Destruction du bidonville : in and out
par passeursdhospitalites 24 lundi Oct 2016
Aujourd’hui, c’est le jour de l’image, celui où sont présent-e-s des centaines de journalistes, celui où peuvent enfin partir les personnes qui attendaient parfois depuis des semaines ou des mois, ayant fait le choix souvent par défaut de rester en France, une précieuse place dans un Centre d’Accueil et d’Orientation (CAO – voir ici, ici, ici et là). L’expulsion et la destruction à proprement parler ne commenceront que demain, la scène d’aujourd’hui est celle de personnes qui veulent partir, par choix ou par peur de la suite. Simplement, ce départ éclair pour raison d’expulsion rend des images de foules et d’exode, on a l’impression que des conditions plus dignes auraient pu être offertes dans un cadre plus apaisé.
La file d’attente, dès avant le levé du jour.
Comment se protéger quand on est là pour donner des images aux médias ?
Vers 14h, des mineurs avant leur départ.
Mais derrière la machine à produire de l’image, la présence de témoins est soumise au bon vouloir de la préfecture, et il est encore une fois fait appel à l’état d’urgence. Pour être présent dans le large périmètre où se déroulent les opérations, il faut soit faire partie des « occupants ayant leur résidence principale au sein de la zone d’accès réglementé » – comprendre « les migrant-e-s », lesquel-le-s sont identifié-e-s au faciès, mais ça la préfecture n’a pas le droit de le dire – soit avoir une accréditation délivrée par la préfecture. Toute autre personne se trouvant sur les lieux est passible de six mois de prison et de 7500 € d’amende en vertu de la loi du 3 avril 1955 portant sur l’état d’urgence (on applique à une opération présentée comme humanitaire à Calais une législation adoptée dans le contexte de la guerre d’Algérie).
Vous pouvez télécharger l’arrêté préfectoral ici.
Certaines associations ont pu présenter des listes de personnes pour qu’elles puissent accéder au site. La préfecture a accepté certains noms, et pas d’autres. D’autres associations n’ont pas été acceptées, comme Emmaüs France, dont une délégation était présente ce matin à l’un des accès au site, sous prétexte que la demande aurait été faite trop tard. Pourtant, en 2014 lorsque l’augmentation du nombre d’exilé-e-s est devenue sensible à Calais, des communautés de toute la France ont acheminé des dons, ce qui a permis de faire face à une situation humanitaire grave avant l’arrivée des ONG internationales et des volontaires de toute l’Europe en 2015. Mais Emmaüs ne ménage pas ses critiques par rapport à l’action du gouvernement. L’association de défense des droits de l’homme Human Right Watch a également subi le même sort. Une délégation d’Avocats Sans Frontières a été refoulée ce matin à l’entrée du site. D’autres associations n’ont pas présenté de listes pour ne pas cautionner l’arbitraire préfectoral.
Reste que des personnes ont pris le risque d’être à l’intérieur pour témoigner de ce qui se passe. Nous devrons être vigilent-e-s à ce qu’il adviendra d’elles lorsque la police entrera dans le bidonville pour en chasser les occupants.
La file d’attente, dès avant le levé du jour.
Comment se protéger quand on est là pour donner des images aux médias ?
Vers 14h, des mineurs avant leur départ.
Mais derrière la machine à produire de l’image, la présence de témoins est soumise au bon vouloir de la préfecture, et il est encore une fois fait appel à l’état d’urgence. Pour être présent dans le large périmètre où se déroulent les opérations, il faut soit faire partie des « occupants ayant leur résidence principale au sein de la zone d’accès réglementé » – comprendre « les migrant-e-s », lesquel-le-s sont identifié-e-s au faciès, mais ça la préfecture n’a pas le droit de le dire – soit avoir une accréditation délivrée par la préfecture. Toute autre personne se trouvant sur les lieux est passible de six mois de prison et de 7500 € d’amende en vertu de la loi du 3 avril 1955 portant sur l’état d’urgence (on applique à une opération présentée comme humanitaire à Calais une législation adoptée dans le contexte de la guerre d’Algérie).
Vous pouvez télécharger l’arrêté préfectoral ici.
Certaines associations ont pu présenter des listes de personnes pour qu’elles puissent accéder au site. La préfecture a accepté certains noms, et pas d’autres. D’autres associations n’ont pas été acceptées, comme Emmaüs France, dont une délégation était présente ce matin à l’un des accès au site, sous prétexte que la demande aurait été faite trop tard. Pourtant, en 2014 lorsque l’augmentation du nombre d’exilé-e-s est devenue sensible à Calais, des communautés de toute la France ont acheminé des dons, ce qui a permis de faire face à une situation humanitaire grave avant l’arrivée des ONG internationales et des volontaires de toute l’Europe en 2015. Mais Emmaüs ne ménage pas ses critiques par rapport à l’action du gouvernement. L’association de défense des droits de l’homme Human Right Watch a également subi le même sort. Une délégation d’Avocats Sans Frontières a été refoulée ce matin à l’entrée du site. D’autres associations n’ont pas présenté de listes pour ne pas cautionner l’arbitraire préfectoral.
Reste que des personnes ont pris le risque d’être à l’intérieur pour témoigner de ce qui se passe. Nous devrons être vigilent-e-s à ce qu’il adviendra d’elles lorsque la police entrera dans le bidonville pour en chasser les occupants.
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