“Pénurie de main-d’œuvre, qui sera ouvrier demain ?” s’interroge cette semaine en une l’hebdomadaire de Pékin Sanlian Shenghuo Zhoukan. Depuis la réforme économique et la mise en place de la politique d’ouverture, en 1979, la Chine a réalisé de brillants résultats en matière d’industrialisation. “Nous avons le secteur industriel le plus complet au monde”, revendique le magazine, en soulignant que parmi les 500 produits industriels majeurs, la Chine en fournit plus de 220, ce qui fait d’elle le premier producteur mondial. En 2010, la valeur de sa production manufacturière s’est hissée à la première place mondiale, et demeure, jusqu’à présent, indétrônable.

Mais la population en âge de travailler (16-59 ans) a atteint son point culminant, avec 925 millions de personnes, en 2003. Depuis lors, d’année en année, elle n’a fait que diminuer. Selon une estimation, cette diminution devrait s’accélérer à partir de 2030, avec un nombre moyen annuel de 7,6 millions de personnes en moins. Même si en chiffres absolus, l’“atelier du monde” disposera toujours d’une abondante main-d’œuvre, l’impact de l’évolution de la structure démographique sur les usines chinoises sera persistant et profond.

Du sens à sa vie

Dans un article de son dossier, Sanlian Shenghuo Zhoukan s’interroge sur le paradoxe entre la “pénurie de main-d’œuvre” et les “difficultés à trouver un emploi” dans le pays. Si le premier aspect de ce paradoxe s’applique aux usines, les diplômés de l’enseignement supérieur rencontreront le second. Le nombre de diplômés de l’enseignement supérieur va continuer à croître pour dépasser le seuil de 9 millions pour la première fois en 2021, et plus de 10 millions l’année suivante.

Par ailleurs, le magazine relève que les mentalités ont changé, comme l’explique ce responsable d’une société d’électroménager dans la province du Guangdong : “Il y a dix ans, les ouvriers faisaient des heures supplémentaires, la demande des ouvriers était de gagner de l’argent. Ils n’étaient pas contents quand vous leur proposiez trop de repos… Maintenant, de nombreux jeunes me disent : ‘Chef, même si vous me donnez un salaire élevé, mais que je n’ai pas le temps de le dépenser, quel est le sens de la vie ?’