Le coronavirus est-il un virus créé par l’homme dans un laboratoire ?
Non,
le virus du SARS-Cov -2, qui est à l’origine de la maladie Covid-19,
n’a pas été créé en laboratoire. On le voit en étudiant le patrimoine
génétique du virus, qui a été séquencé par des équipes chinoises et
ensuite vérifié dans de nombreux autres laboratoires, dont l’Institut
Pasteur, qui a été le premier en Europe à le faire. Que constate-on ? Ce
virus s’inscrit clairement dans l’arbre généalogique des coronavirus.
Il est proche du SARS-Cov-1, avec qui il présente 80% d’homologie. Surtout, on retrouve le même virus chez différents animaux, en particulier le pangolin et la chauve-souris. Et là le pourcentage de similitudes est supérieur à 95 %. Donc en dressant l’arbre généalogique de ce virus, on sait qu’il dérive de virus qui circulent dans la nature.
Mais ne peut-on pas imaginer qu’on ait manipulé un virus trouvé chez un pangolin par exemple pour y inclure des séquences génétiques d’autres virus afin de créer ce nouveau SARS ? Le professeur Montagnier l’affirme et évoque des similitudes avec le VIH.
C’est une « fake news » qui a commencé à circuler en mars. Tout part d’un manuscrit déposé par une équipe indienne sur le site bioRxiv.org. Sur ce site, les scientifiques peuvent partager leurs analyses en cours avec le reste de la communauté, sans attendre la vérification par des experts. Donc cette équipe indienne, qui a travaillé à partir du séquençage chinois, a recherché des similitudes avec tous les autres virus et gènes humains. Et ils ont trouvé de nombreuses homologies avec une liste assez longue de gênes et de virus, dont le VIH, et aussi le parasite du paludisme. Assez vite, il y a eu de nombreux commentaires de scientifiques disant que ces similitudes étaient le fruit du hasard. Imaginez : le virus est composé d’une suite de 30 000 acides nucléiques. Si chaque acide nucléique est comme une lettre ou un signe de ponctuation, ce virus représente un livre de 30 pages. L’analyse indienne consistait à dire que le livre du SARS-Cov-2 contenait le mot « chat » par exemple, tout comme le livre du VIH contient aussi le mot chat. Vous voyez, ce n’est pas très probant, et l’équipe indienne a fini par retirer son manuscrit. Mon opinion personnelle est que ces chercheurs indiens étaient de bonne foi au départ dans leur envie d’analyser le génome du virus, et qu’ils se sont aperçus de leur erreur. Mais le professeur Montagnier a repris cette théorie fantaisiste. Il a toujours aimé explorer des hypothèses hors des sentiers battus. Cela lui a réussi quand il a travaillé sur l’ hypothèse que le Sida était provoqué par un nouveau rétrovirus. Il a pu ainsi avec ses collaborateurs de l’époque isoler le VIH. Cela lui a beaucoup moins réussi pour de nombreuses autres hypothèses, comme celles de la mémoire de l’eau, des ondes interférentes ou de la papaïne pour soigner certaines maladies.
Une autre hypothèse véhiculée notamment par une vidéo qui a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux est que ce virus aurait été inventé par l’institut Pasteur. Qu’en est-il ?
C’est encore l’exemple type d’une « fake news » qui part d’un fait établi : un brevet déposé par l’institut Pasteur en 2003 à propos du premier SARS. L’objectif était de décrire des séquences du SARS pour mettre au point un vaccin. L’Institut Pasteur a bien expliqué l’origine de ce brevet et la personne qui a déposé cette vidéo de nature conspirationniste a depuis reconnu son erreur.
On sait donc que le virus n’a pas été créé en laboratoire. Connaît-on pour autant son origine ?
Les virus passent d’une espèce à une autre. On parle du passage de barrière d’une espèce, animale ou humaine, à une autre. Et quand cela se produit, quand le virus découvre un autre hôte, ou que l’hôte découvre un nouveau virus, il y a un combat qui peut être dangereux pour l’organisme. C’est exactement ce qui s’est passé par exemple pour la grippe aviaire qui provient des oiseaux, ou pour le VIH qui était naturellement présent chez les singes. Quand le virus est passé à l’homme, il est devenu pathogène. Cette histoire de fabrication de virus, on en parle à chaque nouvelle épidémie. Pour le VIH, la rumeur disait qu’il avait été créé en Russie ou par la CIA. On cherche toujours un coupable, une explication à des phénomènes naturels. Mais le fait qu’on retrouve exactement le même virus que le SARS-Cov-2 chez le pangolin ou la chauve-souris est, pour moi, la preuve de son origine naturelle, exactement comme pour le VIH.
