"Ce campus virtuel nous réintègre dans le cercle social étudiant", explique Maxime Reith, ou plutôt son double numérique. "Ça nous permet d’échanger plus librement", abonde Jennifer Vallin. Bien sûr, ce n’est pas la vraie vie. "Mais on retrouve des schémas mentaux que l’on a sur un campus physique, en rompant avec la monotonie des cours en ligne classiques", souligne Alain Goudey, le directeur de la transformation digitale de l’école.
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Sur les tableaux de sa classe virtuelle, le professeur fait défiler les slides de son cours, lance une recherche sur Google. Il peut apparaître en visio ou déplacer son avatar pour discuter avec un étudiant. Ses élèves, eux, peuvent intervenir en levant la main mais aussi manifester leurs émotions, comme l’incompréhension en écartant les bras ou leur joie en faisant des cabrioles… Le campus digital de Neoma organise même des événements avec des centaines de participants connectés partout dans le monde. "On peut aussi prendre rendez-vous avec un psy, une infirmière, des coachs et même suivre des cours de qi gong à distance", explique Jean-Philippe Bertrand, qui pilote cette expérience.
Antidote distanciel
Bien entendu, les portes ne ferment jamais. Le site est ouvert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. "Nous avons réalisé en dix mois ce que nous n’avions pas fait en dix ans, souligne Delphine Manceau, la directrice générale de Neoma, qui a investi 1,5 million d’euros cet été pour accélérer la transformation digitale. Il s’agit d’équipements multimédias mais aussi des contenus numériques – mini-vidéos conçues par Harvard, quiz thématiques et mises en situation – pour animer les cours à distance."
Le Covid a eu l’effet d’une déflagration sur l’enseignement supérieur. En particulier pour les business schools, qui se sont beaucoup internationalisées. En quelques semaines, le digital s’est imposé comme l’antidote à cette crise hors du commun. Et les grandes écoles comme les universités ont basculé dans un mode distanciel sans y être vraiment prêtes. "Nous avons équipé une vingtaine de salles et d’amphis en matériel et créé une plateforme d’enregistrement des cours", indique, par exemple, Nicolas Glady, le directeur de Télécom Paris, qui vient d’emménager dans un nouveau campus à Palaiseau (Essonne).
Pourtant, en novembre, les campus avaient des airs de villes fantômes et le malaise monte parmi les étudiants. Une pétition lancée sur le site MesOpinions.com "pour un remboursement partiel des frais de scolarité", visant les écoles de commerce, a recueilli plus de 20 000 signatures en deux semaines. Et suscité 5.500 commentaires. "Confinée dans 20 mètres carrés avec trois mois de loyers inutiles", écrit, par exemple, Camille. Tous les services, les infrastructures, la vie associative et les partenariats académiques, cette fameuse expérience qui fait la force des business schools, sont à l’arrêt. "C’est une parenthèse dont on doit tirer des leçons", espère Alice Guilhon, la directrice générale de Skema, qui rappelle que les écoles de commerce sont pour la plupart des associations à but non lucratif. "On ne fait pas d’argent sur le dos des familles", tient-elle à préciser.
Parcours reconfigurés
Ainsi, malgré le calme apparent, l’enseignement supérieur est en pleine ébullition. Dans les universités, les frontières s’estompent entre les filières. "On va tout éclater, lance François Germinet, président de CY Cergy Paris Université, qui détaille son projet: nous avons ouvert à la rentrée une grande école de sciences, d’ingénierie, d’économie et de gestion. Et nous y intégrerons bientôt une école de design avec Dominique Sciamma, l’ancien directeur de Strate College."
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Grâce à la puissance de recherche de sa faculté, il vise le Top-10 des écoles d’ingénieurs pour 2030. "Nous avons également des parcours en licence classique, annonce-t-il, mais il y aura des passerelles en interne. Et aussi des formations très professionnelles en un an." Cette volonté de "découper les barbelés" s’explique par la forte concurrence, y compris entre universités franciliennes, dont Paris-Saclay, désignée en 2020 parmi les meilleures au monde, à la quatorzième place du classement de Shanghai.
"La modularité des études permet de ne rien s’interdire, affirme Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur, qui a fait de la réussite en licence une priorité. Cela conforte la confiance en soi plutôt que la réorientation par l’échec." Après des décennies à se regarder en chiens de faïence, universités et grandes écoles multiplient les partenariats. "Il faut sortir du village gaulois en offrant plus de clarté et d’unité", appuie Nicolas Glady.
La solidité de l’enseignement couplée à l’expérience professionnelle offre un cocktail gagnant. "La qualité des diplômés français est réputée mondialement", assure Sandrine Belloc, du cabinet Emerging, qui réalise chaque année un classement mondial de l’employabilité pour Times Higher Education. Et si les grandes universités américaines et anglaises trustent le Top-5, cette année, en termes de pays, la France est le deuxième le plus cité derrière les Etats-Unis, devant l’Allemagne. Un point positif pour affronter la crise.
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