23/12/2020

Les médecins de plateau nuisent gravement à la santé...démocratique!

FIGAROVOX/TRIBUNE - Maxime Tandonnet s’interroge sur l’influence croissante sur la vie publique des experts sanitaires médiatisés. En se substituant au rôle des élus de la nation, ces médecins de plateau contribuent, selon lui, à aggraver la crise de la démocratie.

Fin observateur de la vie politique française et contributeur régulier du FigaroVox, Maxime Tandonnet a notamment publié André Tardieu. L’incompris (Perrin, 2019).

«Je suis médecin passager, qui vais de ville en ville, de province en province, de royaume en royaume pour chercher d’illustres matières à ma capacité, pour trouver des malades dignes de m’occuper […] Je veux des maladies d’importance: de bonnes fièvres continues avec des transports au cerveau, de bonnes fièvres pourprées, de bonnes pestes […] C’est là que je me plaît, c’est là que je triomphe» (Molière, le Malade imaginaire, scène X).

Rien n’est plus étrange que ces flopées de médecins médiatiques que les chaînes de télévision s’arrachent pour commenter l’actualité sanitaire. Souvent auréolés de leur titre de professeur ou de «chef de service», il en vient, innombrables, de toutes les spécialités: épidémiologistes, infectiologues, rhumatologues, cardiologues, cancérologues, physiologiste, etc. Parfois, ils ne lésinent pas sur la confusion des genres, entre conseillers du pouvoir politique - membres du conseil scientifique - et experts attitrés des chaînes de télévision.

À la fois juges et parties, ils influencent fortement les choix politiques liés à la crise sanitaire, avant de s’en faire les commentateurs. Par le plus grand des paradoxes, leur discours tend à déplorer la saturation des structures hospitalières et le manque de personnel médical. Or, eux-mêmes n’ont-ils pas mieux à faire, auprès de leurs patients, que de consacrer tant de temps et d’énergie sur les plateaux de télévision?

L’influence croissante sur la vie publique des experts sanitaires médiatisés s’exprime particulièrement dans le mépris des considérations de liberté, de dignité ou économiques

D’ailleurs, par-delà leurs compétences scientifiques, ils sont invités à donner leur avis sur tout, notamment les aspects politiques, sociétaux, moraux de la crise sanitaire. Ainsi, l’un d’eux réclame un durcissement du code pénal et de peines de prison pour les réfractaires au couvre-feu. En vertu de quelle expérience et de quelle compétence? Ils abordent les sujets les plus divers par le prisme de leur formation médicale, voient les Français en patients, supposés obéir à une prescription, et non en citoyens responsables.

L’influence croissante sur la vie publique des experts sanitaires médiatisés s’exprime particulièrement dans le mépris des considérations de liberté, de dignité ou économiques. En se substituant au rôle des élus de la nation, elle ne fait qu’aggraver la crise de la démocratie. D’ailleurs, ces experts médicaux ne cessent de se tromper par exemple sur «les masques» ou l’évolution de l’épidémie. Peu accessibles à l’autocritique, ils se font augures et plutôt, prophètes de malheur: «On a six mois à passer encore difficiles!» Six mois? Et qu’en savez-vous?

Dans l’ensemble, ils répètent tous à peu près la même chose, à de rares exceptions près, tenant un discours à la fois moralisateur et apocalyptique, le plus souvent obséquieux envers l’autorité politique. Mais dans le domaine médico-médiatique, l’idéologie et la chasse aux sorcières font rage. Quand l’un d’eux s’éloigne un peu trop des sentiers battus, la foudre s’abat sur lui.

Le professeur Christian Perronne a été démis de ses fonctions de chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital en raison «des propos considérés comme indignes de la fonction qu’il exerce». Selon le commentaire du journaliste d’un grand media national: «Ce médecin est devenu l’une des «blouses blanches» les plus en vue dans la sphère complotiste, pour ses propos récurrents contre les mesures prises (ou pas) par les autorités dans la lutte contre le covid 19.»

La parole critique ou dissidente vaut l’accusation d’être complotiste, c’est-à-dire, dans le langage médiatique nouveau, à peu près l’équivalent de crapule fasciste

La boucle est bouclée: la parole critique ou dissidente vaut l’accusation d’être complotiste, c’est-à-dire, dans le langage médiatique nouveau, à peu près l’équivalent de crapule fasciste ou réactionnaire lubrique en d’autres temps. Or, l’entière liberté de parole, de pensée et d’écriture d’un professeur ou d’un scientifique, fait partie des principes fondamentaux de la démocratie et de la science.

De plus, toute révocation suppose le respect des droits à la défense. Le durcissement de l’ordre sanitaire s’explique aisément par les considérations sous-jacentes de responsabilité morale, politique, pénale, historique, dans la mort d’au moins 60 000 personnes. Où va-t-on si d’aucuns commencent à ouvrir la boîte de Pandore?

Cependant, cette révocation lapidaire, dans un contexte général de consensus médiatique, d’ultra-conformisme est un signal désastreux au regard des principes de la démocratie libérale. Un pan supplémentaire de cette dernière est en train de vaciller dans l’aveuglement, l’indifférence, la passivité, sinon la complicité générale.

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