Entre la hausse de la CSG applicable depuis janvier et la désindexation des retraites annoncée par le gouvernement pour 2019 (et 2020), le pouvoir d'achat des retraités va être sérieusement amputé. En particulier pour les retraités aisés qui ne bénéficieront pas de la suppression de la taxe d'habitation. Après la hausse de 1,7 point de la CSG sans compensation qui est déjà venue amputer le pouvoir d'achat des retraités au début de l'année, le premier ministre a annoncé dimanche une sous-indexation des pensions par rapport à l'inflation en 2019. Les pensions n'augmenteront que de 0,3% pour 2019 et 2020 alors que l'inflation vient de passer les 2% en rythme annuel (+2,3% précisément). Une mesure qui va pénaliser une fois de plus les retraités, notamment "aisés". Démonstration.
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«Trop c'est trop! Il y a un vrai acharnement du gouvernement sur les retraités», a dénoncé Laurent Wauquiez, le président de LR, mardi matin sur RTL. Prenant le cas d'un couple de retraités gagnant aux alentours de 1000 euros de pension chacun, «la décision sur la CSG leur a déjà pris 450 euros au total sur un an, et la non-revalorisation des retraites va encore leur faire perdre 300 euros», a calculé le chef de file de l'opposition. «C'est la première fois depuis 40 ans que les retraités ne verront pas leur pouvoir d'achat augmenter autant que l'inflation. Si on additionne les deux mesures, leur perte de pouvoir d'achat est de 750 euros», s'est-il indigné.
Malheureusement, l'exemple pris par Laurent Wauquiez n'est pas le bon car son couple référence, si chacun des deux gagne bien 1000 euros de pension par mois, est exonéré... de la hausse de la CSG!
«Avec 24.000 euros de revenu annuel, ce couple a un revenu fiscal de référence de 21.600 euros, soit juste en dessous du seuil de 22.096 euros qui déclenche la hausse de la CSG. En revanche, c'est vrai, il va perdre 312 euros annuels de pouvoir d'achat avec la désindexation des retraites», assure au Figaro Richard Chalier, le directeur technique de Fidroit, un cabinet spécialisé en gestion du patrimoine. Ce couple pris en exemple par Laurent Wauquiez économisera, dans le même temps, en taxe d'habitation. «Pour une taxe d'habitation théorique de 1500 euros environ, ce foyer qui bénéficie déjà de plafonnements en raison de ses revenus modestes, va économiser 446 euros grâce au dispositif Macron, tient à ajouter Richard Chalier. Donc au final, si l'on additionne les trois mesures, ce couple de retraités modestes reste gagnant de 134 euros par an» en tenant compte de ces hypothèses.
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En revanche, c'est vrai, un couple de retraités gagnant 1500 euros chacun sera perdant. Il va payer 612 euros de CSG en plus par an, perdre 468 euros avec la désindexation des retraites. Il bénéficiera lui aussi d'une baisse de la taxe d'habitation, soit 818 euros. Au final, il sera bien perdant, mais pour un montant limité de 262 euros.
Toutefois, «la perte de pouvoir d'achat est une perte estimative qui n'entraîne aucune baisse de la pension nette versée aux retraités, a contrario de la hausse de la CSG qui avait fait baisser le montant reçu, précise Benjamin Sanson, Consultant Retraite et Epargne Salariale chez Mercer France. Par ailleurs, cela fait déjà plusieurs années que la revalorisation des retraites est décorrélé de l'inflation», rappelant le quasi-gel des pensions intervenu de 2013 à 2016. Selon les calculs de Mercer, un retraité gagnant 1389 euros (c'est le montant moyen de pension en France) perdrait avec la désindexation 25 euros par mois, soit 300 euros par an. Un couple à 1000 euros de pension mensuelle chacun perdrait environ 40 euros par mois, soit 480 euros par an. Et un couple avec 6000 euros de pension mensuelle perdrait 120 euros par mois, soit 1440 euros par an.
