LE FIGARO.- On vous a peu entendu ces dernières semaines. Pourquoi ce silence?
Christian JACOB.- Mon objectif, depuis le départ, a toujours été de construire le rassemblement. Ce ne sont pas les grandes déclarations, les interviews qui permettent d’y arriver. L’important était de rencontrer les candidats, de pouvoir discuter avec eux en confiance. Les décisions ont ensuite été prises en bureau politique. C’est là que ça se décide, collectivement.
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Il n’était pas évident que Xavier Bertrand participe au congrès. N’avez-vous pas craint que le rassemblement soit impossible?
Bien sûr, tant que ce n’est pas fait on peut avoir des craintes. Mais je me félicite que Xavier Bertrand participe au congrès. Il l’a fait avec le sens des responsabilités. C’est la démonstration que la famille est rassemblée. La droite ne peut gagner que si elle est unie et capable de s’adresser à tous les Français. On ne peut gagner la présidentielle qu’ensemble.
Comment se passera ce congrès?
D’ici au 4 décembre, il y aura un conseil national, le 20 novembre, où chacun des candidats sera auditionné avec une prise de parole pour chacun et des questions-réponses avec la salle. Je suis aussi favorable à des débats si chacun des candidats donne son accord. Après, je souhaite qu’on fasse la démonstration de ce qui nous rassemble plutôt que du spectacle en s’inventant des divisions. Surtout que nous avons fait un gros travail de fond avec notre projet pour la France, qui sera adressé aux militants dès la semaine prochaine. Le cadre idéologique est tracé. On voit bien que tous les candidats s’y retrouvent.
Vous n’avez jamais douté que le calendrier fixé soit le bon? Il a été parfois critiqué.
Je suis convaincu que si nous avons remporté les élections départementales et régionales, c’est bien parce que nous n’avons pas tout mélangé et que nous les avons dissociées du choix de notre candidat à la présidentielle. Ensuite, ce calendrier n’est pas le fait du prince. C’est une décision mûrement et collectivement réfléchi. Elle a été soumise au vote et unanimement adoptée par le bureau politique en décembre puis en juin. On est sur un calendrier conforme à ce qui s’est toujours fait à droite pour la désignation de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Fillon. Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Il ne faut pas non plus tomber dans la surréaction médiatique. Aujourd’hui, les Français ne sont pas dans la présidentielle. On va entrer dans la campagne avec la désignation du candidat. Il faut de la sérénité et de la solidité dans ces moments-là.
Les critiques étaient-elles malhonnêtes, selon vous?
Je suis très gêné pour répondre à votre question. Moi, je ne les ai pas entendues. Quand je fais un bureau politique et que je soumets au vote le calendrier, les élus le votent à l’unanimité. À deux reprises. Toutes les fédérations départementales me remercient du travail de fond accompli ces derniers mois, des victoires aux élections, de la relance du mouvement jeune.
Les électeurs de droite sont très sollicités entre Édouard Philippe et Éric Zemmour. Qu’est-ce qui les pousseraient à voter LR?
Les Républicains ont fait la démonstration de leur capacité à gérer les collectivités. Après une série de défaites électorales, on s’est remis en cause complètement. Je pense que les Français y sont sensibles. On a fait preuve d’humilité et de modestie en retournant sur le terrain, en bâtissant un projet de fond, sérieux, crédible. Quand on entend les propos d’Édouard Philippe aujourd’hui, on a envie de se pincer! Quand on l’entend vouloir remettre de l’ordre dans les comptes publics, il y a de quoi tomber de sa chaise. Son bilan est catastrophique. Jamais les dépenses publiques n’ont été aussi peu contrôlées, et ce avant la crise du Covid. Pareil sur l’autorité que réclament les Français. Édouard Philippe, c’est celui qui cède tout aux voyous et aux casseurs à Notre-Dame-des-Landes. C’est lui qui met le feu partout avec les «gilets jaunes»: il refusait d’entendre les messages que nous lui adressions à l’Assemblée sur l’augmentation du gasoil. Il s’est entêté sur les 80 km/h sans vouloir bouger. Par son mépris et son ignorance du terrain, il a mis le feu à la France entière.
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L’union de la droite a-t-elle été favorisée par la poussée d’Éric Zemmour dans les sondages?
Je pense que nos candidats ont entendu sur le terrain le message du peuple de droite, qui a envie de rassemblement, d’unité et d’ordre. On est solides sur nos convictions. Nous n’avons pas besoin des autres candidats pour le savoir.
L’UDI fera son choix pour la présidentielle le 27 novembre. Souhaitez-vous qu’ils soutiennent un des candidats de la droite?
Ils feront leur choix. Comme nous, ils sont opposés au président sortant. Nous travaillons ensemble et nous avons commencé sur la préparation des élections législatives.
Emmanuel Macron a annoncé un plan France 2030. Quand il fait le choix du nucléaire, souligne l’importance de la souveraineté et la nécessité de réformes, est-ce un message qui vous parle?
Mais quel aveu d’échec d’Emmanuel Macron! Son constat, c’est qu’il n’a pas été capable de porter une réforme de structure en quatre ans. Il fait campagne avec le chéquier des Français. Sur le nucléaire, il nous dit tout et n’importe quoi. En 2018, il nous annonçait la fermeture de quatorze réacteurs. Trois ans plus tard, il mise tout sur le nucléaire. Ce sont des politiques où il faut s’inscrire dans la durée et ne pas avoir un discours opportuniste en fonction du moment. Là, c’est la gestion par la panique face à la remontée des prix de l’énergie. Il n’y a pas de cap, pas d’anticipation. C’est la politique de la girouette et la gestion à la petite semaine. Franchement, ce n’est pas sérieux. Dans six mois, que nous dira-t-il?
La souveraineté s’installe au cœur de la campagne. L’exécutif la défend aussi. Vous dites banco?
La première des souverainetés est financière. Comment peut-on être souverain vu la gestion catastrophique de nos finances publiques? Emmanuel Macron fait le choix de l’endettement, avec 100 milliards de dettes supplémentaires ces trois dernières années, hors Covid, quand tous nos voisins préfèrent remettre de l’ordre dans leurs comptes publics. C’est aussi la première fois sous Emmanuel Macron que la France perd sa souveraineté alimentaire. Si on retire les vins et spiritueux, on a perdu notre autosuffisance alimentaire à force d’avoir lâché l’agriculture dans les négociations européennes et pas défendu le budget de la PAC. Enfin, l’abandon du nucléaire, la fermeture de Fessenheim nous conduisent à un gros risque de dépendance sur l’énergie. Comment peut-il revendiquer aujourd’hui la défense de la souveraineté?
Que dites-vous aux militants LR avant le congrès du 4 décembre?
Je leur dis merci. Merci d’être restés même quand la droite allait mal. Grâce à ce noyau solide, nous avons remonté le nombre d’adhérents et construit le projet. C’est à eux que revient le choix du candidat de la présidentielle avec comme seul objectif de choisir celui ou celle qui incarnera l’alternance à Emmanuel Macron.
Source Figaro Par Marion Mourgue
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