09/10/2022

Le risque d'extinction de l'humanité serait sous-estimé d'après une étude sur le réchauffement climatique - Geo.fr

Le risque d'extinction de l’humanité a été "dangereusement sous-exploré". C’est l’alarmante conclusion d’une étude réalisée par des climatologues et publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) le 1er août 2022.

L’équipe d’experts dirigée par l'Université de Cambridge (Angleterre) soutient que le monde doit commencer à se préparer à ce qu’ils appellent la "fin du jeu climatique", un scénario où le réchauffement climatique serait à l'origine d’une catastrophe apocalyptique. S’ils indiquent toutefois que les probabilités restent faibles, être "aveugle aux pires scénarios est une gestion des risques au mieux naïve, au pire mortellement insensée", écrivent-ils.

3 °C de plus dans les températures : un indice sous-estimé

Ces dernières années, les climatologues ont majoritairement étudié les impacts d'un réchauffement climatique d'environ 1,5 °C à 2 °C au-dessus des températures observées en 1850, avant le début de l'industrialisation mondiale. Ils en sont venus à la conclusion que maintenir les températures à ces niveaux au cours du siècle aura de lourdes conséquences sur l’économie mondiale, sans pour autant causer la perte de l’humanité.

Dans l’étude récemment publiée, les chercheurs estiment quant à eux qu’un scénario avec une hausse des températures de plus de 3 °C d’ici 2100, avec les conséquences d’autant plus extrêmes que cela entraînerait, a été sous-estimé et trop peu pensé.

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Dans ce type de scénario, ont-ils calculé à l'aide de modèles climatiques, environ 2 milliards de personnes vivant dans les régions les plus densément peuplées et les plus politiquement fragiles du monde subiraient des températures moyennes annuelles de 29 °C d'ici 2070. Environ 30 millions de personnes habitant dans le Sahara et sur la côte du Golfe seraient par exemple concernées.

"Ces températures et leurs conséquences sociales et politiques [affecteraient] directement deux puissances nucléaires et sept laboratoires de confinement maximum abritant les agents pathogènes les plus dangereux. Il existe un sérieux potentiel d'effets d'entraînement désastreux", déclare dans un communiqué le co-auteur Chi Xu de l'Université de Nanjing.

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Des effets d'entraînement encore mécompris

Finalement, les scientifiques indiquent que ce ne sont pas seulement les températures élevées qui constituent un problème, mais les effets combinés et d'entraînement de ce qu’ils surnomment les "quatre cavaliers" de la "fin du jeu climatique" : la famine et la malnutrition, les conditions météorologiques extrêmes, la guerre et les maladies. Des risques difficiles à analyser et associés à la fragilité sociétale, étudiés séparément mais peu conjointement, estiment-ils.

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S’il y a (presque) consensus sur le fait que la crise climatique aggrave voire entraîne des conflits préexistants, nul ne sait ce que des niveaux de réchauffement plus élevés encore pourraient avoir comme impact. Il est probable que les effets soient exponentiels.

Selon les experts, il serait vital de se concentrer davantage sur l'"effet domino", c’est-à-dire les points de bascule où l'augmentation de la chaleur déclenche un autre événement naturel qui fait d’autant plus monter les températures. Par exemple, les émissions de méthane provenant de la fonte du pergélisol ou encore les forêts qui deviennent émettrices de carbone au lieu de l'absorber.

Étudier les "pires scénarios" pour mieux les éviter

Afin d’évaluer les risques, les auteurs de l’étude demandent ainsi au Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) de réaliser un rapport spécial sur les conséquences des changements climatiques "catastrophiques", afin de galvaniser la recherche et d'informer le grand public — quitte à lui faire peur. D’après eux, étudier les "pires" scénarios pourraient permettre d’envisager les options d'urgence, et de rendre ainsi ces possibilités moins probables.

La meilleure façon de résumer notre article est qu'il s'agit d'un appel à considérer et à étudier sérieusement les scénarios catastrophiques plausibles du changement climatique [...] Nous en savons le moins sur les scénarios qui comptent le plus — Luke Kemp, auteur principal de l’étude et chercheur au Centre pour l'étude des risques existentiels (CSER) de l'Université de Cambridge.
 


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