Salon de l’agriculture : la tension monte, l’impasse demeure
Les tracteurs sont de sortie et la crise agricole est loin d’être réglée. A l’appel de la FNSEA et de la Coordination rurale (CR), deux cortèges ont manifesté à Paris vendredi 23 février, à la veille de l’ouverture d’un Salon de l’agriculture qui s’annonce tendu. Blocages routiers et actions ciblant la grande distribution ou l’industrie agroalimentaire se sont à nouveau multipliés en France durant la semaine.
La FNSEA a annoncé ce vendredi son refus de participer à un débat avec Emmanuel Macron. L’Elysée avait convié le mouvement écologiste Les Soulèvements de la Terre, avant de rétropédaler devant la protestation du syndicat agricole.
Mercredi 21 février, le gouvernement avait pourtant dévoilé et précisé plusieurs mesures en vue d’éviter les blocages. Il a notamment confirmé l’abandon du NODU, l’indicateur phare du plan Ecophyto censé réduire l’utilisation de pesticides, remplacé par l’indicateur européen HRI-1, plus apprécié par les syndicats agricoles opposés aux normes écologiques. Ses biais et les faiblesses sont pourtant dénoncés par de nombreux scientifiques et associations environnementales, qui reprochent au HRI-1 son système de classement des pesticides en fonction de leur dangerosité, dénué de fondement scientifique et qui amoindrit artificiellement l’impact de produits dangereux.
Ce recul écologique s’accompagne d’autres annonces. Le projet de loi d’orientation agricole, maintes fois reporté, a été transformé en « projet de loi pour une agriculture souveraine » et doit être présenté d’ici fin février. Il est doté de nouveaux volets : « souveraineté alimentaire » (visant à placer cette notion « parmi les intérêts fondamentaux de notre nation ») et « simplification » (sur le stockage de l’eau, la gestion des haies ou les installations classées) laissant craindre d’autres renoncements sur le plan environnemental.
Une quatrième loi Egalim devrait par ailleurs voir le jour, les précédentes ayant échoué à protéger certains agriculteurs dans leurs négociations commerciales. Alors que la question du revenu agricole est centrale, Gabriel Attal a ouvert la voie à plusieurs exonérations : sur les cotisations patronales des saisonniers agricoles ou sur les taxes de transmission des exploitations.
Sur le plan financier, le gouvernement avait, dès fin-janvier, annulé la suppression de l’avantage fiscal des agriculteurs sur le gazole non-routier (GNR), qui avait mis le feu au mouvement, et annoncé 400 millions d’euros d’aides d’urgence pour plusieurs filières en difficulté.
Réclamés par une partie du syndicalisme agricole, ces renoncements écologiques, accompagnés de chèques et de simplifications, ne règlent pourtant en rien les causes structurelles de la crise. Alternatives Economiques vous propose ci-dessous une sélection d’articles qui analysent les ressorts de celle-ci et décryptent les réponses du gouvernement.
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