LE BRUNCH PRÉSIDENTIEL. La mayonnaise du chef Macron, les œufs brouillés de Vaugirard, la mignardise de Bercy… L’actualité politique servie sur un plateau.
Pendant toute la campagne présidentielle, les fins cuistots du service politique du Point vous convient chaque dimanche dans les cuisines des états-majors des candidats en lice pour vous en livrer les informations croustillantes et les coulisses dorées sur tranche, autour de quelques petits plats incontournables des tablées du week-end. À vos papilles et fourchettes !
Le mets interdit. Tels les ortolans dont François Mitterrand aimait déguster la chair délicate au secret, Éric Zemmour suscite les fantasmes d’une partie de la droite où certains, sous couvert du plus strict « off », confessent leur convoitise. « Il peut devenir le candidat des déçus de la droite et des orphelins de Nicolas Sarkozy et François Fillon. Ce qu’il disait il y a cinq ans était horrifiant ; ce qu’il disait il y a deux ans était stupéfiant ; et ce qu’il dit aujourd’hui est dans l’air du temps ! De toute façon, à la fin, on va perdre, on n’a aucune chance… », souffle une figure du parti, résignée.
Un cadre de la majorité juge pour sa part que c’est pour Marine Le Pen – qui vient d’accepter de le rencontrer – que le polémiste de CNews serait le plus dangereux. « Elle va se retrouver avec Zemmour, Florian Philippot et Nicolas Dupont-Aignan et elle ne sera pas au second tour. » Le même a son explication, épicée, sur le virage droitier de l’essayiste : « Il s’est rendu compte qu’on ne comprenait pas ce qu’il disait, alors il a simplifié son discours. Quand tu simplifies, tu te radicalises. Son problème, c’est son intelligence… » Même Bruno Le Maire n’avait pas osé !
La mayonnaise tournée à la Macron. Il suffit d’un rien – une seconde d’inattention, un ingrédient imparfait – pour qu’une sauce soit ruinée. En chef avisé, Emmanuel Macron veille à ce que ses ministres fouettent avec vigueur. Il faut que ça prenne ! Mi-août, le chef de l’État a été très courroucé en découvrant le bug informatique qui a frappé le portail informatique sur lequel les pharmaciens entrent les résultats des tests Covid. Résultat : des retards dans la délivrance des QR codes permettant d’obtenir un pass sanitaire. En vacances en Sardaigne, le secrétaire d’État à la Transition numérique Cédric O a été littéralement bombardé de SMS présidentiels. « Toutes les trois minutes, je recevais un message : “Alors ?” “Alors ?” “Alors, c’est réglé ?” », nous confie-t-il. Et si l’application TousAntiCovid, téléchargée par 32 millions de Français, n’a jamais connu de souci informatique, le président veille au grain. « Quand les statistiques tardent à apparaître, je reçois un texto du président tout de suite, poursuit Cédric O. Imaginez que les gens ne puissent plus accéder à leur QR code et entrer au restaurant ou ailleurs… »
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Le pain perdu de LR. Il aiguise peu les appétits de ses détracteurs à droite, qui préfèrent les recettes plus alléchantes de Valérie Pécresse et Xavier Bertrand. Et pourtant ! Nombre d’élus et parlementaires des Républicains tressent des couronnes de louanges à Michel Barnier et s’apprêteraient à rallier sa candidature. « Il n’a jamais quitté sa famille politique, lui. Il a pris des positions très fermes sur l’immigration et il a un CV long comme le bras : chargé du Brexit, ancien ministre de l’Environnement, des Affaires européennes, de l’Agriculture, etc. », énumère un proche de Laurent Wauquiez, qui presse le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes d’apporter son soutien au Savoyard. Depuis que Wauquiez a renoncé à postuler, certains de ses amis plaident en coulisses pour un rassemblement autour de Barnier. Lequel a l’immense avantage d’être plus âgé que ses adversaires (70 ans) et de ne pas boucher la route de la présidentielle de 2027.
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La surprise du chef. C’est l’équivalent, à droite, de l’onction papale. Tous la convoitent, tous l’espèrent mais tous attendent désespérément la fumée blanche. En ce mois de septembre où la compétition bat son plein à LR, les aspirants à l’Élysée ont tous programmé un pèlerinage au 77, rue de Miromesnil (Paris 8e), adresse des bureaux de Nicolas Sarkozy, pour lui « baiser la babouche », selon l’expression fétiche des grognards de l’ancien président. Après avoir reçu cet été Michel Barnier dans sa résidence estivale du cap Nègre (Var), rare privilège, il a partagé un petit-déjeuner ce jeudi 2 septembre avec Valérie Pécresse et doit recevoir Xavier Bertrand à déjeuner dans ses locaux le 20 septembre. Lequel de ses courtisans décrochera le talisman ? Le soutien de l’ancien président vaut de l’or à droite, tant il reste une rock star dans le cœur des militants. Selon le baromètre Ifop des personnalités de juillet, Nicolas Sarkozy caracolait à 83 % de bonnes opinions chez les sympathisants LR, devancé de peu par Édouard Philippe et… Laurent Wauquiez (tous deux à 88 %). Pas sûr, toutefois, que l’ex descende dans l’arène pour se mêler de la bagarre à droite. « Il dira quelque chose, c’est sûr, comme il l’a fait pour les élections régionales (en apportant son soutien à Renaud Muselier en Paca, NDLR), parie l’un de ses récents visiteurs. Mais si c’est vraiment le bordel, il n’ira pas nager dans le marigot. » Un de ses vieux complices assène, sûr de son fait : « Je peux vous dire qu’il ne se mouillera pas ! »
La mignardise de Bercy. Sortie de crise économique oblige, le thème du pouvoir d’achat est en passe de s’imposer comme le must de la campagne présidentielle. Tandis que Jean-Luc Mélenchon promet de relever le smic à 1 400 euros net, Valérie Pécresse préconise d’augmenter les salaires de 10 % en réduisant les charges. À l’Élysée, on voit venir le danger : laisser penser qu’Emmanuel Macron n’en aurait pas fait assez pour les travailleurs de seconde ligne, les éboueurs, caissières et livreurs qui ont fait tourner le pays durant le premier confinement. À Bercy, on a sorti la calculette pour riposter. Depuis le début du quinquennat, le pouvoir d’achat d’un smicard a augmenté de 170 euros par mois, entend marteler Bercy en présentant le budget pour 2022 fin septembre, entre l’augmentation de 90 euros de la prime d’activité en 2019, la baisse de cotisations sociales du début de mandat (compensée par une hausse de CSG) ou le chèque énergie. Une facture à plusieurs milliards d’euros ! Pour Bruno Le Maire, c’est donc désormais aux entreprises de faire un effort pour augmenter leurs salariés. Pas sûr que l’argument séduise les électeurs…
Les œufs brouillés de Vaugirard. Au siège des Républicains, les partisans d’une primaire pour départager les aspirants à l’Élysée ne supportent plus Christian Jacob, suspecté de chercher à torpiller cette compétition interne. « Il a été élu président de LR parce qu’il avait François Baroin assis sur le porte-bagages de sa mobylette. Il nous racontait qu’il serait notre candidat, alors qu’il savait pertinemment qu’il n’irait pas ! On a perdu un an ! fulmine un historique du parti. C’est pince-mi et pince-moi. Pince-mi est tombé à l’eau, on se retrouve avec pince-moi… »
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