Qui prétend que la France est déchirée ou archipelisée ? Elle n’a jamais été aussi unie, au contraire, puisqu’elle communie unanimement dans le culte du général de Gaulle. Même la gauche a pris, a posteriori, sa carte du RPR. On va à Colombey comme on défilait de la République à la Nation.
Tous gaullistes ! Même Marine Le Pen. Même Zemmour qui dans son Destin français expliquait – je cite – que « les troupes pétainistes ont contribué beaucoup plus à la libération que celles de la France libre », que « Pétain, lui, contrairement à de Gaulle, n’a pas réalisé de coup d’État » (ce qui, d’une certaine manière, est vrai), que « le meilleur de l’après-guerre nous vient de Vichy », que « les résistants ont violé les lois de la guerre » et que « la grande politique étrangère du général de Gaulle a été un échec total ».
Peut-être un rapide retour en arrière en stupéfiera donc quelques-uns.
Surenchère d’opposants
Nous sommes en novembre 1965 – année d’élection présidentielle. Représentant le centre et la droite antigaulliste, Jean Lecanuet déboule. « Savez-vous, décoche-t-il d’emblée lors de son premier passage à la télévision, que la France est la dernière en Europe pour la croissance de sa production, la construction de logement, la hausse des salaires, l’amélioration des revenus ? Savez-vous qu’il y a plus de 800 000 personnes âgées qui doivent se contenter pour survivre, ou plutôt pour ne pas mourir, de quatre francs par jour ? »
Lors d’un débat qui l’oppose à Michel Debré, Pierre Mendès France remet le couvert : « Tout en France va moins bien que dans les pays voisins. » « Ceux qui étaient derrière nous, lance-t-il, se sont rapprochés ou nous ont rattrapés. Notre croissance sera la plus faible de toutes celles du marché commun ! »
Surenchère d’opposants ? Certes… Mais un sondage Ifop (en ce temps, donc, de gaullisme triomphant) indique que 32 % seulement des Français sont satisfaits de la politique sociale conduite (contre 51 % hostiles), 29 % de satisfaits chez les ouvriers, 31 % de satisfaits de la politique économique (encore moins que pour Macron), 21 % contre 41 % de la politique agricole et que seule la politique étrangère est plébiscitée.
De Gaulle, clame Ferdinand Beghin, roi du sucre, actionnaire important du Figaro, « c’est un dirigiste. Depuis trois ans, en France, gagner de l’argent est considéré comme honteux… ».
Dictature totalitaire
Quant à la gouvernance, c’est à qui stigmatisera le plus ardemment le pouvoir personnel, celui « du coup d’État permanent », comme l’avait théorisé Mitterrand, et dénoncera, comme le président du Sénat, Gaston Monnerville, les « forfaitures » de ce régime qui, à en croire alors la droite extrême (et en partie la gauche), frisait la dictature totalitaire et versait le sang des patriotes.
Jean-Jacques Servan-Schreiber, dans L’Express, en appelait même à l’émergence d’un Brutus pour arrêter notre dangereux César. Entre romanciers de droite, les fameux « Hussards » (Antoine Blondin, Roger Nimier, Jacques Laurent ou Michel Déon), et certains intellectuels de gauche, c’était à qui fustigerait avec le plus de virulence l’imposteur élyséen.
Nul ne pouvait imaginer que, parmi les plus fervents admirateurs du Général, on retrouverait, cinquante-cinq ans plus tard, les héritiers de ceux qui avaient condamné à mort de Gaulle en août 1940, tentèrent de l’assassiner à quatre reprises au moins dans les années 1960, puis de le renverser par un putsch militaire.
Il est vrai que, quand nos grands leaders politiques s’appellent Christian Jacob, Stanislas Guerini ou Olivier Faure, cela incite à devenir gaulliste.
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