Les automobilistes qui ont pris la route cet été ont eu une désagréable surprise en passant à la caisse des stations services. Selon les derniers chiffres communiqués par la Direction générale de l’énergie et du climat, le prix moyen du diesel s’est affiché à 1,43 euro le litre en moyenne en août contre 1,28 en début d’année soit une envolée de plus de 12%. C’est encore plus pour le sans plomb 95 qui à près 1,56 euro le litre a fait une embardée de 15% sur la même période. Conjugué à la hausse du prix du gaz, de la baguette, du café, des pâtes, etc. La facture du panier de la ménagère s’est brutalement alourdie. En amont, les matières premières sont en ébullition. Depuis son dernier point bas de la fin avril 2020, l’indice général de Goldman Sachs a plus que doublé pour nettement passer au-dessus de ses niveaux d’avant crise. Sa remontée rapide pose le problème d’un embrasement capable de dégénérer comme en 2010 ou plus encore comme en 2008.
Hausse spectaculaire des prix des denrées agricoles
Côté
denrées agricoles, la remontée du cours des céréales a été fulgurante
jusqu’en mai dernier en hausse de 94% depuis le dernier point bas du 26
juin 2020. S’ils se sont assagis depuis, leur reflux s’est stoppé net
courant juillet et les prix se maintiennent à un niveau voisin de la
précédente poussée de fièvre de 2014, il y a 7 ans environ. Si la hausse
est spectaculaire, c’est qu’elle s’appuie sur une large base : +45%
pour le blé, +73% pour les fèves de soja, +88% pour le maïs depuis les
planchers de la fin du printemps ou de l’été 2020. Une mise sous tension
des principaux marchés agricoles due aux conditions de culture dans le
monde, plus particulièrement aux répercussions sur les rendements de la
Niña, un dérèglement climatique qui affecte les récoltes.
Facteur
aggravant, une vague d’achat frénétique. De la part de la Chine
d’abord. En pleine reconstitution de son cheptel porcin décimé par
l’épidémie de fièvre porcine africaine, sa demande en produits agricoles
pour nourrir les animaux a explosé. Il y a eu ensuite les achats à tour
de bras des grands importateurs traditionnels de céréales (pays
d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient) dans le but de constituer des
réserves de précaution et de se prémunir d’une éventuelle flambée des
prix. Des facteurs perturbateurs, mais ponctuels.
Et il faut
intégrer trois éléments dans l’équation. D’abord, si l’appétit chinois
continue d’animer les marchés à court terme, l’objectif de Pékin est
bien de rapidement se rapprocher de l’autosuffisance alimentaire, donc
de produire plus grâce à une hausse combinée des surfaces et des
rendements. Ensuite, en matière agricole, la réponse de l’offre face à
une hausse des cours peut être rapide. Enfin, les stocks sont à un
niveau élevé et nettement au-dessus de leur moyenne de long terme.
Poussée de fièvre des cours des métaux, mais…
Côté
métaux industriels, le redressement des cours est tout aussi
spectaculaire (+ 82% depuis leurs derniers points bas). Cuivre, nickel,
aluminium, argent s’inscrivent tous sur des tendances haussières. Bilan,
l’indice global a dépassé ses derniers pics de 2018 et sont au plus
haut depuis 10 ans.
Une poussée de fièvre dont les mécanismes
ne semblent pas devoir perdurer avec autant d’intensité. Trois forces
ont été à l’œuvre. L’opportunisme des industriels chinois, qui se sont
rués sur les marchés au printemps 2020 au moment où les cours avaient
plongé pour reconstituer leurs stocks. En face, l’activité des sites de
production était fortement perturbée par la pandémie et la mise de place
des mesures sanitaires, créant des tensions sur les approvisionnements.
Il faut enfin ajouter une dose de spéculation, les investisseurs misant
sur une rapide convalescence de l’économie mondiale après la pandémie.
C’est un signal faible, mais depuis peu le cuivre a perdu un peu de son
éclat.
Pétrole : une offre prévue en hausse
C’est
à la lumière de l’évolution de l’offre qu’il faut enfin analyser les
cours du pétrole passés d’à peine plus de 17 dollars le baril courant
avril 2020 à plus de 70, une multiplication par 4 ramenant les prix à
leurs niveaux d’avant la crise, loin néanmoins, très loin des derniers
sommets sans parler des anciens records. Une remontée acquise aux
forceps, c’est-à-dire aux prix d’une coupe claire de l’offre soumise à
des quotas de production pour coller au décrochage de la demande et
éviter aux cours de s’enliser durablement trop bas. Mais cela se paie au
prix cher. Les ressources pétrolières indispensables aux bons
équilibres des comptes extérieurs et publics se sont asséchées avec à la
clé le gonflement des déficits publics. C’est bien pourquoi les
prévisions sont à une hausse de l’offre même si l’impact de l'ouragan
Ida sur les infrastructures pétrolières du golfe du Mexique peut
retarder un peu le mouvement.
Bref, que ce soit pour les
denrées agricoles, les métaux ou le pétrole, le scénario d’un nouveau
super-cycle des matières premières n’est pas d’actualité, avec en
perspective un changement d’orbite de l’offre et une accalmie des prix
pour la fin d’année.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ce blog est ouvert à la contradiction par la voie de commentaires. Je tiens ce blog depuis fin 2005; je n'ai aucune ambition ni politique ni de notoriété. C'est mon travail de retraité pour la collectivité. Tout lecteur peut commenter sous email google valide. Tout peut être écrit mais dans le respect de la liberté de penser de chacun et la courtoisie.
- Je modère tous les commentaires pour éviter le spam et d'autres entrées malheureuses possibles.
- Cela peut prendre un certain temps avant que votre commentaire n'apparaisse, surtout si je suis en déplacement.
- Je n'autorise pas les attaques personnelles. Je considère cependant que ces attaques sont différentes des attaques contre des idées soutenues par des personnes. Si vous souhaitez attaquer des idées, c'est bien, mais vous devez alors fournir des arguments et vous engager dans la discussion.
- Je n'autorise pas les commentaires susceptibles d'être diffamatoires (au mieux que je puisse juger car je ne suis pas juriste) ou qui utilisent un langage excessif qui n'est pas nécessaire pour l'argumentation présentée.
- Veuillez ne pas publier de liens vers des publicités - le commentaire sera simplement supprimé.
- Je suis pour la liberté d'expression, mais il faut être pertinent. La pertinence est mesurée par la façon dont le commentaire s'apparente au sujet du billet auquel le commentaire s'adresse. Si vous voulez juste parler de quelque chose, créez votre propre blog. Mais puisqu'il s'agit de mon blog, je vous invite à partager mon point de vue ou à rebondir sur les points de vue enregistrés par d'autres commentaires. Pour ou contre c'est bien.
- Je considère aussi que la liberté d'expression porte la responsabilité d'être le propriétaire de cette parole.
J'ai noté que ceux qui tombent dans les attaques personnelles (que je supprime) le font de manière anonyme... Ensuite, ils ont l'audace de suggérer que j'exerce la censure.