CHRONIQUE. La COP26 est présentée comme celle de la dernière chance. Raison de plus pour remplacer le pessimisme défaitiste par l’optimisme exigeant.
Est-ce que les objectifs fixés par la COP21, qui s’est réunie à Paris en 2015, ont été tenus quant aux émissions de dioxyde de carbone ? Non. Est-ce que l’origine anthropique du réchauffement climatique fait aujourd’hui l’objet du moindre doute scientifique ? Non. Est-ce que l’objectif de neutralité carbone pour 2050 pourra être tenu grâce à la seule poursuite des tendances actuelles ? Sûrement pas.
Face à ce constat, deux attitudes : le pessimisme défaitiste ou l’optimisme exigeant. Le pessimisme défaitiste consiste à mettre dans le même sac tous les pays, à dénoncer par avance toutes les stratégies politiques, pour peu qu’elles ne correspondent pas aux standards de la décroissance ou de la doxa écologiste de la plus stricte obédience. À s’indigner que les dirigeants du G20 aient jeté une pièce dans la fontaine de Trevi, à Rome, lors de la photo collective, en feignant de croire qu’ils s’en remettaient à la chance pour lutter contre le réchauffement, alors qu’il s’agit d’un geste pratiqué par des millions de touristes qui l’accompagnent d’un vœu, traditionnellement celui d’un prochain retour dans la capitale italienne. Cela permet d’obtenir quelques secondes de célébrité sur les réseaux sociaux, mais rien d’autre.
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Depuis l’ouverture de la COP26, l’optimisme exigeant est incarné, entre autres, par Jean-Louis Étienne. Dans une interview à France Info, hier lundi 1er novembre, le médecin et explorateur disait tout à la fois son inquiétude et son enthousiasme face à cet immense défi. Le succès de la COP26, « on est obligés d’y croire », selon lui, qui considère que « la solution est comportementale – car nous sommes tous acteurs du réchauffement climatique et technologique – parce qu’il faut limiter la combustion ». Il déplorait que les écologistes, trop souvent, « se neutralisent par la plainte ». Et observait qu’ils « ne sont pas assez réalistes, comme peuvent l’être les Verts allemands ».
La France, moins « mauvaise élève »
Comme le soulignait récemment dans Le Point le spécialiste de l’économie du climat et professeur au Collège de France Christian Gollier, l’Europe est le bon élève de la planète, la seule région du monde qui a réduit ses émissions de carbone de plus de 20 % en moins de trente ans. On pourrait ajouter que la France est la bonne élève de l’Europe, puisque sa pollution en CO2 par habitant est trois fois moins importante que l’Australie, le Canada ou les États-Unis, et inférieure de 40 % à celle de l’Allemagne.
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Il n’est évidemment pas question de se contenter de ces premiers pas. Il est même nécessaire de demander des comptes à ceux qui nous gouvernent, pour s’assurer que leur politique combine de manière aussi optimale que possible économies d’énergie et innovation technologique. Aujourd’hui, l’isolation des bâtiments et le développement de la voiture électrique, par exemple, demain d’autres combinaisons que l’on espère plus disruptives. Mais l’autoflagellation, illustrée par la plainte déposée par le collectif L’Affaire du siècle pour non-respect des engagements sur la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre et la condamnation de l’État français à « réparer le préjudice écologique » d’ici à la fin 2022, n’apporte aucune solution concrète. D’autant qu’elle est pratiquée par des militants farouchement hostiles au nucléaire. C’est-à-dire ce qui permet à la France d’être, non pas bonne élève, mais significativement moins mauvaise que les autres.
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