09/08/2020

Le changement climatique représente une "menace systémique" pour l'économie,

Le changement climatique représente une "menace systémique" pour l'économie, mettent en garde les grands investisseurs. Les régulateurs financiers devraient agir pour éviter un désastre économique, selon une lettre de fonds de pension et d'autres investisseurs représentant près de 1 000 milliards de dollars d'actifs. Cette lettre signée par des dirigeants de fonds de pension et d'autres grands investisseurs met en garde la Réserve fédérale et d'autres agences contre les risques financiers liés au changement climatique.

WASHINGTON - 21 Juillet -
Le changement climatique va créer des turbulences sur les marchés financiers, la Réserve fédérale et d'autres régulateurs doivent agir pour éviter un désastre économique, selon une lettre envoyée mardi par un groupe de grands investisseurs.


"La crise climatique constitue une menace systémique pour les marchés financiers et l'économie réelle, avec des conséquences importantes sur l'évaluation des actifs et sur la stabilité économique de notre pays.", peut-on lire dans cette lettre signée par une trentaine de régimes de retraite, gestionnaires de fonds et autres institutions financières, qui gèrent ensemble près de 1 000 milliards de dollars en actifs.

Cette menace financière, combinée aux risques physiques posés par le changement climatique, peut entrainer « des impacts désastreux, comme jamais nous n'en avions vu auparavant », dit cette lettre. Il y est demandé instamment à la Fed, à la Securities and Exchange Commission et aux autres agences « d'intégrer explicitement le changement climatique dans l'ensemble de leurs mandats ».

Les investisseurs craignent que si les régulateurs n'agissent pas, le changement climatique pourrait faire baisser soudainement la valeur de certaines entreprises, et ces effets se répercuteront sur toute notre économie.

Offrir davantage d'informations sur ces risques - par exemple, en exigeant de faire toute la transparence quant aux émissions de gaz à effet de serre, ou aux risques liés à la montée des eaux - pourrait aider les investisseurs à prendre de meilleures décisions.

Cela pourrait encourager les entreprises à réduire leurs émissions, au risque de perdre l'accès à l'investissement ou à une assurance abordable. « Chaque moyenne et grande entreprise a des prêts bancaires et a une assurance », a déclaré Steven Rothstein, directeur général du Ceres Accelerator for Sustainable Capital Markets, un groupe qui travaille avec les investisseurs et qui a organisé la rédaction de cette lettre.

La lettre appelle les régulateurs à adopter les mesures que le Ceres a décrites le mois dernier, dans un rapport qui fait 51 recommandations aux huit agences fédérales. Deux demandes spécifiques sont au cœur de ce rapport:
Que les agences traitent le changement climatique comme un risque systémique.

Que la S.E.C. garantisse la publication obligatoire et systématique des menaces climatiques auxquelles sont confrontées les entreprises.


Selon le Ceres, les régulateurs peuvent adopter ces recommandations sans avoir à créer de nouvelles loi au Congrès. Pourtant, sous l'administration Trump, même les agences qui sont censées avoir un certain degré d'indépendance par rapport à la Maison Blanche ont été réticentes à faire face au changement climatique. 
Le président Trump a qualifié le réchauffement climatique de canular, et a abrogé près de 70 lois sur l'environnement, 30 autres sont en cours de révision.

Néanmoins, les recommandations de Ceres offrent un cadre dans lequel une administration démocrate pourrait commencer à réellement s'attaquer au changement climatique, si l'ancien vice-président Joseph R. Biden Jr. remportait la présidence en novembre. Le mois dernier, les démocrates de la commission parlementaire sur la crise climatique ont publié un rapport qui fait écho à certaines des recommandations du Ceres, en particulier celles concernant la transparence des risques financiers.

La lettre de mardi suggère que ces recommandations bénéficient également d'un soutien important de la part des investisseurs. Elle a été signée par certains des plus grands fonds de pension du pays, notamment le California State Teachers' Retirement System, ou CalSTRS, qui gère 246 milliards de dollars, le New York City Comptroller's Office, qui supervise des fonds de pension d'une valeur de 206 milliards de dollars, et le New York State Comptroller's Office, qui gère le fonds de retraite de l'État, d'une valeur de 211 milliards de dollars.

