Les dirigeants du régime de retraite complémentaire des cadres et des salariés du privé Agirc-Arrco ont dénoncé jeudi un risque de «captation» de leurs recettes par la Sécu à partir du 1er janvier et réclamé «a minima le report» de ce projet. La grande caisse craint un grand «détournement». Le président de l'Agirc-Arrco, Didier Weckner, a employé le mot à plusieurs reprises lors d'une conférence de presse, pour dire tout le bien qu'il pense du transfert du recouvrement de ses quelque 87 milliards d'euros de cotisations à l'Urssaf - qui assure la trésorerie de la Sécu.
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Une réforme votée fin 2019, en plein débat sur le «système universel» de retraites mis au rebut depuis le Covid. La mesure a néanmoins été maintenue, même si son entrée en vigueur a été repoussée d'un an. Mais «à trois mois du démarrage, personne n'est prêt», a affirmé le directeur du régime complémentaire, François-Xavier Selleret, alertant sur un «risque majeur» pour le calcul des droits des futurs retraités du privé.
«Les risques sont trop élevés pour faire ça à l'arrache», a insisté la vice-présidente, Brigitte Pisa, dénonçant «un dialogue de sourds» avec Bercy. «On est à un point de rupture», a-t-elle ajouté, expliquant que «la captation de nos ressources, ça n'est pas entendable». Raison pour laquelle «l'ensemble des partenaires sociaux» ont écrit au ministre des Comptes publics, Gabriel Attal pour lui demander «a minima de reporter» ce transfert à l'Urssaf, a indiqué M. Weckner, précisant qu'une demi-douzaine d'amendements au budget de la Sécu avaient déjà été déposés en vue de son «abrogation» pure et simple.
L'opération a selon lui d'autant moins de sens que l'Agirc-Arrco a «une situation saine», sans dette et avec un excédent attendu de 3,5 à 4 milliards d'euros cette année, ce qui a permis à son conseil d'administration de voter une hausse de 5,12% des pensions pour ses 13 millions de retraités, à compter du 1er novembre. Cette revalorisation, qui coûtera 4,5 milliards en année pleine, ne remet pas en cause la «règle d'or» du régime, dont les réserves (évalués à 62 milliards fin septembre) restent supérieures à 6 mois de versements sur un horizon de 15 ans. Sans même avoir besoin de toucher à l'âge légal de départ.
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