Si l’équilibre est une vertu, le «en même temps» peut être source de confusion. En ce moment d’extrême fébrilité autour de l’action des forces de l’ordre, Emmanuel Macron subit l’effet boomerang de ses déclarations de vendredi chez Brut. Et contribue à attiser un incendie qu’il se faisait fort d’éteindre.
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L’intention présidentielle initiale était louable. En allant chez Brut, chaîne d’information en ligne regardée par des jeunes, il ne voulait pas hurler avec ceux qui imputent les tensions dans la société à de seules et supposées «violences policières». Au contraire, s’il a été sur leur terrain, c’est pour leur dire leur fait. Leur dire les yeux dans les yeux que cette expression est «un slogan» qui recèle un «projet politique» qui, in fine, conteste l’ordre démocratique. Non sans vigueur, pendant trois quarts d’heure, il défend les forces de l’ordre, rappelle les violences dont eux sont victimes et démonte le procès en mise en danger des libertés publiques dont il serait coupable.
Emmanuel Macron contribue à attiser un incendie qu’il se faisait fort d’éteindre.Mais voilà, dans le feu de l’échange, Macron fait une concession: «Je n’ai pas de problème à répéter le terme de violences policières.» Certes en ajoutant aussitôt «mais je le déconstruis».
«Pensée complexe», s’enorgueillissait-il en 2017. Pensée trop complexe en l’occurrence. Et la concession sémantique est d’autant plus étonnante que le chef de l’État avait lui-même mis en lumière le piège. A-t-il été victime d’un excès de confiance? Emmanuel Macron aime débattre, mais il veut convaincre. Il aime montrer qu’il sait remettre à leur place des contradicteurs coriaces - d’Edwy Plenel à la chaîne Al Jazeera -, mais il a tout autant envie de les séduire, de décrocher leur assentiment. Leur accorder un point est un moyen d’obtenir une victoire concédée et non arrachée par K.-O. Au risque que le point espéré de la victoire tombe de l’autre côté de la ligne.
D’autant qu’au cours de ce même entretien sur Brut, le président de la République a également validé l’idée selon laquelle une personne «de couleur de peau non blanche» - prudente périphrase - avait plus de chances d’être contrôlée. Comment s’étonner qu’un syndicat policier conclue que le seul moyen de ne pas être accusé de «contrôle au faciès» était de ne plus en faire du tout?
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Après Gérald Darmanin, suspect d’excès de zèle dans sa défense des policiers, voici Emmanuel Macron accusé de «lâcher» les forces de l’ordre. Si le procès est excessif dans les deux cas, l’impression de balancier fait désordre et donne du grain à moudre à une opposition de droite pas mécontente de prendre l’exécutif en défaut sur la sincérité ou, à tout le moins, la lisibilité de son tournant régalien. Les images de samedi, hélas répétitives, ont pourtant confirmé que les forces de l’ordre avaient besoin, plus encore en ces temps-ci, d’être défendues plutôt que montrées du doigt.
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