04/02/2021

La déprime des Français incite Macron à ne pas reconfiner - Challenges

Un "niet" aux scientifiques. Malgré les appels de nombreux experts pour remettre le pays sous cloche, Emmanuel Macron n’a toujours pas cédé. Le 29 janvier, il avait refusé le reconfinement, espérant maîtriser la pandémie par de nouvelles mesures restrictives, la fermeture des grands centres commerciaux et des frontières hors Union européenne. "Nous pouvons nous donner une chance d’éviter le confinement", avait résumé Jean Castex dans le Salon d’Hiver de l’Elysée. Et depuis, le président a appelé les Français à se montrer "collectivement extraordinairement responsables" pour respecter les mesures restrictives et limiter la progression de l'épidémie.  

Prendre en compte le ras-le-bol des Français

C’est un gros risque. Si le virus, et ses variants britanniques et sud-africains, se propageait à grande vitesse, on pourra reprocher à l’exécutif d’avoir trop tardé. Mais c’est aussi un tournant. Pour la première fois depuis le début de la pandémie, la santé n’a pas été le seul critère pour décider de confiner le pays. "On accorde trop de place au sanitaire, aux épidémiologistes, aux mathématiciens, qui prévoient des catastrophes. Il y a des problèmes psychiques, des problèmes sociaux", a admis, le 1er février, sur BFMTV, le professeur Eric Caumes.

Emmanuel Macron a pris en compte ce "ras-le-bol" des Français face aux restrictions sanitaires. Car les indicateurs sont inquiétants. Selon Santé publique France, les "états anxieux" ont fortement augmenté lors du dernier confinement (touchant plus de 20,1 % de la population) et les "états dépressifs" ont doublé entre septembre et novembre pour se maintenir "à un niveau élevé". Un diagnostic corroboré par les témoignages alarmants de nombreux psychiatres. Sans atteindre ces états dépressifs, l’immense majorité des Français affiche un pessimisme croissant. "Leur moral économique poursuit sa descente aux enfers, résume Gaël Sliman, le président d’Odoxa, dont le sondage réalisé pour Aviva, BFM Business et Challenges affiche une nouvelle dégradation de trois points en janvier. Ils sont même plus inquiets pour l’avenir économique du pays qu’ils ne l’étaient fin octobre au moment du deuxième confinement." Une dégradation qui touche particulièrement les sympathisants LREM : ils ont perdu 19 % d’optimistes en un mois et sont désormais 71 % à afficher une perte de confiance.

Les cris d’alarme des patrons

Pas de doute : l’impact économique du confinement a aussi joué dans la décision du président. Les cris d’alarme des chefs d’entreprise se sont multipliés. Dans un sondage de la CPME du 25 janvier, 49 % des patrons estiment que leur entreprise "n’est pas en capacité de supporter un troisième confinement". Et 45 % des bénéficiaires de prêts garantis par l’Etat "pensent ne pas être en capacité de le rembourser", contre 34 % en septembre dernier.

Ce sursis au reconfinement est donc une bonne nouvelle pour les entreprises et l’Etat. A Bercy, Bruno Le Maire a chiffré à 6 milliards par mois le coût du couvre-feu pour indemniser les entreprises fermées alors que la facture grimpe à 15 milliards en cas de confinement. Toutefois, dans son estimation de la récession historique de 2020 (- 8,3 %), l’Insee a noté que la mise sous cloche a été moins dévastatrice que prévu. "Le revenu des ménages ayant été largement protégé, les confinements ont pour effet de reporter les dépenses, non de les annuler", décrypte Bruno Cavalier, économiste en chef d’Oddo BHF.

Plutôt résilients, les Français ont aussi été transformés par le Covid, dans leur façon de consommer et d’épargner. En faisant tout pour éviter de les reconfiner, l’exécutif cherche à les rendre un peu plus cigales et moins fourmis. Pour apporter un bol d’air à notre économie.

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