L’ex-président américain Donald Trump a échappé samedi 13 février à un verdict de culpabilité à l’issue de son second procès en destitution devant le Sénat américain, qui le jugeait pour “incitation à l’insurrection” après l’assaut de ses supporteurs contre le Capitole le 6 janvier.
Les sénateurs ont été une majorité, 57 sur 100, à se prononcer pour une condamnation du milliardaire. Comme prévu, les deux tiers de la chambre haute, soit 67 voix, le seuil fixé par la Constitution américaine pour parvenir à un verdict de culpabilité qui aurait pu être suivi d’une peine d’inéligibilité, n’a pas été atteint. Ce dénouement marque toutefois une réprobation “historique” du Sénat, assure le Washington Post :
Non, Trump n’a pas été condamné. Mais il a subi le vote le plus bipartisan jamais enregistré en faveur de la condamnation d’un président lors d’un procès en destitution – et l’une des réprimandes les plus importantes de l’histoire américaine à l’encontre d’un président. C’est loin d’être rien.”
La surprise aura été dans le nombre de républicains, sept, qui ont joint leurs voix à celles des démocrates pour voter la condamnation : les sénateurs Richard Burr (Caroline du Nord), Bill Cassidy (Louisiane), Susan Collins (Maine), Lisa Murkowski (Alaska), Mitt Romney (Utah), Ben Sasse (Nebraska) et Patrick Toomey (Pennsylvanie). Le quotidien rappelle que, “une seule fois auparavant”, “un seul membre d’un parti présidentiel avait voté pour la condamnation d’un président” : Mitt Romney, lors du premier procès en destitution de Donald Trump.
Donald Trump s’est dans la foulée félicité de son acquittement, se posant une nouvelle fois en victime d’une “chasse aux sorcières”, dans un communiqué relayé par Fox News. La chaîne, qui relève que l’ancien chef de l’État ne s’était pas exprimé publiquement depuis le début de la semaine, note qu’il laisse penser qu’il compte bien rester dans le paysage politique :
Notre mouvement historique, patriotique et magnifique, Make America Great Again, ne fait que commencer. Dans les mois à venir, j’aurai beaucoup de choses à partager avec vous et suis impatient de continuer notre incroyable aventure pour la grandeur de l’Amérique.”
Cet “acquittement amer” n’est “pas du tout une victoire”, corrige le New Yorker, qui estime que “l’histoire jugera Trump coupable”. “Ce qui est devenu évident” au cours du procès, souligne le magazine, c’est que certains membres républicains du Congrès “en sont venus à craindre le potentiel de violence parmi leurs électeurs”. Et “plutôt que de persuader, de résister ou de poursuivre ces personnes, ils les apaisent. Pour ce faire, ils s’inclinent en direction de Palm Beach”, la ville de Floride où vit désormais Donald Trump, dans sa résidence de Mar-a-Lago.
Les républicains divisés
La conclusion “spectaculaire” du second procès de destitution de l’ancien président Donald Trump a mis à nu “de profondes divergences” entre les républicains, qui se divisent “non seulement sur la question de la culpabilité de M. Trump, mais aussi sur l’avenir de leur parti et le rôle de M. Trump dans ce dernier”, relève le Wall Street Journal.
En votant pour acquitter Donald Trump, les sénateurs du Grand Old Party (GOP) se sont abstenus “de franchir une étape qui aurait pour effet d’écarter définitivement le chef de facto de leur parti – une figure encore très populaire auprès de leur base – de toute future fonction fédérale”, tout en “tentant de prendre leurs distances” avec lui. Le plus influent d’entre eux, le leader de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, après avoir voté en faveur de l’acquittement, s’est exprimé à la chambre haute pour dénoncer le “comportement inacceptable” de Donald Trump et l’a tenu pour responsable d’avoir “inspiré l’anarchie et la violence”.
Une tache sur le bilan du parti républicain
Pour le New York Times, en acquittant Donald Trump, le GOP s’est condamné à vivre avec lui : “Le vote est un moment charnière pour le parti que M. Trump a transformé en un culte de la personnalité, susceptible de laisser une tache profonde sur son bilan historique. Maintenant que les républicains ont laissé passer l’occasion de le bannir par une destitution, on ne sait pas quand – ni comment – ils pourraient transformer leur parti en quelque chose d’autre qu’un vaisseau pour un démagogue semi-retraité qui a été répudié par une majorité d’électeurs.”
Une option se dessine, selon le New York Magazine, qui note que Mitch McConnell a pris soin de souligner qu’un président peut être poursuivi en justice après avoir quitté la Maison-Blanche : “Les sénateurs républicains demandent aux tribunaux de régler la question Trump”.
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