6/2/25

Après les inondations catastrophiques en Allemagne en 2024, voici la grande séchesse en 2025

Il existe un vieux dicton allemand : « Un mois de mai frais et humide remplit les granges et les tonneaux du fermier. » Mais cette année, aucune pluie n’est en vue. Il fait beaucoup trop sec. Il a moins plu entre le début février et la mi-avril 2025 qu’à n’importe quelle autre période au cours des cent dernières années. En mars, les précipitations ont été inférieures de près de 70 % à la normale, et le nombre d’heures d’ensoleillement était comparable à celui de l’été.

Le risque d’incendie de forêt ne cesse d’augmenter. Des feux ont déjà été signalés cette année en Thuringe et en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Le niveau du Rhin, la voie navigable intérieure la plus importante d’Europe, était si bas que les cargos ne pouvaient transporter que 25 % de leur charge habituelle. Les coûts de transport ont considérablement augmenté, et les experts avertissent que les prix à la consommation vont s’en ressentir. L’Association allemande des villes et communes, qui représente des milliers de collectivités locales, a appelé la population à économiser l’eau potable.

Des sols exceptionnellement secs

La situation est la plus critique dans le nord et le nord-est du pays, ainsi que dans certaines parties de la Bavière. Ces régions apparaissent sous forme de taches rouge foncé sur le moniteur de sécheresse du Centre Helmholtz pour la recherche environnementale (UFZ).

Ces taches signalent une sécheresse qui s’enfonce profondément dans le sol, mais ce sont les 25 centimètres de couche arable qui sont particulièrement touchés. « La couche supérieure du sol est particulièrement importante pour le secteur agricole, notamment pour les céréales et les graminées, qui ont des racines très superficielles », explique le professeur Dietrich Borchardt de l’UFZ. Le Service météorologique allemand ainsi que l’Agence fédérale de l’environnement confirment qu’en raison du réchauffement climatique, ce phénomène est appelé à se répéter de plus en plus souvent.

Alerte orange pour les nappes phréatiques

Les experts tirent la sonnette d’alarme. Lorsque le sol est sec, il repousse l’eau – tout comme l’eau ruisselle sur une plante en pot complètement desséchée. Cela signifie que même lorsqu’il pleut, l’eau a du mal à pénétrer dans le sol. Et si la pluie est abondante, le problème s’aggrave. « Les fortes pluies ne contribuent quasiment pas à la recharge des nappes phréatiques », explique Borchardt. « En période de sécheresse, la pluie tombe sur un sol imperméable ; comme il est desséché, l’eau ruisselle en surface vers les ruisseaux et rivières. »

La sécheresse des derniers mois a été particulièrement néfaste pour les nappes phréatiques. Celles-ci se rechargent principalement entre novembre et mars, période durant laquelle les plantes ne poussent pas encore et n’absorbent donc que peu d’eau. « Les niveaux des nappes sont particulièrement bas sur 80 % des sites de mesure en Saxe », déclare Borchardt. « C’est une alerte orange. »

Selon l’UFZ, une seule journée de pluie fine et continue suffirait à humidifier à nouveau les sols en surface, au moins temporairement. Mais il faudrait plusieurs semaines de pluie ininterrompue pour que l’eau s’infiltre jusqu’aux nappes. Et Borchardt prévient : « S’il ne pleut qu’en été, à peine une goutte atteindra la nappe phréatique. »

Les plantes en stress hydrique

La nature a maintenant un besoin urgent de pluie. « C’est le moment où les plantes veulent germer et fleurir, et bien sûr, elles ont besoin d’eau pour cela », explique Verena Graichen de l’organisation écologiste BUND (Les Amis de la Terre Allemagne). Si elles n’en reçoivent pas, elles subissent un stress hydrique précoce, comme on l’observe déjà chez les arbres à racines peu profondes comme les bouleaux.

Selon Graichen, cela rend les plantes plus vulnérables aux ravageurs et aux tempêtes, ce qui crée un cercle vicieux : « Lorsque les forêts ou les zones humides sont affaiblies par la sécheresse, elles ne peuvent plus absorber autant de dioxyde de carbone, ce qui aggrave encore le changement climatique. »

Si la pluie ne tombe pas bientôt, l’agriculture en souffrira particulièrement. « Ce qui mettrait vraiment les cultures en danger, ce serait une sécheresse au début de l’été, lorsque les fruits commencent à se former », prévient Meike Mieke, de l’association des agriculteurs du Land de Brandebourg. « Ce serait catastrophique pour les exploitants agricoles. Pour l’instant, nous espérons simplement que tout ira bien. » Mais les prévisions du Service météorologique allemand ne sont pas encourageantes : l’humidité du sol devrait continuer à diminuer.

Le stress hydrique et la consommation d’eau

En Allemagne, la consommation d’eau est officiellement mesurée : lorsque plus de 20 % de l’eau qui se renouvelle naturellement chaque année est utilisée, on parle de stress hydrique. De ce point de vue, les statistiques sont rassurantes : depuis plusieurs décennies, la consommation d’eau ne cesse de baisser. En 2022, un peu moins de 10 % de la ressource a été utilisée.

Le problème des niveaux d’eau trop bas

Les chiffres montrent que le secteur de l’énergie est le plus gros consommateur d’eau. En 2022, 6,6 milliards de litres d’eau fluviale ont été prélevés pour refroidir les centrales thermiques, selon l’Office fédéral de la statistique. Toutefois, cette eau est en grande partie restituée aux cours d’eau sans modification. Les niveaux d’eau trop bas posent néanmoins problème aux centrales électriques, explique Borchardt. La production d’électricité a dû être réduite pendant la sécheresse extrême de l’été 2018.

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Source Deutsche Welle

Voir aussi ma conférence du 2 juin 2025 sur le changement climatique

et sa version PDF

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