection présidentielle de 2022? Interrogé là-dessus par Libération, le tonitruant ex-parlementaire se borne à promettre d'offrir "une analyse, une vision, des idées, de l’entraide et chacun en fera ce qu’il voudra".Quoi qu'il en soit, celui qui exalte "ce surmoi gaulliste qui nous imprègne tous encore" devra justement composer avec la présence de Jean-Luc Mélenchon sur un terrain voisin. Quand bien même le leader de LFI doit composer avec l'aile gauche de son mouvement, méfiante à l'égard de la notion de patriotisme, il défend ardemment le retour d'un État interventionniste et planificateur. Il n'est pas certain, malgré l'affaiblissement de la gauche radicale depuis le début du quinquennat sur le plan électoral, que l'ancien sénateur PS soit prêt à laisser une autre personnalité se saisir de ces thèmes. Du moins, si l'objectif ultime eût été de se créer un espace politique autonome. Les deux hommes, de surcroît, ont en commun le fait d'avoir un ego à forte réputation.
D'autant que cette proximité idéologique n'a rien de nouveau. Déjà en 2013, alors qu'Arnaud Montebourg était membre du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, Jean-Luc Mélenchon louait sa lutte pour empêcher l'absorption de l'entreprise française Dailymotion par l'Américain Yahoo. Quelques années plus tard, alors qu'il se présentait à la primaire à gauche de 2017, Arnaud Montebourg avait tendu la main à son ancien camarade. Ayant perdu ladite primaire face à Benoît Hamon, il n'a pu la mettre en pratique. À charge de revanche?
Source BFM TV
Rappel l'OBS: le modeste bilan de Montebourg mais gros ego
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