Liz Gordon, directrice exécutive de la gouvernance d'entreprise du fonds de l'État de New York, a déclaré que même les grands investisseurs institutionnels, disposant de chercheurs qualifiés, ne pouvaient protéger leurs avoirs contre le risque climatique.

« Nous nous engageons beaucoup auprès des entreprises individuellement » a déclaré Mme Gordon. « Mais cela ne va pas solutionner ce problème dans son ensemble. »

Elle a aussi déclaré que la S.E.C., qui réglemente le marché boursier et exige que les titres cotés en bourse et les entreprises soient obligés de communiquer régulièrement les informations sur les dangers auxquels elles sont ou seraient confrontées, elle devrait également exiger que ces entreprises fassent la transparence sur les risques financiers auxquels elles sont confrontées du fait du changement climatique.

D'autres gestionnaires d'actifs ont averti que le changement climatique perturberait de plus en plus les entreprises. Julie Gorte, vice-présidente senior pour l'investissement durable chez Impax Asset Management, qui gère 23 milliards de dollars, a déclaré que le S.E.C. devrait obliger les entreprises à rendre public l'emplacement de leurs actifs physiques, tels que les usines et autres installations.

De cette façon, les investisseurs pourront évaluer les risques auxquels ces installations sont exposées en cas d'incendie, d'ouragan ou de d'inondation, et pousser les entreprises à y faire face. Les investisseurs pourraient alors choisir d'investir ou non, sur la base de ces informations. « Les régulateurs ont en fait le pouvoir de réduire ces risques »  a-t-elle déclaré. « Cela aidera tous les investisseurs ».

Autre évolution utile, d'après M. Rothstein, serait que la Fed exige des banques qu'elles examinent la vulnérabilité climatique des entreprises auxquelles elles prêtent de l'argent. Les banques effectuent déjà ces tests pour d'autres types de risques financiers, par le biais d'un processus que les régulateurs et les investisseurs appellent « stress tests ».
Les banques pourraient alors utiliser les informations issues de ces tests de résistance liés au climat pour augmenter la somme d'argent qu'ils gardent en réserve, afin de les aider à rester solvables si certaines de ces entreprises devaient faire défaut. 

« Après la crise financière de 2008 et l'effondrement du marché immobilier, nous avons étudié les tests de résistance des banques en nous concentrant sur le logement », a déclaré M. Rothstein. Maintenant, dit-il, « imaginez les risques climatiques ».

Sarah Bloom Raskin, ancienne gouverneure de la Réserve fédérale et secrétaire adjointe au Trésor qui a rédigé l'avant-propos de la liste de recommandations du Ceres, a déclaré que les régulateurs des États-Unis prenaient du retard sur leurs homologues d'autres pays, qui eux, ont déjà commencé à imposer des stress tests sur le changement climatique ainsi que d'autres mesures.
« On voit des banques centrales très crédibles, comme la Banque d'Angleterre et la Banque centrale européenne, prendre en compte le risque d'une catastrophe climatique dans leur mission de manière très disciplinée et structurée « , a déclaré Mme Raskin. « Ce ne sont pas des idées marginales ».

Bien que ces changements ne nécessitent pas l'approbation du Congrès, les objections de certains législateurs républicains concernant le changement climatique ont eu un effet dissuasif sur les régulateurs, a déclaré l'ancien représentant Carlos Curbelo, républicain de Floride, qui a lui-aussi signé la lettre. « Certains fonctionnaires craignent logiquement que certains législateurs, certaines commissions les poursuivent ou les attaquent. Dans l'ensemble, les régulateurs essaient de rester en dehors des controverses ».
Néanmoins, M. Curbelo a déclaré qu'il était urgent d'agir. « Les risques sont réels, et ceux d'entre nous qui vivent ici en Floride du Sud les observent quotidiennement. ».

Christopher Flavelle NYT

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