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«D'après les déclarations du premier ministre, il semble que cette décorrélation par rapport à l'inflation ne s'applique qu'aux retraites de base», observe pour sa part Valérie Batigne, présidente de Sapiendo-Retraite. Et l'experte de souligner que les retraites complémentaires des salariés du privé (Agirc-Arrco) sont déjà sous-indexées depuis 2016: l'accord signé par les partenaires sociaux en 2015 a en effet prévu de revaloriser les pensions au niveau de l'inflation moins 1 point, sans pouvoir être négative. Sans oublier, qu'un malus de 10% durant trois ans s'appliquera sur les complémentaires des salariés du privé à partir du 1er janvier prochain pour obliger à travailler un an de plus. Si l'on tient compte de ce distinguo entre retraite de base et complémentaire, «un retraité du privé avec une pension de 2000 euros (1300 € de base et 700€ de complémentaire Arrco) paie 408 euros de CSG de plus par an et perdra 203 euros de pouvoir d'achat, soit un effet combiné de 610 euros» calcule Valérie Batigne. Pour un retraité du privé avec une pension de 5000 euros (1500 € de base et 3500 d'Agirc-Arrco), «la hausse de la CSG est de 1020 euros par an et la perte de pouvoir d'achat de 234 euros par an. Soit une perte cumulée de 1254 euros», poursuit-elle. Reste à savoir à quelle sauce seront mangés les fonctionnaires qui n'ont pas ce distinguo...
Ironie de l'histoire, Gérald Darmanin, actuel ministre de l'Action et des comptes publics qui va devoir inscrire cette disposition de désindexation des retraites dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2019, s'était élevé il y a 5 ans contre une mesure similaire prise sous le quinquennat Hollande. «Désindexation des #retraites, c'est une perte énorme de pouvoir d'achat pour les retraités! Ils peuvent dire merci au #PS! #trahison», écrivait celui qui était alors jeune député LR du Nord dans un tweet datant du 13 mai 2013, supprimé dans la nuit de lundi à mardi dernier mais exhumé opportunément par ses anciens amis. À la lumière cruelle des réseaux sociaux, il semble bien que le nouveau monde n'est finalement pas si éloigné de l'ancien!
A voir aussi: Philippe Dallier: «L'augmentation de la CSG était un mauvais choix»
Source: premium.lefigaro.fr
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«Trop c'est trop! Il y a un vrai acharnement du gouvernement sur les retraités», a dénoncé Laurent Wauquiez, le président de LR, mardi matin sur RTL. Prenant le cas d'un couple de retraités gagnant aux alentours de 1000 euros de pension chacun, «la décision sur la CSG leur a déjà pris 450 euros au total sur un an, et la non-revalorisation des retraites va encore leur faire perdre 300 euros», a calculé le chef de file de l'opposition. «C'est la première fois depuis 40 ans que les retraités ne verront pas leur pouvoir d'achat augmenter autant que l'inflation. Si on additionne les deux mesures, leur perte de pouvoir d'achat est de 750 euros», s'est-il indigné.
Malheureusement, l'exemple pris par Laurent Wauquiez n'est pas le bon car son couple référence, si chacun des deux gagne bien 1000 euros de pension par mois, est exonéré... de la hausse de la CSG!
«Avec 24.000 euros de revenu annuel, ce couple a un revenu fiscal de référence de 21.600 euros, soit juste en dessous du seuil de 22.096 euros qui déclenche la hausse de la CSG. En revanche, c'est vrai, il va perdre 312 euros annuels de pouvoir d'achat avec la désindexation des retraites», assure au Figaro Richard Chalier, le directeur technique de Fidroit, un cabinet spécialisé en gestion du patrimoine. Ce couple pris en exemple par Laurent Wauquiez économisera, dans le même temps, en taxe d'habitation. «Pour une taxe d'habitation théorique de 1500 euros environ, ce foyer qui bénéficie déjà de plafonnements en raison de ses revenus modestes, va économiser 446 euros grâce au dispositif Macron, tient à ajouter Richard Chalier. Donc au final, si l'on additionne les trois mesures, ce couple de retraités modestes reste gagnant de 134 euros par an» en tenant compte de ces hypothèses.
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En revanche, c'est vrai, un couple de retraités gagnant 1500 euros chacun sera perdant. Il va payer 612 euros de CSG en plus par an, perdre 468 euros avec la désindexation des retraites. Il bénéficiera lui aussi d'une baisse de la taxe d'habitation, soit 818 euros. Au final, il sera bien perdant, mais pour un montant limité de 262 euros.
