29/08/2020

Les impôts de production, le cauchemar des patrons: pst Covid rétablire le captalisme!

Jean Castex s'est rendu, mercredi 26 aout, a l'universite d'ete du Medef a Longchamp.  Devant le Medef, le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé la baisse des impôts de production de 10 milliards d'euros au 1er janvier 2021. source Marie Bordet Publié le 27/08/2020 à 14:30 | Le Point.fr
Sous le soleil de l'hippodrome de Longchamp mercredi 26 août, à l'occasion de l'ouverture de l'université d'été du Medef, rebaptisée « Renaissance des entreprises françaises », Geoffroy Roux de Bézieux, bronzé, chemise blanche sans cravate, reçoit le Premier ministre Jean Castex
. Il a choisi lui-même la chanson qui accompagne l'ouverture de l'événement. À 14 heures, alors que les gradins habituellement dédiés aux passionnés de courses de chevaux accueillent des centaines de chefs d'entreprise, le tube « I Will Survive » de Gloria Gaynor est diffusé à fond dans les haut-parleurs.
Ce titre a été choisi pour donner une idée de l'état d'esprit, combattant et farouchement optimiste, des adhérents de l'organisation patronale. En juin dernier, Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, avait eu la bonne idée d'envoyer une invitation à Jean Castex, convié à la « REF 2020 » en tant que M. Déconfinement, pour participer à une table ronde intitulée « Vivre avec le risque. » C'est finalement en tant que Premier ministre que Jean Castex est intervenu hier, en ouverture des deux journées de débat.

Une baisse des impôts de production décalée chaque année

Pour son baptême du feu devant les patrons, le Premier ministre n'est pas venu les mains vides : il a confirmé hier la baisse de 10 milliards d'euros des impôts de production à partir du 1er janvier 2021. Les impôts de production, le cauchemar absolu des entrepreneurs français… Geoffroy Roux de Bézieux, mercredi 26 août : « Nous ne demandons pas que la France devienne un paradis fiscal… Ce que nous demandons, c'est seulement de pouvoir se battre à armes égales avec nos concurrents proches. Avec la baisse des impôts de production, nous pourrons réindustrialiser la France. »
Cette baisse des impôts de production avait été régulièrement annoncée depuis le début du quinquennat Macron, et chaque année, sa mise en œuvre se retrouvait décalée… à l'année suivante. Cette fois, c'est acté… au grand soulagement des entrepreneurs français.

Bruno Le Maire : « Ils sont un obstacle aux implantations »

Pourquoi tant de haine pour ces impôts de production ? Pour une raison très simple : ces impôts (qui sont des taxes sur la masse salariale, sur l'outil de production, sur la valeur ajoutée ou sur le chiffre d'affaires) s'appliquent aux entreprises indépendamment des bénéfices qu'elles dégagent. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, qui a œuvré sans relâche pour réduire ces impôts de production et a finalement obtenu gain de cause, se fait très clair, dans une interview aux Échos du 25 août 2020 : « Pour réussir la relocalisation de la production industrielle en France, nous voulons nous attaquer avec le Premier ministre à ces impôts néfastes que sont les impôts de production. Ils pèsent sur les entreprises avant même qu'elles n'aient réalisé 1 euro de profit. Ils sont un obstacle aux implantations. » Spécificité bien française, leur niveau est beaucoup plus élevé qu'ailleurs. « La France reste la championne des impôts de production, expliquait Denis Ferrand au Point en mars dernier. Ils pèsent 3,5 % du PIB en France contre moins de 1 % en Allemagne. »
Les comparaisons internationales sont, en effet, cruelles et sans appel. Selon les chiffres d'Eurostat, les impôts de production représentaient, en 2018, le même montant en France que dans 23 pays de l'Union européenne additionnés, Allemagne comprise ! Ils représentaient 109 milliards d'euros en 2018 (dont l'essentiel portait sur les entreprises, avec 75 milliards d'euros). Le poids trop important des impôts de production en France est critiqué depuis de nombreuses années. Une étude récente du Conseil d'analyse économique a encore souligné la nocivité des impôts de production sur la compétitivité des entreprises. D'autant que, comme le rappelle l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), ces impôts ont le défaut de toucher « plus particulièrement les secteurs exposés à la concurrence internationale, comme l'industrie, qui concentrent relativement plus d'actifs soumis à ce type d'impôt ». Ce qui expliquerait aussi que la France a un tissu moins fourni d'entreprises de taille intermédiaire (ETI), comparé à ses voisins allemands ou italiens.

Négocier avec les régions

Une fois la décision prise de réduire ces impôts de production, il restait à la mettre en œuvre. Pas simple… À l'origine, le gouvernement avait songé à diminuer la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S). Calculé sur le chiffre d'affaires des entreprises, cet impôt de production est très pénalisant économiquement, mais seule une minorité d'entreprises – les plus grandes – y sont assujetties. Bercy va donc finalement s'attaquer à la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), créée pour remplacer la taxe professionnelle, qui pèse davantage sur l'industrie et qui a représenté une facture de 19 milliards d'euros pour les entreprises en 2019. Elle sera divisée par deux, avec la suppression totale de la part de cet impôt qui revient aux régions. Les régions étant financièrement compensées en recevant une fraction de la TVA nationale. Castex a également fait part de la baisse du plafonnement sur la contribution économique territoriale et de la réduction de la taxation foncière des locaux industriels.
Le Premier ministre, qui a clôturé son discours par « Je sais que, comme moi, vous aimez votre pays, j'ai confiance en vous », a été copieusement applaudi par les patrons, mercredi 26 août, à Longchamp. Ils sont satisfaits de ce geste en faveur de la baisse des impôts de production. Mais si un bout du chemin a été parcouru, ils attendent aussi impatiemment la suite. Ils le martèlent depuis longtemps : pour revenir dans la moyenne de l'Union européenne, il faudrait une baisse des impôts de production, non pas de 10 milliards, mais de… 35 milliards d'euros.

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