15/05/2023

Le Monde – Le risque de sécheresse se confirme en France, malgré des sols plus humides dans certaines régions


En dépit de quelques nuances, le tableau ne laisse guère de doute sur la survenue prochaine de la sécheresse en France. Toutes les régions ne sont pas touchées de la même manière et la situation, pire qu’en 2022 à la même période, est moins préoccupante qu’en mars. C’est ce qui ressort du comité d’anticipation et de suivi hydrologique (CASH) qui s’est tenu jeudi 27 avril à Paris. L’occasion de mettre en perspective une large palette d’indicateurs : météorologie, débit des cours d’eau, état des nappes souterraines et des grands réservoirs. Pour la première fois, cette séance était ouverte aux médias, sans doute le signe que le gouvernement souhaite sensibiliser l’opinion publique à ce qui attend les Français cet été.

Pour l’heure, la Bretagne et l’Aquitaine s’en sortent plutôt bien, car il y a plu ces dernières semaines. Mais, sur la carte, les trois quarts de l’Hexagone, ainsi que la Martinique et La Réunion, apparaissent constellés de sous-bassins colorés d’un rouge de mauvais augure. Tous les yeux sont tournés en direction de l’arc méditerranéen, vers les Pyrénées-Orientales en particulier, qui n’ont pas connu une journée de pluie depuis plus de un an. Le niveau dans les nappes souterraines y est si bas que le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) évoque le risque de pénétration d’un biseau salé. Dans ces conditions, faute d’eau douce en quantité suffisante, leur contenu peut devenir saumâtre, rendant impossible la potabilisation de l’eau.

Une grande partie des Pyrénées-Orientales pourrait être incessamment classée en situation de crise par le préfet. Trois autres départements sont déjà partiellement touchés par ce type d’arrêté, avec le lot de restrictions qu’il entraîne : les Bouches-du-Rhône, le Var, mais aussi l’Ain. Auxquels s’ajoutent, en cette fin avril, vingt-sept départements en situation de vigilance, neuf en état d’alerte et sept en état d’alerte renforcée, davantage qu’en 2022 à la même date.

En moyenne, la période des précipitations efficaces, qui va de septembre à mars, avant que la végétation ne se développe en puisant dans la ressource, se solde cette année par un déficit de précipitations de 10 %, contre 20 % en 2022, selon Météo-France. « Il ne faut pas baisser la garde, se dire que c’est moins catastrophique qu’en 2022, prévient Hervé Paul, maire de Saint-Martin-du-Var (Alpes-Maritimes), au nom des élus locaux de la Fédération nationale de collectivités concédantes et régies. Moi qui vis dans les Alpes-Maritimes, je rappelle que, lorsque les volumes diminuent, les polluants, les sulfates se concentrent. Non seulement on a moins d’eau, mais elle devient de moins bonne qualité. »

Dans l’ensemble, avec une saison de la recharge en précipitations « courte et peu intense, les nappes se trouvent dans une situation bien plus inquiétante que la normale », a résumé Violaine Bault, hydrogéologue du BRGM. D’autant, a-t-elle expliqué, qu’une alternance de périodes très sèches puis humides n’a pas permis à l’eau de s’infiltrer dans des sols durcis. Le sous-sol à l’est de l’Ile-de-France et dans le Centre-Val de Loire, notamment, apparaît très déficitaire en eau. Or le manque de pluie et de neige de cet hiver affecte les nappes souterraines, alors que celles-ci n’ont pas retrouvé leur niveau d’avant la sécheresse historique de 2022.

Le bilan est moins négatif du côté des sols. Ils sont légèrement plus humides que la normale, et même excédentaires par endroits, au nord de la Seine notamment, mars et avril s’étant montrés généreux. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, en Occitanie et en Corse, en revanche, ils s’avèrent exceptionnellement secs, dignes d’une fin juin. La neige fait cruellement défaut dans le Massif central et dans les Alpes du Sud, elle manque surtout dans les Pyrénées et en Corse. Sa fonte va se révéler trop précoce pour soutenir les cours d’eau durant la saison qui arrive.

« La sécheresse risque de coûter cher »

Dans ce contexte, l’Office français de la biodiversité a demandé à ses agents de commencer à surveiller les débits des rivières avec deux mois d’avance. Ces derniers observent des assecs toute l’année dans quatre régions : PACA, le Centre-Val de Loire, l’Ile-de-France et les Hauts-de-France. Sur l’Allier, affluent de la Loire, le barrage de Naussac (Lozère) affiche le deuxième taux de remplissage le plus bas depuis quarante ans, ce qui laisse présager des pénuries d’eau. Les réservoirs sur l’Adour ne sont pas bien lotis non plus. Et les prévisionnistes annoncent un prochain trimestre probablement plus chaud que la normale.

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