« Ni Pétain, ni Laval, ni Bousquet, ni Darquier de Pellepoix, aucun de ceux-là n'a voulu sauver des Juifs. C'est une falsification de l'histoire que de le dire », a également martelé le chef de l'État, en estimant que « ceux qui s'adonnent à ces mensonges ont pour projet de détruire la République et l'unité de la Nation ».
« L'odieux antisémitisme rode »
Emmanuel Macron a repris les mots de Jacques Chirac qui, en 1995, avait reconnu la responsabilité de la France dans la rafle du Vel' d'Hiv : « Ces heures noires souillent à jamais notre Histoire. La France ce jour-là accomplissait l'irréparable. » Désormais, l'antisémitisme « peut prendre d'autres visages, se draper dans d'autres mots, d'autres caricatures », a estimé Emmanuel Macron. « Mais l'odieux antisémitisme est là, il rode, toujours vivace, persiste, s'obstine, revient », a-t-il poursuivi, évoquant tour à tour la « barbarie terroriste », les « assassinats et crimes », les résurgences sur « les réseaux sociaux » ou les « profanations de tombes ».
« Il s'immisce dans les débats sur les plateaux de télévision. Il joue de la complaisance de certaines forces politiques. Il prospère aussi autour d'une nouvelle forme de révisionnisme historique, voire de négationnisme », a-t-il insisté, faisant allusion, sans le nommer, au candidat d'extrême droite à l'élection présidentielle Éric Zemmour qui avait notamment soutenu que le maréchal Pétain avait « sauvé » des juifs français durant la Seconde Guerre mondiale.
La gare de Pithiviers, symbole de la rafle du Vél' d'Hiv
Accompagné de plusieurs personnalités, dont l'historien Serge Klarsfeld, la rescapée des camps Ginette Kolinka, ou encore le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou, Emmanuel Macron a prononcé un discours dans la petite gare de Pithiviers, à une centaine de kilomètres au sud de Paris, qui n'accueille plus de voyageurs depuis la fin des années 1960 et qui vient d'être transformée en musée par le Mémorial de la Shoah.
C'est par cette gare qu'ont transité une partie des 13 000 Juifs, dont 4 115 enfants arrêtés à Paris et en banlieue le 16 juillet 1942 et les jours suivants par 9 000 fonctionnaires français, à la demande des Allemands. 8 160 d'entre eux, y compris les vieillards et les malades, ont été conduits au stade du Vélodrome d'Hiver, dans le 15e arrondissement de Paris. Avant d'être évacués vers les camps de Drancy (Seine-Saint-Denis), de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande (Loiret).
Depuis la seule gare de Pithiviers, huit convois sont ensuite partis vers les camps d'extermination, pour plus de 8 000 déportés, ce qui en fait le deuxième site de déportation français après celui de Drancy. Quelques dizaines d'adultes seulement survivront. « Cette gare, c'est le lieu où l'événement français devient génocide européen. […] C'est un lieu de mémoire unique en France », affirme Jacques Fredj, directeur du Mémorial de la Shoah.
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Parallèlement, la Première ministre Élisabeth Borne a assisté dans la matinée à la traditionnelle cérémonie sur le site de l'ancien Vélodrome d'Hiver, en présence notamment de la maire PS de Paris Anne Hidalgo. « Il y a 80 ans, la France se perdait et commettait l'irréparable », a déclaré Mme Borne, pour qui « ces jours de juillet, comme lors des rafles qui ont suivi, la France a perdu un peu de son âme ». « Le courage consiste à la reconnaître et à la commémorer », a-t-elle poursuivi, ajoutant que « le combat contre l'antisémitisme ne s'arrête jamais ».
« Banalisation »
Le site de 400 mètres carrés, qui appartient toujours à la SNCF, est en particulier destiné aux scolaires. « C'est une priorité face à la montée de l'antisémitisme, du racisme et des complotismes », explique Jacques Fredj. Une salle de la gare est consacrée à un reportage photo poignant sur la rafle dite « du billet vert », première arrestation massive de 3 700 Juifs étrangers en France, le 14 mai 1941. Une autre salle retrace « la litanie des huit convois » vers Auschwitz-Birkenau, projetant sur des écrans géants les photos de déportés assassinés.
Après cinquante ans de silence des autorités françaises, Jacques Chirac avait reconnu en 1995 la responsabilité de la France dans la Rafle du Vél' d'Hiv, dans un discours resté gravé dans les mémoires. « La France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable », avait-il lancé.
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En juillet 2012, François Hollande avait été plus loin en déclarant que « ce crime fut commis en France, par la France ». Puis en 2017, Emmanuel Macron, nouvellement élu président, avait réaffirmé, pour le 75e anniversaire de la rafle, la responsabilité de la France et prononcé un plaidoyer contre l'antisémitisme en présence du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Mais aujourd'hui « la société française n'en a pas fini avec l'antisémitisme », souligne l'Élysée, en mettant aussi en avant la « banalisation de débats » autour du régime de Vichy. Le candidat d'extrême droite à l'élection présidentielle Éric Zemmour (Reconquête !) a notamment soutenu que le maréchal Pétain avait « sauvé » des juifs français durant la Seconde Guerre mondiale.
« Il y a 80 ans, les collaborationnistes du régime de Vichy ont organisé la rafle du Vél' d'Hiv. Ne pas oublier ces crimes, aujourd'hui plus que jamais, avec un président de la République qui rend honneur à Pétain et 89 députés RN », a tweeté samedi la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot, suscitant l'indignation dans la majorité. En 2018, Emmanuel Macron avait qualifié Pétain de « grand soldat » durant la Première Guerre mondiale, même s'il a ensuite « conduit des choix funestes ».
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