L'Europe, la réforme, l'ouverture au monde, la volonté de réconcilier les deux blocs antagonistes, de gouverner au centre, de moderniser, l'adhésion au libéralisme, dans un pays taraudé par la tentation du souverainisme et de l'étatisme… Ils ont beaucoup en commun. Sur le plan personnel également. Tous deux ont été élus présidents de la République très jeunes (48 et 39 ans), en déjouant tous les pronostics et en s'affranchissant des partis en place. Ce qui a renforcé leur sentiment de supériorité, leur certitude d'être voués à un destin exceptionnel.
Forme de solitude
Mais ils sont surtout l'archétype de l'excellence française. Ayant atteint le plus haut grade de la méritocratie : l'inspection des Finances, un corps qui leur a ouvert, très jeunes, les portes des hautes sphères du pouvoir. Cabinet du président du Conseil et députation pour l'un, Commission pour la libération de la croissance française et banque Rothschild pour l'autre. Deux têtes très bien faites, d'une intelligence et d'une rapidité intellectuelle impressionnantes, mais deux hommes déconnectés de la population sur le plan de l'émotion. Un mot, un geste, et c'est le procès en insincérité. La suspicion d'arrogance. Comme s'il manquait à ces êtres si doués sur le plan de l'intellect un peu de bon sens, tel que l'entendait Descartes. Une aptitude à tenir compte des faits.
A bien juger. Lors de leur jeunesse, les deux hommes ont toujours été confrontés à l'élite (à l'école, lors de leurs études supérieures, dans leurs premiers postes), sans jamais côtoyer la masse. Ils ne se sont pas frottés à leurs semblables. Ils n'ont jamais eu non plus à gouverner, jeunes, des équipes. Telles des fusées, ils ont été propulsés vers les sommets. Cela les a condamnés à une forme de solitude.
Bien sûr, Giscard avait un entourage, des amis, et Macron peut compter sur de nombreux fidèles. Mais ces deux leaders ont la particularité de ne pas s'être mis dans les pas d'un homme, de ne pas avoir adhéré à un parti existant, de ne pas avoir fait de compromis, persuadés de détenir seuls la vérité. Dans leur monde, tout procède d'eux et d'eux seuls. Les Républicains indépendants pour l'un, La République en marche pour l'autre. Ils ont voulu le pouvoir sans partage. Giscard avait pour objectif de détruire le RPR. Et non de faire alliance. Idem pour Macron avec le Parti socialiste et Les Républicains. Les institutions de la V e les y ont encouragés. Mais l'histoire montre qu'il est extrêmement difficile de régner sans partage.
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