L'une et l'autre sont contre la guerre. On est bien d'accord. Elles sont pour la paix, en appellent à la paix. On est bien d'accord. Qui ne déteste pas la guerre, ses malheurs et ses ravages ? Leur statut de femmes n'est pas étranger à leurs suppliques. Marine Le Pen dit combien la perspective d'une guerre mondiale lui fait « extrêmement peur », d'abord en tant que mère de famille. Ségolène Royal détecte dans la continuation de la guerre en Ukraine la manifestation d'un « virilisme ambiant » (on dirait du Sandrine Rousseau) qui expliquerait bien des choses. Au pouvoir, en tout cas, ce n'est pas elles qui se laisseraient entraîner dans de funestes engrenages dont n'émanent que ruines et cadavres.
Que Joe Biden, Emmanuel Macron et quelques autres en prennent de la graine. Marine Le Pen a sa petite idée pour en finir. Et Ségolène Royal n'est pas en reste, c'eût été décevant de sa part.
Place aux pasionarias
L'idée de la première, c'est que la France organise une grande conférence de la paix. Il serait dans le rôle historique de la France d'être à l'origine d'une telle initiative, insiste-t-elle, très présidentiable. C'est en effet une magnifique idée, on s'étonne qu'Emmanuel Macron, décidément timoré, ne l'ait pas eue. Émettons juste l'hypothèse qu'il n'est pas simple d'organiser une grande conférence de la paix quand ni l'agresseur russe ni l'agressé ukrainien ne veulent pour l'instant en entendre parler. Pour négocier, il faut être deux, une règle dont s'affranchit allégrement Marine Le Pen.
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Ségolène Royal, elle, réclame au plus vite « une mission de médiation ». On reconnaît là la patte de l'ancienne ambassadrice des Pôles et on se demande même si, en manque d'activité, elle ne postulerait pas volontiers pour le poste. Il s'agirait d'abord d'y voir clair dans les faits de guerre sans que la propagande des parties en présence les déforme. Ensuite, Ségolène Royal recommande de suivre le conseil de Nelson Mandela : « La meilleure arme, c'est de s'asseoir et de parler. » Objectif hautement souhaitable qui se heurte encore à la mauvaise volonté d'ennemis qui restent sourds tant aux appels de Ségolène Royal qu'à ceux de Marine Le Pen. C'est dire s'ils sont butés.
Pas sûr, en outre, que les deux femmes soient les mieux placées pour préconiser quelque forme de médiation ou de négociation. Marine Le Pen et son parti ont, de longue date, des penchants prorusses qui ne doivent pas être du goût de Volodymyr Zelensky. Il est possible qu'il s'en souvienne.
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Quant à Ségolène Royal, c'est presque pire, qui a soupçonné Zelensky d'utiliser une « propagande de la peur » pour entraver les processus de paix. Zelensky, ce gêneur… Non pas, s'est-elle reprise, qu'elle ait nié les crimes de guerre, mais enfin… à se demander si la maternité bombardée ou le massacre de Boutcha n'ont pas été montés en épingle. Ajoutons qu'interrogée sur le fait de savoir si l'on doit fournir des armes à l'Ukraine, notre experte en gestion des crises, a bafouillé, évacué la question, préférant regretter que tant de milliards dépensés en armement n'aillent pas plutôt servir la cause climatique ou la lutte contre la misère. L'Ukraine appréciera. Comme médiatrice, on pourra trouver mieux, semble-t-il.
Arrêtons de jouer. Nos deux piteuses ambassadrices de paix feraient mieux de faire profil bas. Qu'elles espèrent le retour de la paix et qu'elles en restent là, s'abstenant de faire les malignes. Elles ne parviendront pas à faire oublier leurs coupables partis pris.
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