À un point tel, que le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, choqué par les images, a demandé un rapport au préfet de police de Paris, Didier Lallement. L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie. Inexpérimentée en maintien de l'ordre public, « MO », comme on dit dans le jargon policier, Valérie Martineau, l'ex-patronne des policiers du Val-de-Marne, a fait l'essentiel de sa carrière en service d'investigation judiciaire.
La DOPC chargée du maintien de l'ordre jusqu'à 19 heures
À l'heure de l'intervention policière, lundi en début de soirée, la direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC), qui dispose des forces spécialisées en maintien de l'ordre, n'était plus opérationnelle. C'est donc la DSPAP qui a rempli les missions de sécurité de l'ordre public. Avec ses brigades anticriminalité, dont la vocation est l'intervention en flagrant délit, le « saute-dessus » et non le maintien de l'ordre… Lundi, 30 véhicules étaient engagés et la majorité du dispositif était composée des BAC nuit de Paris et des cousines des Hauts-de-Seine, de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne. La compagnie de sécurisation et d'intervention (CSI75) et un escadron de gendarmes mobiles complétaient le dispositif.
« Conformément aux instructions reçues, elles [les forces de l'ordre, NDLR] procédaient à l'éviction des migrants et au démontage des tentes installées. Les 200 abris récupérés étaient mis en consigne rue de l'Évangile. Les contestataires tentaient ensuite de se regrouper pour organiser un cortège, mais l'intervention des forces de l'ordre mettait fin à leur initiative », peut-on lire dans le rapport d'intervention de la DSPAP que Le Point a pu consulter.
Usage d'armes intermédiaires
« Six usages de MFI [armes intermédiaires non létales, NDLR] étaient toutefois nécessaires pour stopper cette progression hostile. Les migrants et leurs partisans étaient repoussés vers le nord de la capitale puis vers la Seine-Saint-Denis. Le secteur retrouvait une physionomie normale. Lors de l'opération, place de la République, trois individus étaient interpellés (deux pour violences et injures, un pour violence sur personne dépositaire de l'autorité publique avec arme par destination). Un migrant et un manifestant étaient légèrement blessés et pris en compte par les sapeurs-pompiers pour soins », lit-on encore.
Selon un gradé, les ordres d'évacuation ont bien été respectés : « Les suites de l'évacuation ne sont pas à la charge des forces de l'ordre », précise-t-il. Néanmoins, certains gestes des forces de l'ordre en intervention ont choqué. Rendu à la mi-journée, mardi 24 novembre, le rapport commandé par Gérald Darmanin au préfet de police fait état de manquement disciplinaire.
Enquête judiciaire
Le parquet de Paris a d'ores et déjà ouvert de son côté une enquête judiciaire à la suite de la diffusion d'images sur Twitter où on voit un fonctionnaire de police « faire un croche-pied à un migrant », selon le parquet. La justice a ouvert une autre enquête sur des violences et outrages commis sur des policiers.
Reste le donneur d'ordre. Valérie Martineau servira-t-elle de fusible ? « Elle montre peu d'appétence pour le maintien de l'ordre. Durant la séquence Gilets jaunes, elle était absente de la salle de commandement. Ces dernières semaines, elle a également rechigné sur la priorité gouvernementale quant à la lutte contre le trafic de stupéfiants », tacle une source à la préfecture de police.
L'utilisation de la BAC 93, dans le dispositif de lundi soir place de la République, mise en cause pour sa brutalité, selon certains témoignages, est également contestée. Autre grief reproché à Valérie Martineau : celui d'avoir maintenu le patron tant décrié de la police du 93, et d'avoir renvoyé, il y a quinze jours, son adjoint, très populaire auprès des policiers de terrain. Un choix entériné par le préfet de police Didier Lallement et Frédéric Veaux, le directeur général de la police nationale. Au détriment de l'efficacité du service et de la demande de sécurité de la population séquano-dionysienne ?
Lors de son limogeage en mars 2019, en pleine crise des Gilets jaunes, le préfet de police Michel Delpuech avait entraîné son DSPAP dans sa chute. L'histoire ne se répète pas. Mais elle pourrait bégayer.
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