Quel
impact le coup d’arrêt général provoqué par le Covid aura-t-il sur le
climat ? Une étude du Carbon Global Project, publiée ce mardi 19 mars dans la revue « Nature Climate Change »,
apporte quelques éléments de réponse intéressants, au moment où les
gouvernements cherchent à relancer au plus vite l’activité économique.
Ses auteurs, parmi lesquels figure la climatologue Corinne Le Quéré, présidente du Haut Conseil pour le Climat (HCC),
se sont livrés à plusieurs calculs pour estimer l’ampleur de la baisse
des émissions de gaz à effet de serre liée au confinement, et son impact
sur le réchauffement climatique.
Source: Nouvel Obs
A combien de quantité de CO2
a-t-on échappé ces dernières semaines ? Le chiffre de 17 millions de
tonnes de dioxyde de carbone est évoqué par ce groupe d’experts. Au
niveau mondial, les émissions quotidiennes ont diminué de 17 % pendant
le pic du confinement (le 7 avril) par rapport aux niveaux quotidiens
moyens observés en 2019, estiment-ils. Cette baisse historique provient
dans une large mesure (43 %) de la mise quasi à l’arrêt des transports
terrestres. La production d’électricité représente, elle, 19 % de cette
chute, l’industrie 25 % et l’aviation 10 %.
En France, la baisse est nette aussi. Une chute maximale des émissions de 34 % a ainsi été calculée le 20 mars dernier – les émissions françaises de CO2 sont restées à ce niveau très bas jusqu’à la fin avril (voir graphique ci-dessous).
Car en réalité, tout dépendra à la fois de la durée du confinement et de l’ampleur de la reprise. Si les conditions de mobilité et d’activité économique d’avant la pandémie reviennent dès la mi-juin, la baisse sera de l’ordre de 4 %. Si certaines restrictions demeurent dans le monde jusqu’à la fin de 2020, elle sera plutôt de l’ordre de 7 %. En cas de scénario intermédiaire, où les émissions reviennent aux niveaux d’avant la pandémie vers mi-juillet, ils prévoient une baisse d’environ 5 % sur l’année.
Des chiffres spectaculaires. Une baisse de cette ampleur n’a en effet jamais été constatée depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais il n’y a pourtant pas lieu de se réjouir. Car la diminution annuelle des émissions de CO2 restera insuffisante pour limiter le réchauffement climatique. Elle demeure même extrêmement « minime » par rapport aux émissions accumulées, et par rapport aux efforts de réduction qui sont nécessaires pour une lutte efficace contre le réchauffement climatique.
Pour le limiter sous la fameuse barre des + 1,5 degré – l’une des cibles des Accords de Paris, conclus à l’issue de la COP21 – les émissions mondiales devraient décroître à ce rythme sur de nombreuses années – et non sur une seule comme en 2020. Or, en l’absence de changements structurels de nos modes de vie et de production, un tel scénario est pour l’heure peu probable. « La baisse des émissions est substantielle, mais illustre le défi que représente le respect de nos engagements de l’Accord de Paris », souligne Rob Jackson, professeur à l’université de Stanford et président du Global Carbon Project :
Les membres du Carbon Global Project soulignent ainsi l’importance de plans de relance verts : « La manière dont les dirigeants prendront en compte la lutte contre le changement climatique dans leurs réponses économiques à cette crise sanitaire influencera les trajectoires mondiales des émissions de CO2 pour les décennies à venir », prévient Corinne Le Quéré. La climatologue et les autres chercheurs plaident pour que soit notamment ciblé le secteur des transports, dont le poids dans les émissions mondiales de CO2 est conséquent.
Dans les prochains mois, écrivent-ils, il incombe aux gouvernements de soutenir les mobilités dites « douces » (marche et vélo) et de s’inspirer de villes comme Bogota, New York et Berlin, qui ont fait le pari de « l’urbanisme tactique » en créant de nouvelles pistes cyclables. Certains de ces aménagements doivent même devenir permanents. Autre priorité mentionnée par ces scientifiques : la nécessité de réduire le recours à l’avion, en soutenant davantage le tourisme local.
A l’inverse, si des investissements à grande échelle sont dirigés vers les infrastructures fossiles, si les normes d’émissions visant l’automobile sont assouplies, un rebond post-Covid vers des trajectoires d’émissions plus élevées par rapport aux niveaux précrise est possible. Les auteurs de l’étude rappellent à ce titre le scénario qui avait suivi la crise économique de 2008 : celle-ci avait entraîné une diminution des émissions de 2009 de 1,5 %… puis un rebond en 2010 de 5,1 %, ramenant les émissions mondiales sur leur trajectoire à forte intensité de carbone, comme si la crise n’avait jamais eu lieu… Dix après, répèterons-nous cette erreur funeste ?
