Alexandre Mirlicourtois, 2001-2021 : que la France a du mal à remonter la pente ! -
• un PIB en hausse de 2,9% l’an en moyenne entre 1995 et 2000 ;Vont alors survenir trois conflagrations majeures :
1. Il y a d’abord eu l’intégration de la Chine dans l’OMC en décembre 2001 et la déferlante de produits à bas coûts qui a suivi.
2. Le 2e événement du début des années 2000, c'est le coup à double détente de l'instauration de l'euro et des réformes Schröder en Allemagne.
Plus connu sous le nom des réformes Hartz, tout y passe pour restaurer
la compétitivité allemande : réformes du marché du travail (avec
notamment le développent des mini-jobs), coupes dans la protection
sociale, allégement de la fiscalité des entreprises. Faute de pouvoir
dévaluer, l'Allemagne choisit la déflation des coûts. Le patronat
allemand bénéficie alors du double bénéfice de la modération salariale à
l'intérieur et de l'importation des faibles coûts de la main-d'œuvre
qualifiée des PECO.
3. La financiarisation des économies
est la troisième transformation majeure, une accélération venue des
États-Unis et héritée de l’ère Clinton avec le démantèlement du
Glass-Steagall Act. en 1999 : fusions et confusions des activités
bancaires, boursières et d’assurance, la course au gigantisme est
lancée. Une accélération qui fera le lit de la crise des subprimes, mais
qui va surtout renforcer toujours plus l'emprise des modèles de
gouvernance actionnariale axés sur la création de valeur, renforçant la
virulence du jeu concurrentiel et l'étouffoir sur les salaires. Une
accélération financière à l’origine aussi de la prise de pouvoir de méga
fonds de gestion et avec eux des flots de financement en direction de
la Tech et l'avènement d'acteurs ultra-dominants, les GAFA, qui font
main basse sur la valeur créée et la matière fiscale.
La France fait alors le choix de la consommation et de l’immobilier
Face
à ces mégas chocs, le choix politique majeur en France dans les années
2000 a été de stimuler la consommation et l'immobilier, quitte à se
désintéresser de l’industrie et de ses usines. Le fabless est alors en
vogue dans les esprits, avec Alcatel en cas emblématique. Il faut
favoriser le low cost, pousser en avant les casseurs de prix.
L’indifférence des consommateurs quant à l’origine géographique des
produits a permis à la distribution de se fournir au moins cher,
c'est-à-dire dans les pays à bas coût. Sur le haut de gamme et les biens
d’équipement, les entreprises allemandes raflent la mise. Les parts de
marché à l’extérieur de la France s’effondrent, les industriels français
sont attaqués sur leur propre marché domestique, des filières entières
sont laminées. Le déficit du commerce extérieur passe alors de 11 à 171
milliards d’euros entre 2000 et 2008. Les comptes courants virent au
rouge, le déficit public se creuse, la France aborde la crise des
subprimes avec un déficit qui dépasse à nouveau les 3% en 2008 et un
taux d’endettement public en hausse de près de 10 points de PIB sur la
période.
La France passe aux nouvelles politiques de l’offre
Après
avoir soutenu l’économie suite l’éclatement de la crise des subprimes,
c’est le coup de massue. L’heure est à la consolidation budgétaire,
l’imposition sur les ménages, sur les entreprises s’alourdit,
fragilisant un peu plus le tissu productif, une erreur de pilotage qui
conduit à des crises à répétition.
Les années 2013-2014
marquent un tournant, une inflexion vers une politique l’offre incarnée
par le Pacte de Responsabilité et le CICE. L’adaptation de l’économie
française s’articule autour de 3 axes :
1. Côté entreprises,
la barque fiscale est allégée, comme en témoigne le rapport entre
l’ensemble des prélèvements obligatoires (diminués des subventions) et
la valeur ajoutée. Après les errements de 2011-2014, le taux
d’imposition a été réduit par vagues successives. Le contexte est aussi
celui de la modération salariale avec une progression du pouvoir d’achat
du SMIC au ralenti voire en quasi-stagnation depuis 4 ans. Les écarts
de coût unitaire de la main-d'œuvre, qui s’étaient creusés tout au long
des années 2000, pénalisant la compétitivité, se referment
graduellement. Et s’alignant sur ses voisins, la France développe aussi
ses mini-jobs. Intermittents, CDD ou intérimaires sur courtes missions,
saisonniers, autoentrepreneurs complétés par le bataillon des personnes
payées à la tâche via les plateformes. Le tournant a été pris, mais pour
quels résultats ?
2. En termes de croissance, la Chine est
intouchable et les États-Unis loin au-dessus. Mais la France a fait jeu
égal avec l’Allemagne entre 2014 et 2019. Les marges des entreprises se
sont redressées, la compétitivité a été en partie restaurée et
l’hémorragie des pertes de parts de marché a été endiguée.
3. Toutefois,
même s’il se réduit, le déficit commercial (hors pétrole) reste
important. La faute à un tissu exportateur qui s’est atrophié et ne
parvient pas à refaire le terrain perdu.
Les résultats
semblent donc bien minces, mais c’est le fruit d’années d’errements, pas
des nouvelles politiques de l’offre qui s’inscrivent dans un temps
long. La France paye cher la sous-estimation dans les années 2000 des
trois chocs qui allaient bouleverser son insertion dans le commerce et
les chaînes de valeur mondiale.
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