28/10/2017

Fin de l'euphorie, l'effet Macron sur les ménages retombe


Signal inquiétant pour le gouvernement ? Le moral des ménages français a continué de se dégrader en octobre pour le quatrième mois consécutif, retournant à son niveau de mai, mois de l'élection d'Emmanuel Macron. L'indicateur de confiance des ménages dans la situation économique, calculé sur la base de soldes d'opinion (différences entre proportion de réponses positives et négatives), a perdu en octobre un point pour s'établir à 100 points, a annoncé vendredi l'Insee dans un communiqué. Il revient ainsi à sa moyenne de longue période, un niveau au-dessus duquel il évoluait depuis mai dernier. "Il y a eu un petit effet de bulle, que l'on observe assez classiquement pendant les élections", commente Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), interrogé par l'AFP. "On voit maintenant un effet de retournement", explique-t-il.
 
À l'origine de ce recul : les ménages sont nettement moins optimistes sur leur situation financière future. Le solde d'opinion à ce sujet, déjà négatif, perd en effet trois points, autant qu'en septembre. De fait, la proportion de ménages estimant qu'il est opportun de faire des achats importants diminue aussi de trois points. Par ailleurs, le solde d'opinion des ménages sur leur capacité d'épargne future recule fortement, de 5 points, après en avoir perdu deux en septembre. En parallèle, "la part de ménages estimant qu'il est opportun d'épargner chute en octobre", de huit points. Pour Hélène Baudchon, économiste chez BNP Paribas, la dégradation du moral des ménages relevait, jusqu'au mois de septembre, d'une "correction technique de la forte hausse en mai et en juin, typiquement observée lors des scrutins présidentiels". Mais la nouvelle baisse constatée en octobre soulève des interrogations.

- "Un sentiment de méfiance" des Français -
"Il est possible que cela constitue un signal d'alerte", dit-elle à l'AFP, soulignant que "l'actualité budgétaire très riche", avec la présentation du projet de loi de finances pour 2018, pouvait avoir joué en octobre. Suppression de l'impôt sur la fortune, mise en place d'un prélèvement forfaitaire unique de 30% sur les revenus du capital, hausse de la contribution sociale généralisée (CSG), baisse progressive de la taxe d'habitation... Toute une série de mesures fiscales ont été annoncées depuis fin septembre, provoquant des controverses et d'intenses débats, sur une politique présentée comme favorable aux plus riches par l'opposition. Or, "il n'est pas forcément facile de s'y retrouver dans toutes ces discussions", constate Mme Baudchon. Même si plusieurs de ces mesures aboutiront à des baisses d'impôt, elles sont ciblées sur certaines catégories, suscitant un sentiment mitigé du côté des ménages. Plus qu'un signe annonciateur d'un retournement économique, la baisse du moral des ménages, constante depuis juillet, est un avertissement politique à l'attention du gouvernement, qui témoigne d'un "sentiment de méfiance" des Français face à la politique économique et budgétaire, estime Mathieu Plane. D'autant plus que ce recul intervient, à la différence de 2012, dans une "période de reprise économique" qui se confirme, rappelle-t-il.

Une impression à nuancer, toutefois, au regard des craintes des ménages concernant le chômage : celles-ci se stabilisent en octobre, ce qui est un "bon signe" et "en ligne avec la dynamique favorable sur le marche du travail", observe auprès de l'AFP, Alexandre Vincent, économiste à l'institut Coe-Rexecode. Reste à savoir si cette dégradation se poursuivra dans les prochains mois ou si le sentiment de méfiance s'estompera, une fois le débat budgétaire passé.
Source: premium.lefigaro.fr

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