Gilles Rotillon, Université Paris Nanterre - Lutte contre le dérèglement climatique : la stratégie est-elle la bonne ? - Libre propos
Le réchauffement climatique est aujourd’hui un constat largement partagé.Les entreprises, les ménages, les gouvernements, tous assurent de leur engagement sans faiblesse dans la lutte pour le réduire et en atténuer les conséquences néfastes dont le dernier été nous a donné un aperçu. Pourtant, les émissions globales de gaz à effet de serre continuent à croître.
Pire, alors que nous ne devrions pas émettre plus de 800 Gigatonnes supplémentaires pour espérer atteindre la cible des 1,5° C, le niveau actuel des émissions est autour de 40 Gigatonnes par an.
Il n’est pas nécessaire d’être très fort en mathématiques pour se rendre compte qu’à ce rythme, la limite sera atteinte en 2040 Pourtant, c’est 2050 qui est la date qu’avancent les Etats pour atteindre les « zéro émissions nettes ». La conclusion s’impose : Même en supposant que toutes les actions entreprises soient nécessaires, elles ne sont clairement pas suffisantes et il nous faut changer de trajectoire plus rapidement que nous ne le faisons aujourd’hui.
Actuellement, on peut classer les stratégies de lutte contre le changement climatique dans trois catégories :
- Les solutions anthropologiques qui consistent à chercher à modifier les comportements des acteurs
- Les solutions technologiques
- Les solutions institutionnelles
Parmi
les premières il y a la taxe carbone qui rend plus chers les produits
carbonés et incite les acheteurs à se tourner vers des produits qui ne
le sont pas, quand ils existent.
Il y a aussi l’appel à la
raison, qui s’appuie sur les évidences scientifiques de la réalité du
réchauffement et de ses conséquences, pour inciter les agents à réduire
leur empreinte carbone. La collapsologie est représentative de cette
approche.
L’autre possibilité c’est non plus la raison, mais la morale comme l’a fait le pape avec l’encyclique Laudato si Enfin, on peut citer les mille petits gestes individuels sur le modèle des petits ruisseaux qui font les grandes rivières qui reposent sur la prise de conscience du consommateur.
Pour l’instant, on est obligé de constater qu’aucune de ces approches n’a permis d’obtenir une baisse des émissions globales.
Les
solutions technologiques supposent l’existence de nouveaux processus de
production fournissant une énergie verte, une alimentation saine, des
transports non polluants, des logements avec moins de béton (qui
représente entre 15 et 25% des émissions de CO2 sur leur cycle de vie).
Pour l’instant ces processus nouveaux restent largement à inventer.
L’autre direction c’est la géo-ingéniérie dont toutes les conséquences
n’ont pas été étudiées. Ce serait un saut dans l’inconnu. Un pari risqué
qui oublie que la technologie a toujours deux faces. L’une règle des
problèmes et l’autre en créé des nouveaux. Il ne faut pas oublier que ce
sont les technologies liées aux fossiles qui ont conduit au
réchauffement actuel.
Quant aux solutions institutionnelles, la seule qui soit pratiquée aujourd’hui, ce sont les COP dont la 26ème vient de démarrer à Glasgow. L’obstacle principal auquel elles se heurtent est celui de l’abandon de souveraineté qu’impliquerait une institution internationale ayant un pouvoir contraignant. Pour l’instant les Etats ne le souhaitent pas, bien au contraire, ce qui explique qu’à la 26éme COP, les émissions globales continuent à croître.
Là aussi la conclusion s’impose : Il devient de plus en plus difficile d’appeler « solutions » des orientations qui donnent d’aussi médiocres résultats.
Et si ces « solutions » n’en sont pas, peut-être est-ce le diagnostic qui doit être revu.
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