Si on est sûr que le virus n’a pas été créé par l’homme, que sait-on de son mode de diffusion ? Aurait-il pu s’échapper du laboratoire P4 de Wuhan, comme viennent de l’évoquer le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, et Donald Trump ?
Les Chinois disent que le virus est apparu à la fin 2019 - cela a probablement commencé dans le dernier semestre 2019 - et qu’il s’est diffusé à partir du marché aux animaux de Wuhan. Je ne vois pas comment ce virus aurait été étudié ou manipulé dans un laboratoire P4 avant qu’on sache qu’il allait se transmettre de l’animal à l’homme. Il existe des milliers de virus présents chez les animaux et les plantes, et on ne peut pas prévoir lequel se faufilera jusqu’à l’homme. C’est la nature qui fait elle-même les expériences.
Les laboratoires de niveau de sécurité 4 sont réservés aux virus les plus dangereux. Ceux pour qui il n’existe aucun traitement ni vaccin, et qui se propagent par aérosols. C’est le cas des fièvres hémorragiques comme Ebola : si un humain est contaminé par le virus Ebola, le risque de mortalité est de 60%. A l’institut Pasteur, nous étudions le virus SARS-Cov-2 dans un laboratoire de niveau 3. Nous portons une blouse, des gants, un masque, des lunettes, et on travaille sous une atmosphère en dépression d’air, si bien que lorsqu’on ouvre les portes, l’air ne s’échappe pas. Mais il n’y a pas besoin d’un niveau de sécurité 4, où les chercheurs sont vêtus comme des cosmonautes, avec une arrivée d’air directement dans la combinaison, parce que dans 95% des infections, le SARS-Cov-2 n’est pas dangereux pour l’homme. Donc j’ai du mal à imaginer qu’avant même que l’on sache que ce virus allait se transmettre à l’homme, et alors qu’il ne présente pas le même niveau de dangerosité qu’Ebola, les Chinois aient étudié ce virus-là en particulier dans un laboratoire de type P4. Il aurait fallu le tester sur des centaines de personnes avant de se rendre compte qu’il était dangereux.
Peut-on exclure, en revanche, qu’il ait pu s’échapper d’un laboratoire de niveau P3 présent à Wuhan ?
Je ne sais pas si les Chinois travaillaient, dans des laboratoires P3, sur les coronavirus issus des pangolins. C’est envisageable. Mais le plus logique, en terme de probabilité mathématique, est qu’il soit passé de l’animal à l’homme dans un marché d’animaux vivants, où il y a des milliers de contacts chaque jour, et qu’ensuite il se soit transmis d’homme à homme. Par comparaison, les interactions sont très réduites en nombre dans un laboratoire, et il n’y a aucune raison de penser, et aucune preuve, que cela se soit passé comme cela.
Il est proche du SARS-Cov-1, avec qui il présente 80% d’homologie. Surtout, on retrouve le même virus chez différents animaux, en particulier le pangolin et la chauve-souris. Et là le pourcentage de similitudes est supérieur à 95 %. Donc en dressant l’arbre généalogique de ce virus, on sait qu’il dérive de virus qui circulent dans la nature.
Mais ne peut-on pas imaginer qu’on ait manipulé un virus trouvé chez un pangolin par exemple pour y inclure des séquences génétiques d’autres virus afin de créer ce nouveau SARS ? Le professeur Montagnier l’affirme et évoque des similitudes avec le VIH.
C’est une « fake news » qui a commencé à circuler en mars. Tout part d’un manuscrit déposé par une équipe indienne sur le site bioRxiv.org. Sur ce site, les scientifiques peuvent partager leurs analyses en cours avec le reste de la communauté, sans attendre la vérification par des experts. Donc cette équipe indienne, qui a travaillé à partir du séquençage chinois, a recherché des similitudes avec tous les autres virus et gènes humains. Et ils ont trouvé de nombreuses homologies avec une liste assez longue de gênes et de virus, dont le VIH, et aussi le parasite du paludisme. Assez vite, il y a eu de nombreux commentaires de scientifiques disant que ces similitudes étaient le fruit du hasard. Imaginez : le virus est composé d’une suite de 30 000 acides nucléiques. Si chaque acide nucléique est comme une lettre ou un signe de ponctuation, ce virus représente un livre de 30 pages. L’analyse indienne consistait à dire que le livre du SARS-Cov-2 contenait le mot « chat » par exemple, tout comme le livre du VIH contient aussi le mot chat. Vous voyez, ce n’est pas très probant, et l’équipe indienne a fini par retirer son manuscrit. Mon opinion personnelle est que ces chercheurs indiens étaient de bonne foi au départ dans leur envie d’analyser le génome du virus, et qu’ils se sont aperçus de leur erreur. Mais le professeur Montagnier a repris cette théorie fantaisiste. Il a toujours aimé explorer des hypothèses hors des sentiers battus. Cela lui a réussi quand il a travaillé sur l’ hypothèse que le Sida était provoqué par un nouveau rétrovirus. Il a pu ainsi avec ses collaborateurs de l’époque isoler le VIH. Cela lui a beaucoup moins réussi pour de nombreuses autres hypothèses, comme celles de la mémoire de l’eau, des ondes interférentes ou de la papaïne pour soigner certaines maladies.
