07/11/2023

L'Express - "Les Rapaces" : plongée au coeur du système Rachline à Fréjus

Frejus' mayor David Rachline attends a press conference for the launching of the Rassemblement National legislative election campaign and the presentation of the candidates in the Var, in Frejus, southeastern France, on April 28, 2022. (Photo by Valery HACHE / AFP)

Dans les kiosques de Fréjus, les étagères sont vides. Le 12 janvier 2023, dans les colonnes de L’Express, Camile Vigogne signe un long article à propos du "système Rachline", du nom du maire Rassemblement national de cette commune du Var. On y apprend que l’édile, proche de Marine Le Pen et Jordan Bardella, est loin de la gestion exemplaire que lui et son parti avaient promise pendant la campagne. Inquiet du contenu de l’article, à l’époque, le maire fait acheter tous les exemplaires disponibles dans la ville et aux alentours. Dix mois plus tard, c’est un récit chirurgical, fruit de longs mois d’enquête que livre la journaliste (aujourd’hui grand reporter à L’Obs) avec Les Rapaces, publié aux éditions Les arènes.

Une plongée de près de 200 pages dans la gestion du maire frontiste de Fréjus qui met au jour les nombreuses défaillances et dérives de l’exercice du pouvoir par David Rachline, pourtant désigné comme vitrine des capacités du parti d’extrême droite à diriger une municipalité. On y apprend que le militant historique du RN a pour habitude de dépenser de grosses sommes d’argent liquide dans des sorties ou objets luxueux, souvent achetés via un proche. On y suit l’édile dans ses soirées arrosées et hors de prix, dans ses déjeuners privilégiés avec Alexandre Barbero, riche et influent entrepreneur local, qui bénéficie des faveurs régulières de la mairie dans l’attribution de marchés publics. Des liens étroits entre les deux hommes, largement dénoncés par les autres entrepreneurs locaux. Une réalité loin des promesses de campagne de David Rachline qui promettait de sortir de "ce que la politique a de plus détestable" et entendait s’appuyer sur la morale publique.

L’enquête met en lumière un système varois où les proches de l’édile sont privilégiés, où les petits arrangements entre amis semblent monnaie courante et où les liens avec des groupuscules comme le GUD (organisation violente d’extrême-droite) n’ont jamais été rompus. Des salariés de la mairie racontent avoir été témoins de nombreux dérapages racistes et antisémites de la part du maire et de son entourage. Des logements sociaux de seconde catégorie, notamment, auraient été attribués prioritairement aux personnes d’origine maghrébine, quand militants frontistes et membres de la famille des adjoints accèdent à des logements sociaux privilégiés.

La municipalité, quant à elle, n’aurait jamais été si endettée que sous le règne de David Rachline, qui évacue le sujet en parlant de "bon" et de "mauvais endettement". L’ami de Marine Le Pen et Jordan Bardella, élu à 50,6 % des voix dès le premier tour, fait pourtant la fierté du parti à la flamme, et reste désigné comme un modèle à suivre, comme l’exemple de ce à quoi pourrait ressembler une gestion frontiste à grande échelle. Au parti, on nie, officiellement, toute illégalité dans la gestion de la mairie. Bruno Bilde, un proche de Marine Le Pen, confie pourtant dans l’ouvrage : "Le pire, c’est qu’on s’en doutait tous."



source lexpress.fr par Marylou Magal

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