Dans la France confinée, les libraires ont pris le leadership de la révolte du petit commerce contre les géants de la vente en ligne, injustement avantagés dans la crise sanitaire. Ce correspondant canadien du journal Le Devoir leur reconnaît un pouvoir de nuisance important et rappelle quelques précédents historiques.
“Il y a quelqu’un ? – Oui, je suis là”, répond Patricia Menay, dissimulée derrière une pile de livres.
À Montmartre, la minuscule librairie Anima ne fait que 25 m2. On circule à peine entre les recueils de poésie qui s’élèvent en tas au milieu de la place. Depuis le reconfinement, la libraire répond aux clients dans la petite rue Ravignan, où les habitués viennent chercher leurs commandes sans entrer dans la librairie. Les touristes qui fréquentaient ce quartier situé à deux pas du célèbre Bateau-Lavoir ont aujourd’hui disparu.
“De quel droit nos dirigeants nous disent-ils que le livre n’est pas un produit essentiel ? Je crains qu’ils soient un peu déconnectés de notre quotidien. Nous, on veut simplement travailler”, dit-elle. Comme des milliers d’autres petits commerçants, Patricia Menay tente tant bien que mal de survivre à ce nouveau confinement, qui devrait se poursuivre jusqu’au 2 décembre et qui touche 200 000 petites entreprises dont les produits sont jugés “non essentiels”.
Depuis deux semaines, les libraires ont pris le leadership d’un mouvement de contestation qui ne cesse de s’étendre. À Cannes, la librairie Autour d’un livre a dû être évacuée à deux reprises après avoir refusé de baisser sa devanture. Soutenue par le maire et un collectif d’écrivains, sa propriétaire, Florence Kammermann, risque six mois de prison et 3 500 euros d’amende. À Paris, les écrivains Sylvain Tesson, Nancy Huston et Chloé Delaume ont aussi dénoncé la fermeture des librairies.
“Nous n’avons toujours pas compris pourquoi un
petit commerce qui respecte les mesures sanitaires serait plus
contaminant qu’une grande surface”, dit Lionel Saugues,
vice-président de la Fédération française des associations de
commerçants et de la Confédération des commerçants de France, qui
chapeaute 19 organisations professionnelles regroupant
450 000 entreprises et près d’un million de salariés. Car le livre n’est
pas seul en cause. Après Lyon et Biarritz, lundi, ils étaient près d’un
millier de commerçants dans les rues.
Source Courrier International
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