La dernière radiographie de l’Insee de l’économie française ne rassure pas. Malgré les injonctions de l’exécutif, l’activité reste prise au piège du coronavirus et parvient difficilement à sortir de la glaciation imposée par le confinement. Au 23 avril, l’économie du secteur marchand, hors loyers, a ainsi diminué de moitié (49 %)
par rapport à la «normale». Loyers compris, elle dévisse de 41 % contre
35 % pour l’économie française dans son ensemble, économie
non-marchande (dont notamment les services fournis par les
administrations) comprise. Un deuxième indicateur de mesure de
l’activité illustre bien le choc actuel: l’indice PMI du cabinet IHS
Markit, qui combine services et activité manufacturière, est tombé jeudi
à son plus bas niveau historique pour la France, comme pour la zone
euro.
Au milieu de ce tableau très sombre, l’Insee constate toutefois un léger mieux. «Ces
estimations suggèrent un très léger regain d’activité ces dernières
semaines, en particulier dans l’industrie et le bâtiment, où certaines
entreprises auparavant à l’arrêt ont sans doute pu reprendre une partie
de leur activité après avoir mis en place une organisation garantissant
la sécurité sanitaire de leurs salariés», avancent ainsi les économistes de l’institution statistique.
Le climat des affaires et de l’emploi au plus bas
Amélioration
timide ou pas, les patrons ne cherchent pas à cacher leur désarroi. Le
climat des affaires pour le mois d’avril, l’indicateur calculé à partir
de réponses des chefs d’entreprise sur leur activité, plonge à son plus
bas historique, nettement en dessous de son précédent niveau plancher de
mars 2009. «Les chefs d’entreprise jugent les perspectives générales d’activité de leur secteur extrêmement détériorées»,
jugent avec sobriété les rédacteurs de la note de l’Insee. Quant au
climat de l’emploi, il est lui aussi au plus bas depuis la création de
la série en 1991.
L’économie française s’est ainsi comme endormie. «Comme un organisme placé sous anesthésie, l’économie française n’assure plus que ses fonctions vitales, indique d’ailleurs l’Insee dans sa note hebdomadaire. Les
mesures de soutien budgétaire aux entreprises et aux ménages visent
notamment à favoriser les conditions du réveil - dont on sait qu’il ne
sera que très progressif - puis de la convalescence». Seule
certitude, la sortie de coma de la France s’annonce particulièrement
douloureuse car ses concurrents ont durant la tempête beaucoup moins
replié les voiles. Dans une interview le 15 avril au Figaro , Agnès Panier-Runacher, secrétaire d’État à Bercy, avançait ainsi que l’industrie française fonctionnait environ à 50 % de sa capacité, alors même qu’elle «resterait solide en Italie et tourne à plein en Allemagne et en Europe du Nord».
Même si des comparaisons solides sont difficiles à établir, tout semble lui donner raison. «Tant les indices PMI d’avril que les données de fréquentation des lieux de consommation et de production consolidées par Google suggèrent que le choc économique lié au Covid-19 est jusqu’à présent plus fort en France qu’en Allemagne», avance
ainsi Charles-Henri Colombier, de l’institut Rexecode. Les données de
Google sur la fréquentation des lieux de travail sont particulièrement
frappantes. Elle aurait baissé en France de 55 %, contre 29 %
outre-Rhin.
La pente de la sortie de
crise s’annonce donc particulièrement raide pour Paris. Un espoir réside
dans l’utilisation des dizaines de milliards d’épargnes forcée
accumulée durant le confinement.
«Cette
épargne qui est accumulée aujourd’hui, jusqu’à environ 20 % des revenus
des ménages, peut constituer demain un réservoir de consommation et de
croissance, dès lors que la confiance des ménages reviendra
progressivement», a ainsi avancé François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France sur BFMTV.
En zone euro, l’activité s’effondre
Une
économie quasi à l’arrêt. C’est ce que reflètent les indices PMI du
cabinet IHS Markit publiés jeudi. Basés sur des enquêtes auprès des
directeurs d’achats, qu’il s’agisse de la zone euro dans son ensemble,
de l’Allemagne ou de la France, ils sont tombés à leur niveau le plus
bas depuis leur création en 1998. L’indice composite (industrie et
services) pour la zone euro affiche 13,5 en avril, contre 29,7 en mars
et plus de 50 en janvier, reflétant alors une économie en expansion.
Autre
révélateur de la violence de la crise économique en Europe: selon la
dernière enquête de l’institut allemand IFO, «50 % des entreprises
allemandes optent pour l’activité partielle». Plus inquiétant encore, 18
% envisagent de supprimer des emplois.
Source lefigaro.fr par Anne de Guigné
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