Pourquoi sommes nous condamnés à la croissance économique?

Il n'y a pas de consensus absolu sur le fait que nous soyons "condamnés" à la croissance économique, mais plusieurs facteurs puissants rendent difficile de s'en écarter dans le système économique mondial actuel : 

 1. Le fonctionnement du système capitaliste : Recherche du profit : Le capitalisme est intimement lié à la recherche du profit et à l'accumulation de capital. Pour les entreprises, la croissance (augmentation des ventes, des parts de marché, des profits) est souvent perçue comme nécessaire à leur survie et à leur succès. Les actionnaires attendent un retour sur investissement, ce qui incite à la croissance. Concurrence : Les entreprises opèrent dans un environnement concurrentiel. Pour ne pas être laissées pour compte, elles doivent innover, se développer et conquérir de nouveaux marchés, ce qui alimente la croissance. Système financier : Le système financier est largement basé sur l'idée d'une croissance future. Les prêts, les investissements et les valorisations d'actifs sont souvent anticipés sur la base d'une expansion économique continue. Un arrêt de la croissance pourrait déstabiliser ce système. 

2. Les besoins sociaux et politiques : Création d'emplois : La croissance économique est souvent considérée comme essentielle pour créer de nouveaux emplois et réduire le chômage. En période de faible ou de non-croissance, la création d'emplois devient plus difficile. Augmentation du niveau de vie : Historiquement, la croissance économique a été associée à une niveau de vie, permettant aux populations d'avoir accès à plus de biens et de services. Les attentes sociales sont souvent ancrées dans cette idée de progrès matériel continu. Réduction de la pauvreté : La croissance économique est un levier important pour sortir les populations de la pauvreté, en augmentant les revenus et en offrant de meilleures opportunités. Financement des services publics : La croissance économique génère des recettes fiscales plus importantes pour l'État, ce qui facilite le financement des services publics (éducation, santé, infrastructures, etc.). En période de stagnation, il devient plus difficile de maintenir ou d'améliorer ces services. Stabilité politique : Une économie en croissance est souvent perçue comme un facteur de stabilité sociale et politique. Le manque de croissance peut entraîner des tensions sociales et des mécontentements. Dette publique : Pour les pays fortement endettés, la croissance économique est souvent vue comme le principal moyen de réduire le ratio dette/PIB, car elle augmente le dénominateur.

 3. L'inertie des systèmes et des mentalités : Habitudes de consommation : Nos sociétés sont largement basées sur une culture de consommation. Changer radicalement ces habitudes est un défi majeur. Modèles économiques dominants : Les modèles économiques enseignés et utilisés par les institutions sont généralement axés sur la croissance. Remettre en question ce paradigme exige un changement profond de pensée. Vision du progrès : La croissance économique est souvent implicitement associée à l'idée de progrès et de développement. Se défaire de cette association est complexe. Cependant, il est crucial de noter que cette "condamnation" à la croissance est de plus en plus remise en question pour plusieurs raisons : 

•  Limites écologiques : La croissance économique illimitée dans un monde aux ressources finies et face aux défis du changement climatique est de plus en plus perçue comme non soutenable à long terme. Les conséquences environnementales de la croissance (épuisement des ressources, pollution, perte de biodiversité) sont de plus en plus visibles et préoccupantes. Bien-être au-delà du PIB : Des voix s'élèvent pour souligner que la croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) ne mesure pas adéquatement le bien-être réel des populations, qui dépend aussi de facteurs sociaux, environnementaux et de santé. 
• Alternatives : Des concepts comme la "décroissance", l'"économie stationnaire", l'"économie du beignet" ou la "prospérité sans croissance" explorent des modèles économiques alternatifs qui ne sont pas fondés sur une croissance perpétuelle et qui mettent l'accent sur la durabilité, le bien-être et la justice sociale. En conclusion, bien que de puissantes forces économiques, sociales et politiques nous poussent vers la croissance économique, cette trajectoire est de plus en plus contestée face aux impératifs écologiques et à la recherche d'un bien-être plus holistique. La question de savoir si nous sommes véritablement « condamnés » reste ouverte et fait l'objet d'un débat intense. Plus sur le sujet..