Les rues de Kigali vibrent au rythme de la circulation, les motos se faufilent entre les bus, les échoppes sont bondées. En apparence, Kigali ressemble à n’importe quelle grande ville du cœur de l’Afrique. Mais elle est pourtant bien différente des autres métropoles du continent.

Aujourd’hui, la capitale du Rwanda est célèbre pour ses collines verdoyantes où vivent les derniers gorilles de montagne, et la propreté immaculée de ses rues. Mais, pour beaucoup, cette ville reste liée au génocide, où entre 800 000 et un million de Tutsis ont été assassinés au cours d’une terrible guerre ethnique en 1994. Aujourd’hui, grâce à la mobilisation des habitants, et un esprit d’entreprise très ancré dans les mentalités, Kigali va de l’avant, sans jamais oublier les leçons du passé.

Les précieuses vaches

Quand on traverse Kigali en voiture, la propreté et l’absence d’ordures sont un choc. Il n’y a pas un seul déchet, pas un morceau de papier, pas une bouteille en plastique par terre.

Si la ville paie certains habitants pour nettoyer les rues, le dernier samedi de chaque mois, chaque famille doit participer au nettoyage de son quartier. C’est ce qu’on appelle l’umuganda, qui se traduit par “se réunir dans un but commun”. Il s’agit d’un ancien concept rwandais, officiellement remis au goût du jour en 2009. Des sanctions sont prévues pour ceux qui refusent d’y participer. Grâce à cette pratique, Kigali est désormais l’une des capitales les plus propres au monde.

L’umuganda s’inscrit dans un processus de guérison généralisé à l’ensemble du Rwanda. Le gouvernement a également rétabli la tradition du girinka, un programme d’aide sociale qui consiste à offrir une vache aux familles les plus vulnérables. Les vaches sont très précieuses au Rwanda, elles permettent de sortir définitivement de la pauvreté. Et lorsqu’une vache a un veau, la tradition veut que ses propriétaires le donnent à leur voisin. 

Si vous voulez souhaiter bonne chance à quelqu’un, vous lui offrez une vache, explique Edouard Bamporiki, poète et ministre de la Culture du Rwanda. Et donner une vache, c’est une manière de sceller des liens d’amitié. Impossible de trahir quelqu’un qui vous donne une vache.”

Se relever après le génocide

Il n’y a pas que les traditions qui soient appelées à la rescousse pour la création d’un nouveau Kigali. Mathias Kalisa est un jeune entrepreneur qui, grâce au

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