CHRONIQUE. L’officialisation de la candidature de Renaud Muselier pour la présidence de la région, en s’alliant à LREM, sème la panique chez certains cadres LR.
Qui pense aux élections régionales de la fin juin ? Les Français se demandent quand ils vont aller boire un verre dans leur bar favori, s'interrogent sur le lieu de leurs vacances, si le déconfinement progressif annoncé hier par Emmanuel Macron le leur permet. D'autres font la queue à la porte des vaccinodromes, d'autres enfin se demandent, tout simplement, quand la vie « normale » reprendra son cours. Mais d'élections régionales, il n'est guère question dans les discussions familiales. Et pourtant, la course a déjà commencé, et elle prend un tour particulier en Paca, où le président du conseil régional, Renaud Muselier, a officialisé sa candidature mardi dernier. Depuis, c'est la tempête chez Les Républicains.
Pourquoi ça ? Parce que Renaud Muselier est soupçonné depuis longtemps déjà par une partie des dirigeants LR de vouloir mener sa barque à sa guise, c'est-à-dire de lorgner un rapprochement régional avec les macronistes dans le but de barrer la route à un Rassemblement national que l'on sait particulièrement en forme dans sa région. Muselier, qui n'est pas un débutant, a pourtant tenté, dès l'annonce de sa candidature, de ne froisser personne dans son camp : il a simplement précisé que sa liste était ouverte, qu'il ne ferait aucun accord d'appareil et notamment pas avec La République en marche, mais qu'enfin il était un homme libre et qu'il prenait justement la liberté de rassembler autour de lui les bonnes volontés, d'où qu'elles viennent, sauf des extrêmes, qui voudraient bien se rallier à son panache. Pour les dirigeants de LR, et pour une partie des Républicains de la région, cette précision est loin d'être anodine. Elle annonce bel et bien un rapprochement dès le premier tour, avec le parti présidentiel.
Une petite musique bien connue
À vrai dire, le procès ne date pas d'hier. Avant Muselier, c'est Christian Estrosi, maire de Nice, qui était au banc des accusés, soupçonné déjà d'un éventuel ralliement à Emmanuel Macron, avec lequel, en effet, il entretient des relations, d'ailleurs plus cordiales que politiques.
Panique donc, chez Les Républicains, à l'annonce de l'entrée en campagne de Renaud Muselier. Comment, disent une partie de ses dirigeants nationaux, affronter l'année prochaine, à la présidentielle, un Emmanuel Macron avec lequel on a pactisé, pour les régionales, quelques mois auparavant ? Localement, l'agitation est encore pire : le député des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti, ou le maire de Cannes, David Lisnard, parlent de scandale, crient à la trahison et refusent d'envisager, eux, la moindre ouverture à quelque macroniste que ce soit, vrai ou soupçonné de l'être. Une polémique à laquelle un tweet percutant de Renaud Muselier, hier, à Éric Ciotti ne mettra certes pas fin : « Éric Ciotti a dit que je pourrais avoir la défaite et le déshonneur aux régionales de 2021. En 2017, je les ai évités en appelant à voter pour Emmanuel Macron face à Marine Le Pen. Lui, non. Nous n'avons clairement pas la même idée de la droite ni de la France. »
En réalité, le problème, pour Muselier, s'appelle toujours Marine Le Pen. Les sondages – quoi qu'ils disent, les hommes politiques les lisent et y croient – sont aujourd'hui formels. Selon les estimations de l'Ifop, Renaud Muselier n'arriverait pas en tête au premier tour en juin prochain. Le candidat du Rassemblement national, Thierry Mariani, ancien député RPR du Vaucluse, ex-ministre de Nicolas Sarkozy et aujourd'hui député européen sous l'étiquette du parti de Marine Le Pen, le devancerait de quatre points. Dans ce cas, l'actuel président de la région se retrouverait bel et bien coincé entre le candidat du Rassemblement national, d'un côté, et la candidate LREM, Sophie Cluzel, de l'autre. Situation compliquée encore par le fait que la gauche est arrivée, il y a peu, à s'unir pour remporter la mairie de Marseille. Muselier sait qu'une élection est basée sur une dynamique plus que sur une addition mathématique. Il craint qu'un retard au premier tour n'entraîne une défaite au second.
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« Il faut faire comprendre, résume sans circonlocution l'un de ses principaux alliés, que si on ne s'allie pas, d'une façon ou d'une autre, à la majorité présidentielle, nous perdrons face au Rassemblement national. »
Qui peut assurer, chez Les Républicains, le contraire ? À la commission d'investiture et au conseil national de LR, qui se réunissent la semaine prochaine, de répondre à la question.
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