À l’échelle européenne, la France pèse 18% des dépenses sociales
Disons-le
d’emblée, le chiffre incontestable, construit sur des données
exhaustives et homogènes n’existe pas au plan mondial. Mais ce que l’on
peut dire avec certitude, c’est que la bonne approximation est proche de
5%. Ce chiffre a toujours été faux, en 2011 comme en 2021.
Il
part d’un numérateur exact. En 2011, la France consacrait 680 Md€ à sa
protection sociale et 816 Md€ en 2019. Une acception large qui recouvre
les régimes publics, mais aussi privés dès lors qu’ils sont
obligatoires. Et qui intègre également les coûts de fonctionnement de
ces systèmes. Soit 33% du PIB hexagonal, ce qui place la France en prou
des pays développés, avec les économies du Nord. Une part qui a plafonné
à haut niveau au cours de la décennie.
Partons
déjà des périmètres géographiques sur lesquels nous possédons les
données les plus fiables et homogènes. Pour commencer l’UE, en y
intégrant le Royaume-Uni, sur la même définition des dépenses sociales
que celles mobilisées pour la France. Sur ce périmètre, il n’y a qu’une
simple règle de trois à opérer. Les dépenses de l’UE à 28
s’établissaient à 4 570 Md€ en 2019. Et la part des dépenses sociales
française représentait dès lors de l’ordre de 18% des dépenses totales
européennes. Comme en 2011 d’ailleurs. On comprend d’emblée que le
chiffre avancé en 2011 est délirant… Sauf à supposer que l’UE concentre à
elle seule 80 à 90% des dépenses sociales du monde… Et que ni les
États-Unis, ni le Canada, ni le Japon ou la Corée ne disposent d’un
embryon de protection sociale. Ce qui est totalement faux bien sûr.
À l’échelle de l’OCDE, la France pèse 7 ou 8% des dépenses sociales
Pour
s’en convaincre, le même calcul peut être opéré à l’échelle de l’OCDE,
sur le même contour de la protection sociale que précédemment. Les
résultats achèvent de disqualifier la fameuse fourchette 10-15. La
France représentait de l’ordre de 7% des dépenses sociales des pays
développés en 2017, dernière année connue complètement, et cette part
voisinait 8,4% en 2010. Ce chiffre peut être affiné pour éliminer les
effets de change et tenir compte du fait que le pouvoir d’achat des
prestations est inégal d’un pays à l’autre. Mais ce perfectionnement ne
fait que conforter le résultat. Le chiffre monde est donc nécessairement
inférieur à 7 ou 8%.
On
rentre alors dans la zone inconnue et mal renseignée et sous-développée
de la protection sociale. Les estimations du BIT montrent que seulement
29% de la population mondiale est couverte par des systèmes complets de
sécurité sociale, allant des allocations familiales aux pensions de
vieillesse, tandis qu’une grande majorité — 71%, soit 5,2 milliards de
personnes — n’est que partiellement voire pas du tout protégée.
Prenons
néanmoins le cas de la Chine. Le pays s’est doté en 2011 d’un système
complet qui repose sur 5 piliers obligatoires, de la santé, à la
vieillesse, en passant par le chômage. Et 10 à 12 % du PIB serait alloué
à son financement. Partons de cette approximation et n’ajoutons que les
dépenses chinoises à l’assiette OCDE, et la part française tombe à
6,3%. En 2017, le degré d’incertitude est fort pour d’autres grandes
économies. Mais le BIT situe dans une fourchette de 10-15% les dépenses
sociales du Brésil, de la Russie notamment…
La part des dépenses sociales françaises se situe donc très vraisemblablement aux alentours de 5%.
Cela ne retire pas à la France son titre de champion du monde de la
dépense sociale, mais a au moins le mérite de dépolluer le débat, d’un
chiffre qui n’a pour but que de manipuler les esprits et de nous
détourner des vraies urgences.
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