«Un couple de retraités où chacun a une pension de 2000 euros par mois va perdre 1440 par an. S'ils gagnent chacun 3000 euros par mois, le couple perdra 2160 euros par an.»Là où la situation se gâte fortement, c'est pour les retraités aisés, qui subissent eux de plein fouet la hausse de la CSG, la perte de pouvoir d'achat et ne bénéficient pas de la baisse de la taxe d'habitation. «Un couple de retraités où chacun a une pension de 2000 euros par mois va perdre 1440 par an (soit 816€ de CSG en plus, et 624€ de pouvoir d'achat en mois). S'ils gagnent chacun 3000 euros par mois, le couple perdra 2160 euros par an (+1224€ de CSG et 936€ de perte de pouvoir d'achat)», indique Richard Chalier. L'impact est d'autant plus fort sur les retraités aisés que, parallèlement, ils ne pourront plus réduire leur Impôt sur la fortune immobilière (IFI) grâce à des mécanismes, type FIP ou FCPI, qui leur permettaient auparavant de neutraliser pour partie leur ISF.
Toutefois, «la perte de pouvoir d'achat est une perte estimative qui n'entraîne aucune baisse de la pension nette versée aux retraités, a contrario de la hausse de la CSG qui avait fait baisser le montant reçu, précise Benjamin Sanson, Consultant Retraite et Epargne Salariale chez Mercer France. Par ailleurs, cela fait déjà plusieurs années que la revalorisation des retraites est décorrélé de l'inflation», rappelant le quasi-gel des pensions intervenu de 2013 à 2016. Selon les calculs de Mercer, un retraité gagnant 1389 euros (c'est le montant moyen de pension en France) perdrait avec la désindexation 25 euros par mois, soit 300 euros par an. Un couple à 1000 euros de pension mensuelle chacun perdrait environ 40 euros par mois, soit 480 euros par an. Et un couple avec 6000 euros de pension mensuelle perdrait 120 euros par mois, soit 1440 euros par an.
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«D'après les déclarations du premier ministre, il semble que cette décorrélation par rapport à l'inflation ne s'applique qu'aux retraites de base», observe pour sa part Valérie Batigne, présidente de Sapiendo-Retraite. Et l'experte de souligner que les retraites complémentaires des salariés du privé (Agirc-Arrco) sont déjà sous-indexées depuis 2016: l'accord signé par les partenaires sociaux en 2015 a en effet prévu de revaloriser les pensions au niveau de l'inflation moins 1 point, sans pouvoir être négative. Sans oublier, qu'un malus de 10% durant trois ans s'appliquera sur les complémentaires des salariés du privé à partir du 1er janvier prochain pour obliger à travailler un an de plus. Si l'on tient compte de ce distinguo entre retraite de base et complémentaire, «un retraité du privé avec une pension de 2000 euros (1300 € de base et 700€ de complémentaire Arrco) paie 408 euros de CSG de plus par an et perdra 203 euros de pouvoir d'achat, soit un effet combiné de 610 euros» calcule Valérie Batigne. Pour un retraité du privé avec une pension de 5000 euros (1500 € de base et 3500 d'Agirc-Arrco), «la hausse de la CSG est de 1020 euros par an et la perte de pouvoir d'achat de 234 euros par an. Soit une perte cumulée de 1254 euros», poursuit-elle. Reste à savoir à quelle sauce seront mangés les fonctionnaires qui n'ont pas ce distinguo...
Ironie de l'histoire, Gérald Darmanin, actuel ministre de l'Action et des comptes publics qui va devoir inscrire cette disposition de désindexation des retraites dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2019, s'était élevé il y a 5 ans contre une mesure similaire prise sous le quinquennat Hollande. «Désindexation des #retraites, c'est une perte énorme de pouvoir d'achat pour les retraités! Ils peuvent dire merci au #PS! #trahison», écrivait celui qui était alors jeune député LR du Nord dans un tweet datant du 13 mai 2013, supprimé dans la nuit de lundi à mardi dernier mais exhumé opportunément par ses anciens amis. À la lumière cruelle des réseaux sociaux, il semble bien que le nouveau monde n'est finalement pas si éloigné de l'ancien!
A voir aussi: Philippe Dallier: «L'augmentation de la CSG était un mauvais choix»
Source: premium.lefigaro.fr
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