On en prendrait presque l'habitude : les élections italiennes tournent toujours au grand bazar. Le scrutin de ce dimanche n'échappe pas à la règle mais ses conséquences risquent, cette fois, d'aller bien au-delà des frontières de nos voisins. Nous avons assisté, en effet, à ta désintégration finale du système partisan italien, à l'oeuvre it est vrai depuis longtemps, en même temps qu'à l'émergence d'un nouveau paysage qui en dit long sur l'Italie et l'Europe. Premier constat, un effondrement de la droite et de la gauche qui fait écho à ce qui s'est passé en France en 2017.
Un mouvement de dégagisme qui produit, cependant, un monde politique bien différent de celui sorti de nos urnes. Les Italiens ont renversé la table et se sont jetés dans les bras de deux formations populistes : d'une part le Mouvement 5 Etoiles qui rafle plus de 32 % des suffrages et arrive en téte ; d'autre part, la Ligue, classée à l'extrême droite, qui devance son allié de droite Forza Italia.
Ce résultat rappelle ce qui se passe dans toute l'Europe : la peur de l'immigration, le chômage de masse, les fractures sociales nées notamment de la mondialisation donnent partout naissance à des réactions populistes faites d'europhobie et de xénophobie. Même les pays prospères n'y échappent pas : certes, l'Allemagne est sortie, ce dimanche, de sa crise politique avec une nouvelle grande coalition mais les deux grands partis de droite et de gauche, la CDU et le SPD, sont affaiblis par cette épreuve et doivent affronter désormais une forte opposition d'extrême droite ; l'Autriche est, elle, dirigée depuis le mois de décembre par une coalition droite-extreme droite. Sans oublier ce qui se passe en Slovaquie, en République tchèque, et surtout en Hongrie et en Pologne. Nul ne peut dire encore quel gouvernement va se donner l'Italie mais l'essentiel est ce nouveau clignotant rouge dans des démocraties européennes de plus en plus fragilisées. L'effet premier est de déséquilibrer politiquement l'Europe et de rendre difficile la volonté d'Emmanuel Macron d'imposer son projet européen.
C'est aussi un avertissement car n'oublions pas que la France, elle aussi, est traversée par ces tensions comme l'a montré l'élection présidentielle de 2017.
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