En France, la baisse est nette aussi. Une chute maximale des émissions de 34 % a ainsi été calculée le 20 mars dernier – les émissions françaises de CO2 sont restées à ce niveau très bas jusqu’à la fin avril (voir graphique ci-dessous).
Des chiffres spectaculaires
Plus intéressant encore, les auteurs de cette étude ont chiffré l’impact probable de ce confinement sur les émissions annuelles mondiales de 2020. Alors que l’Agence internationale de l’Energie (AIE) estime que celles-ci devraient baisser de 8 % cette année, Corinne Le Quéré et ses collègues tablent, eux, sur une diminution un peu plus modérée, de l’ordre de 4 % à 7 % par rapport à celles de l’année 2019.Car en réalité, tout dépendra à la fois de la durée du confinement et de l’ampleur de la reprise. Si les conditions de mobilité et d’activité économique d’avant la pandémie reviennent dès la mi-juin, la baisse sera de l’ordre de 4 %. Si certaines restrictions demeurent dans le monde jusqu’à la fin de 2020, elle sera plutôt de l’ordre de 7 %. En cas de scénario intermédiaire, où les émissions reviennent aux niveaux d’avant la pandémie vers mi-juillet, ils prévoient une baisse d’environ 5 % sur l’année.
Des chiffres spectaculaires. Une baisse de cette ampleur n’a en effet jamais été constatée depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais il n’y a pourtant pas lieu de se réjouir. Car la diminution annuelle des émissions de CO2 restera insuffisante pour limiter le réchauffement climatique. Elle demeure même extrêmement « minime » par rapport aux émissions accumulées, et par rapport aux efforts de réduction qui sont nécessaires pour une lutte efficace contre le réchauffement climatique.
Pour le limiter sous la fameuse barre des + 1,5 degré – l’une des cibles des Accords de Paris, conclus à l’issue de la COP21 – les émissions mondiales devraient décroître à ce rythme sur de nombreuses années – et non sur une seule comme en 2020. Or, en l’absence de changements structurels de nos modes de vie et de production, un tel scénario est pour l’heure peu probable. « La baisse des émissions est substantielle, mais illustre le défi que représente le respect de nos engagements de l’Accord de Paris », souligne Rob Jackson, professeur à l’université de Stanford et président du Global Carbon Project :
« Nous avons besoin d’un changement systémique, et non de réductions temporaires dues à des comportements imposés. »
Eviter le scénario de 2008
Un certain nombre de leçons peuvent néanmoins être tirées de cette chute brutale des émissions mondiales, note Glen Peters, l’un des auteurs de l’étude. Si « les politiques de confinement ne sont pas destinées à résoudre la crise climatique, les données en temps réel que nous recueillons aujourd’hui peuvent nous aider à concevoir des politiques climatiques plus efficaces à l’avenir », défend ce directeur de recherche au Centre Cicero d’Oslo (Norvège).Les membres du Carbon Global Project soulignent ainsi l’importance de plans de relance verts : « La manière dont les dirigeants prendront en compte la lutte contre le changement climatique dans leurs réponses économiques à cette crise sanitaire influencera les trajectoires mondiales des émissions de CO2 pour les décennies à venir », prévient Corinne Le Quéré. La climatologue et les autres chercheurs plaident pour que soit notamment ciblé le secteur des transports, dont le poids dans les émissions mondiales de CO2 est conséquent.
Dans les prochains mois, écrivent-ils, il incombe aux gouvernements de soutenir les mobilités dites « douces » (marche et vélo) et de s’inspirer de villes comme Bogota, New York et Berlin, qui ont fait le pari de « l’urbanisme tactique » en créant de nouvelles pistes cyclables. Certains de ces aménagements doivent même devenir permanents. Autre priorité mentionnée par ces scientifiques : la nécessité de réduire le recours à l’avion, en soutenant davantage le tourisme local.
A l’inverse, si des investissements à grande échelle sont dirigés vers les infrastructures fossiles, si les normes d’émissions visant l’automobile sont assouplies, un rebond post-Covid vers des trajectoires d’émissions plus élevées par rapport aux niveaux précrise est possible. Les auteurs de l’étude rappellent à ce titre le scénario qui avait suivi la crise économique de 2008 : celle-ci avait entraîné une diminution des émissions de 2009 de 1,5 %… puis un rebond en 2010 de 5,1 %, ramenant les émissions mondiales sur leur trajectoire à forte intensité de carbone, comme si la crise n’avait jamais eu lieu… Dix après, répèterons-nous cette erreur funeste ?
Source: Nouvel Obs
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