A l’issue de deux heures trente de réunion dans la soirée avec Jean Castex, cinq ministres ainsi que le procureur anti-terroriste Jean-François Richard, le président a annoncé un « plan d’action » dès cette semaine contre « les structures, associations ou personnes proches des milieux radicalisés » et qui propagent des appels à la haine et à la violence pouvant encourager les attentats.
« Mesures appropriées » après contrôle de certaines associations, « procédures » menées dès lundi contre les auteurs de 80 messages de soutiens au meurtrier de Samuel Paty font partie des mesures prises dans un premier temps, en attendant le projet de loi contre l’islam radical qui pourrait être « enrichi ».
Projet de loi présenté le 9 décembre
Les ministres ont consulté tout le week-end pour préparer des propositions et des pistes ont déjà été évoquées : Gérald Darmanin a ainsi annoncé qu’il fallait expulser « 231 personnes en situation irrégulière et suivies pour soupçon de radicalisation », dont 180 actuellement incarcérées pour lesquelles « consigne a été donnée de pouvoir expulser » à leur sortie de prison.
Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a pour sa part insisté dimanche sur la « responsabilité » de ceux qui ont participé au « lynchage public » de Samuel Paty sur internet, mais aussi celle des réseaux sociaux. Après la censure de la loi Avia par le Conseil constitutionnel en juin dernier, il a assuré que le gouvernement travaillait à « un dispositif juridique de lutte contre la haine sur les réseaux sociaux ».
Le président de la République a en outre demandé aux ministres de la Justice, de l’Intérieur et de l’Education de réfléchir à des mesures qui pourraient « enrichir ou améliorer » ou encore « parachever » le projet de loi, qui doit toujours être présenté le 9 décembre après avoir été envoyé dans une quinzaine de jours au Conseil d’Etat.
« Nous ne sommes pas dans l’ajout, la surcharge ou l’émotion mais dans un travail de fond », s’est défendu le chef de l’Etat, mais quand survient un tel événement il est nécessaire de faire un « retour d’expérience » pour identifier ce qui peut être amélioré, selon ses propos rapportés par l’Elysée.
Sécurité renforcée devant les écoles
Parallèlement, le gouvernement espère répondre aux inquiétudes d’une communauté éducative fortement secouée en renforçant la sécurité des établissements scolaires à la rentrée après les vacances d’automne.
Autre axe que souhaite développer l’Elysée, la mise en place d’un « contre-discours » aux propos inexacts ou à la propagande radicalisée, citant en exemple le discours d’Emmanuel Macron aux Mureaux qui a été « dévoyé » dans certains pays pour le présenter comme une « croisade anti-musulmans ».
Plus largement, l’ensemble de la classe politique a martelé des messages de détermination, les différentes formations politiques de gauche appelant à « l’union nationale » alors que la droite veut lutter plus frontalement face aux mouvances radicales.
Hasard du calendrier, le Sénat doit examiner à partir de lundi une proposition de loi LR, majoritaire à la Chambre Haute, qui vise à inscrire dans la Constitution la prééminence des règles de la République. Le projet entend consacrer, à l’article 1er de la Constitution, le principe selon lequel « nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s’exonérer de la règle commune ».
11 personnes en garde à vue
Samuel Paty a été décapité vendredi vers 17 heures près du collège où il enseignait l’histoire-géographie dans un quartier calme de Conflans-Sainte-Honorine. Son assaillant, un Russe tchétchène de 18 ans né à Moscou, Abdoullakh Anzorov, a ensuite été tué de neuf balles par la police. Sur Twitter, il a expliqué son geste en disant vouloir se venger de celui « qui a osé rabaisser Muhammad ».
L’enquête poursuit son cours, avec une onzième personne, issue de l’entourage de l’assassin présumé, placée dimanche matin en garde à vue, selon une source judiciaire.
Les parents, qui ont obtenu l’asile politique en France il y a dix ans, le grand-père et le petit frère du tueur, ainsi que des membres de son entourage proche ont été interpellés dès vendredi soir par les policiers et se trouvaient toujours en garde à vue dimanche. Le père d’une élève de la victime et un militant islamiste très actif connu de la police, Abdelhakim Sefrioui, ont eux aussi été arrêtés et étaient toujours interrogés depuis samedi. Les enquêteurs cherchent désormais à identifier d’éventuels liens entre ces deux hommes et le tueur : a-t-il été « piloté » ou a-t-il de lui-même décidé de s’en prendre au professeur ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ce blog est ouvert à la contradiction par la voie de commentaires. Je tiens ce blog depuis fin 2005; je n'ai aucune ambition ni politique ni de notoriété. C'est mon travail de retraité pour la collectivité. Tout lecteur peut commenter sous email google valide. Tout peut être écrit mais dans le respect de la liberté de penser de chacun et la courtoisie.
- Je modère tous les commentaires pour éviter le spam et d'autres entrées malheureuses possibles.
- Cela peut prendre un certain temps avant que votre commentaire n'apparaisse, surtout si je suis en déplacement.
- Je n'autorise pas les attaques personnelles. Je considère cependant que ces attaques sont différentes des attaques contre des idées soutenues par des personnes. Si vous souhaitez attaquer des idées, c'est bien, mais vous devez alors fournir des arguments et vous engager dans la discussion.
- Je n'autorise pas les commentaires susceptibles d'être diffamatoires (au mieux que je puisse juger car je ne suis pas juriste) ou qui utilisent un langage excessif qui n'est pas nécessaire pour l'argumentation présentée.
- Veuillez ne pas publier de liens vers des publicités - le commentaire sera simplement supprimé.
- Je suis pour la liberté d'expression, mais il faut être pertinent. La pertinence est mesurée par la façon dont le commentaire s'apparente au sujet du billet auquel le commentaire s'adresse. Si vous voulez juste parler de quelque chose, créez votre propre blog. Mais puisqu'il s'agit de mon blog, je vous invite à partager mon point de vue ou à rebondir sur les points de vue enregistrés par d'autres commentaires. Pour ou contre c'est bien.
- Je considère aussi que la liberté d'expression porte la responsabilité d'être le propriétaire de cette parole.
J'ai noté que ceux qui tombent dans les attaques personnelles (que je supprime) le font de manière anonyme... Ensuite, ils ont l'audace de suggérer que j'exerce la censure.