lesechos.fr Guillaume Maujean
Une
grande banque espagnole est au bord de la faillite ; son sauvetage doit
être organisé en catastrophe. Il y a quelques années encore, cette
perspective aurait provoqué une véritable panique sur les marchés financiers
et replongé la zone euro en pleine crise existentielle. Le crash-test a
eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi ; il n'a donné lieu à aucune
de ces turpitudes.
Banco Popular, la sixième banque d'Espagne, numéro un sur le créneau des
PME, a donc fini par succomber à ses blessures, héritées de la grave
crise immobilière qui a secoué la péninsule ibérique à la fin des années
2000 et mis à terre nombre de ses établissements bancaires. Pour la
première fois, c'est la Banque centrale européenne qui est venue à la
rescousse de Popular, en organisant sa « résolution » dans le jargon
maison. Autrement dit, devant l'aggravation de sa situation financière
et les inquiétudes des déposants, elle a pris les commandes de la banque
pour lui trouver un plan B. Banco Popular a été mis en vente pour 1
euro symbolique. Le géant Santander a été désigné comme repreneur, et
sera chargé de nettoyer les comptes. Tout cela s'est fait sans aucun
à-coup sur les marchés (les cours des banques européennes ont même monté
mercredi), sans aucune polémique en Espagne ou ailleurs. Madrid a salué
le bien-fondé de l'opération.
Deux
leçons peuvent être tirées de ce sauvetage express et inédit. Un, le
système bancaire européen n'est pas au bout de ses peines. Il a certes
été largement assaini, les capitaux propres
ont été beaucoup renforcés. Mais il reste quelques établissements
malades de leurs créances douteuses, à la merci de nouvelles
déconvenues. L'Espagne vient sans doute de régler l'un de ses derniers
dossiers épineux, l'Italie est loin d'être sortie d'affaire
et l'Allemagne devra sans doute s'y atteler un jour.
Deux,
l'Union bancaire qui avait été mise en place pour faire face à ce genre
de situation et éviter des effets de contagion en chaîne prouve son
utilité et son efficacité. Les actionnaires de Popular vont payer la
note, certains créanciers obligataires aussi. Il savaient les risques
qu'ils prenaient. Les déposants, eux, sont protégés,
et les contribuables espagnols n'auront pas à mettre la main à la poche.
Le dispositif fonctionne, et c'est une excellente nouvelle. Cela
démonte au passage les arguments du Front national qui, pendant la
campagne, accusait l'Union bancaire de tous les maux... notamment de
spolier les épargnants. Il y aura sans doute d'autres crash-tests
bancaires à l'avenir. Mais voilà au moins un domaine où l'Europe a
réalisé des avancées concrètes. Un domaine qui montre qu'elle est
capable de circonscrire les incendies financiers sans souffler sur les
braises politiques.
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