27/08/2022

Climat : « Si on n'agit pas, on ne va faire que subir », alerte Valérie Masson-Delmotte

Au terme d'un été 2022 marqué par des événements météorologiques et climatiques d'une rare intensité, Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du groupe de travail n° 1 du Giec, revient sur l'état de nos connaissances concernant le réchauffement climatique et ses conséquences. Et esquisse quelques pistes pour l'atténuer ou s'y adapter.Entretien par Maxime MAINGUET.Ouest-FrancePublié le 27/08/2022 à 08h01
Sécheresse, incendies, vagues de chaleur… Le début de l'année 2022 a été marqué par des phénomènes météorologiques d'une intensité, sinon inédite, du moins très rare.

Coprésidente du groupe de travail n° 1 du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte nous explique en quoi ces événements sont liés au dérèglement climatique et esquisse ce que pourrait être le futur en cas de baisse insuffisante des émissions.Les vagues de chaleur ont été nombreuses et intenses cet été : peut-on clairement relier ces phénomènes au changement climatique ?

Ce qu'on a vécu cette année est symptomatique des vagues de chaleur qui, sur terre comme en mer, deviennent plus fréquentes, plus longues et plus intenses avec le réchauffement planétaire. Concernant l'intensité des vagues de chaleur de cet été, une étude d'attribution menée au Royaume-Uni montre qu'il n'y a pas de doute : atteindre 40 °C aurait été extrêmement improbable sans le changement climatique dû à nos rejets de gaz à effet de serre. L'augmentation des épisodes composites à la fois chauds, secs et venteux, propices aux incendies, est aussi une tendance de fond liée au réchauffement planétaire.

À quels autres types d'événements doit-on s'attendre à l'avenir, avec ce climat de plus en plus chaud ?

Plus le climat se réchauffera, plus les épisodes de chaleur extrêmes reviendront fréquemment, et les vagues de chaleur seront plus longues et plus intenses. Le réchauffement conduit aussi à une intensification du cycle de l'eau, avec une augmentation des événements de précipitations extrêmes et de la sévérité des sécheresses, notamment en Europe de l'Ouest. Le réchauffement s'accompagne aussi de changements plus insidieux comme la montée du niveau de la mer, dont le rythme a accéléré. Celle-ci entraîne une augmentation des inondations chroniques à marée haute, une salinisation des cours d'eau et des ressources en eaux potables proches des côtes et une augmentation de l'érosion des côtes sableuses.

Ce scénario dans lequel les événements extrêmes se font plus fréquents semble arriver plus rapidement que prévu…

Oui, les récents records de chaleur extrême observés en Europe de l'Ouest se produisent de manière plus intense et plus précoce que dans les projections.

    Cette succession d'événements intenses montre à quel point nous sommes exposés

Bref, le réchauffement climatique, c'est maintenant ?

Sécheresse : faut-il interdire les douches sur les plages ? Débattez !
On est en plein dedans. Et la succession d'événements intenses récente montre à quel point nous y sommes exposés, par exemple dans les logements et les villes qui surchauffent, pour les activités agricoles ou les forêts.

Ce réchauffement, à combien est-il estimé à l'heure actuelle, par rapport à l'ère préindustrielle ?

À l'échelle mondiale, on en est à un peu plus de 1,1 °C. Le rythme de hausse de la température est relativement régulier depuis plusieurs décennies, de l'ordre de 0,2 °C ou 0,3 °C tous les 10 ans. Notre meilleure estimation est que ce réchauffement est intégralement le résultat des émissions provenant des activités humaines, avec comme premiers facteurs de réchauffement les rejets de dioxyde de carbone puis de méthane.

Un réchauffement de ce type est-il inédit dans l'histoire ?


Nous sommes dans une situation de rupture par rapport à la variabilité naturelle du climat. Le niveau de dioxyde de carbone dans l'atmosphère est maintenant le plus élevé depuis plus de 2 millions d'années. L'ampleur et la vitesse du réchauffement depuis 1900, et le recul généralisé des glaciers sont inédits sur plus de 2 000 ans, et le rythme de montée du niveau de la mer depuis plus de 3 000 ans.

Arrivera-t-on à contenir la hausse des températures aux alentours de + 1,5 °C, l'un des objectifs des accords de Paris ?

Quand on examine la réponse du climat pour l'ensemble des scénarios d'émissions de gaz à effet de serre, on voit qu'on va atteindre un niveau de réchauffement de l'ordre d'1,5 °C au cours des vingt prochaines années.

Tant que le cumul des émissions mondiales de CO2 continuera à augmenter, et que l'effet net des autres facteurs (particules de pollution, autres gaz à effet de serre) ne sera pas neutre, le climat continuera à se réchauffer.     Il faut diminuer par deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre d'ici à 2030

 

En complément, voir cette vidéo de Jean-Marc Jancovici.

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