Une autre hypothèse véhiculée notamment par une vidéo qui a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux est que ce virus aurait été inventé par l’institut Pasteur. Qu’en est-il ?
C’est encore l’exemple type d’une « fake news » qui part d’un fait établi : un brevet déposé par l’institut Pasteur en 2003 à propos du premier SARS. L’objectif était de décrire des séquences du SARS pour mettre au point un vaccin. L’Institut Pasteur a bien expliqué l’origine de ce brevet et la personne qui a déposé cette vidéo de nature conspirationniste a depuis reconnu son erreur.
On sait donc que le virus n’a pas été créé en laboratoire. Connaît-on pour autant son origine ?
Les virus passent d’une espèce à une autre. On parle du passage de barrière d’une espèce, animale ou humaine, à une autre. Et quand cela se produit, quand le virus découvre un autre hôte, ou que l’hôte découvre un nouveau virus, il y a un combat qui peut être dangereux pour l’organisme. C’est exactement ce qui s’est passé par exemple pour la grippe aviaire qui provient des oiseaux, ou pour le VIH qui était naturellement présent chez les singes. Quand le virus est passé à l’homme, il est devenu pathogène. Cette histoire de fabrication de virus, on en parle à chaque nouvelle épidémie. Pour le VIH, la rumeur disait qu’il avait été créé en Russie ou par la CIA. On cherche toujours un coupable, une explication à des phénomènes naturels. Mais le fait qu’on retrouve exactement le même virus que le SARS-Cov-2 chez le pangolin ou la chauve-souris est, pour moi, la preuve de son origine naturelle, exactement comme pour le VIH.
Si on est sûr que le virus n’a pas été créé par l’homme, que sait-on de son mode de diffusion ? Aurait-il pu s’échapper du laboratoire P4 de Wuhan, comme viennent de l’évoquer le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, et Donald Trump ?
Les Chinois disent que le virus est apparu à la fin 2019 - cela a probablement commencé dans le dernier semestre 2019 - et qu’il s’est diffusé à partir du marché aux animaux de Wuhan. Je ne vois pas comment ce virus aurait été étudié ou manipulé dans un laboratoire P4 avant qu’on sache qu’il allait se transmettre de l’animal à l’homme. Il existe des milliers de virus présents chez les animaux et les plantes, et on ne peut pas prévoir lequel se faufilera jusqu’à l’homme. C’est la nature qui fait elle-même les expériences.
Les laboratoires de niveau de sécurité 4 sont réservés aux virus les plus dangereux. Ceux pour qui il n’existe aucun traitement ni vaccin, et qui se propagent par aérosols. C’est le cas des fièvres hémorragiques comme Ebola : si un humain est contaminé par le virus Ebola, le risque de mortalité est de 60%. A l’institut Pasteur, nous étudions le virus SARS-Cov-2 dans un laboratoire de niveau 3. Nous portons une blouse, des gants, un masque, des lunettes, et on travaille sous une atmosphère en dépression d’air, si bien que lorsqu’on ouvre les portes, l’air ne s’échappe pas. Mais il n’y a pas besoin d’un niveau de sécurité 4, où les chercheurs sont vêtus comme des cosmonautes, avec une arrivée d’air directement dans la combinaison, parce que dans 95% des infections, le SARS-Cov-2 n’est pas dangereux pour l’homme. Donc j’ai du mal à imaginer qu’avant même que l’on sache que ce virus allait se transmettre à l’homme, et alors qu’il ne présente pas le même niveau de dangerosité qu’Ebola, les Chinois aient étudié ce virus-là en particulier dans un laboratoire de type P4. Il aurait fallu le tester sur des centaines de personnes avant de se rendre compte qu’il était dangereux.
Peut-on exclure, en revanche, qu’il ait pu s’échapper d’un laboratoire de niveau P3 présent à Wuhan ?
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