20/10/2020

Macron veut durcir le projet de loi contre l’islam radical : « la peur va changer de camp »

Emmanuel Macron et son gouvernement promettent désormais des réponses politiques « à court et moyen terme » après l’assassinat du professeur Samuel Paty, auquel plusieurs dizaines de milliers de personnes ont rendu hommage dimanche. Le président de la République l’a martelé, martial, lors d’un conseil de défense : « La peur va changer de camp » et « les islamistes ne doivent pas pouvoir dormir tranquilles dans notre pays », a rapporté l’Elysée.

A l’issue de deux heures trente de réunion dans la soirée avec Jean Castex, cinq ministres ainsi que le procureur anti-terroriste Jean-François Richard, le président a annoncé un « plan d’action » dès cette semaine contre « les structures, associations ou personnes proches des milieux radicalisés » et qui propagent des appels à la haine et à la violence pouvant encourager les attentats.

« Mesures appropriées » après contrôle de certaines associations, « procédures » menées dès lundi contre les auteurs de 80 messages de soutiens au meurtrier de Samuel Paty font partie des mesures prises dans un premier temps, en attendant le projet de loi contre l’islam radical qui pourrait être « enrichi ».

Projet de loi présenté le 9 décembre

Les ministres ont consulté tout le week-end pour préparer des propositions et des pistes ont déjà été évoquées : Gérald Darmanin a ainsi annoncé qu’il fallait expulser « 231 personnes en situation irrégulière et suivies pour soupçon de radicalisation », dont 180 actuellement incarcérées pour lesquelles « consigne a été donnée de pouvoir expulser » à leur sortie de prison.

Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a pour sa part insisté dimanche sur la « responsabilité » de ceux qui ont participé au « lynchage public » de Samuel Paty sur internet, mais aussi celle des réseaux sociaux. Après la censure de la loi Avia par le Conseil constitutionnel en juin dernier, il a assuré que le gouvernement travaillait à « un dispositif juridique de lutte contre la haine sur les réseaux sociaux ».

Le président de la République a en outre demandé aux ministres de la Justice, de l’Intérieur et de l’Education de réfléchir à des mesures qui pourraient « enrichir ou améliorer » ou encore « parachever » le projet de loi, qui doit toujours être présenté le 9 décembre après avoir été envoyé dans une quinzaine de jours au Conseil d’Etat.

« Nous ne sommes pas dans l’ajout, la surcharge ou l’émotion mais dans un travail de fond », s’est défendu le chef de l’Etat, mais quand survient un tel événement il est nécessaire de faire un « retour d’expérience » pour identifier ce qui peut être amélioré, selon ses propos rapportés par l’Elysée.

Sécurité renforcée devant les écoles

Parallèlement, le gouvernement espère répondre aux inquiétudes d’une communauté éducative fortement secouée en renforçant la sécurité des établissements scolaires à la rentrée après les vacances d’automne.

Autre axe que souhaite développer l’Elysée, la mise en place d’un « contre-discours » aux propos inexacts ou à la propagande radicalisée, citant en exemple le discours d’Emmanuel Macron aux Mureaux qui a été « dévoyé » dans certains pays pour le présenter comme une « croisade anti-musulmans ».

Plus largement, l’ensemble de la classe politique a martelé des messages de détermination, les différentes formations politiques de gauche appelant à « l’union nationale » alors que la droite veut lutter plus frontalement face aux mouvances radicales.

Hasard du calendrier, le Sénat doit examiner à partir de lundi une proposition de loi LR, majoritaire à la Chambre Haute, qui vise à inscrire dans la Constitution la prééminence des règles de la République. Le projet entend consacrer, à l’article 1er de la Constitution, le principe selon lequel « nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s’exonérer de la règle commune ».

11 personnes en garde à vue

Samuel Paty a été décapité vendredi vers 17 heures près du collège où il enseignait l’histoire-géographie dans un quartier calme de Conflans-Sainte-Honorine. Son assaillant, un Russe tchétchène de 18 ans né à Moscou, Abdoullakh Anzorov, a ensuite été tué de neuf balles par la police. Sur Twitter, il a expliqué son geste en disant vouloir se venger de celui « qui a osé rabaisser Muhammad ».

L’enquête poursuit son cours, avec une onzième personne, issue de l’entourage de l’assassin présumé, placée dimanche matin en garde à vue, selon une source judiciaire.

Les parents, qui ont obtenu l’asile politique en France il y a dix ans, le grand-père et le petit frère du tueur, ainsi que des membres de son entourage proche ont été interpellés dès vendredi soir par les policiers et se trouvaient toujours en garde à vue dimanche. Le père d’une élève de la victime et un militant islamiste très actif connu de la police, Abdelhakim Sefrioui, ont eux aussi été arrêtés et étaient toujours interrogés depuis samedi. Les enquêteurs cherchent désormais à identifier d’éventuels liens entre ces deux hommes et le tueur : a-t-il été « piloté » ou a-t-il de lui-même décidé de s’en prendre au professeur ?

 

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