La récente perquisition de domiciles de plusieurs ministres et responsables politiques français a fait les gros titres. Mais il est très peu probable qu’ils soient inquiétés pour leur gestion de la crise sanitaire, explique le quotidien britannique The Independent.
Olivier Véran, Édouard Philippe, Jérôme Salomon : les perquisitions dans les bureaux et domiciles de personnalités politiques de premier plan en France ont suscité l’attention à travers la planète, rapporte The Independent. L’ancien Premier ministre, l’actuel ministre de la Santé et le directeur de la Santé sont visés par une enquête sur leur gestion de la crise sanitaire.
“Tout le monde retient son souffle en se demandant si des têtes vont tomber”, écrit le site d’information. Mais prévient d’emblée : “On risque d’attendre longtemps : à l’arrivée personne ne sera emprisonné, personne ne sera condamné pour quoi que ce soit.”
Depuis juillet, une information judiciaire est ouverte par la Cour de justice de la République (CJR). Il s’agit de déterminer si les responsables, parmi lesquels on compte également l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn et l’ex-porte parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, ont pu commettre des infractions pénales dans la crise du coronavirus.
“C’est totalement absurde”
“C’est la colère suscitée par la gestion de la crise sanitaire qui a abouti à des dizaines de dépôts de plaintes par des médecins, des maisons de retraite, des municipalités et de simples citoyens. Les anciens ministres sont accusés d’homicide involontaire et de mise en danger de la vie d’autrui, et le gouvernement se voit reprocher d’avoir pris trop de temps à mettre en place les tests et d’avoir minimisé l’importance du port du masque.”
La CJR a retenu le chef d’“abstention de combattre un sinistre”. Mais la procédure a peu de chances d’aboutir et est même totalement absurde, explique le journaliste. D’abord, “du fait des lenteurs de la justice française, il est probable qu’il faudra un certain temps avant que des charges ne soient retenues contre les intéressés”. Comme c’était le cas, rappelle le site, pour l’ancien président Nicolas Sarkozy dans l’enquête sur les soupçons de financements libyens de sa campagne présidentielle. Deuxièmement, le fait que ce soit à la Cour de justice de la République de se charger de l’affaire ne laisse pas présager des conséquences lourdes pour les politiques. “Sur les dix affaires dont la Cour a été saisie depuis sa création il y a près de trente ans, aucune n’a donné lieu à un emprisonnement.” La CJR a même dispensé de peine une autre inculpée notable, Christine Lagarde.
Mais c’est aussi la nature du chef retenu qui rend une condamnation presque impossible. “Je ne vois pas comment ils pourront prouver que Véran et d’autres ont essayé intentionnellement de tuer des Français… C’est totalement absurde”, assure à The Independent Bruno Jeambar de l’institut de sondage OpinionWay. “Le procès devrait traîner pendant des années, et soit être abandonné, soit se conclure par des non-lieux”, prédit-il.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ce blog est ouvert à la contradiction par la voie de commentaires. Je tiens ce blog depuis fin 2005. Tout lecteur peut commenter sous email valide et sous anonymat. Tout peut être écrit mais dans le respect de la liberté de penser de chacun et la courtoisie. Je modère les commentaires pour éviter le spam et d'autres entrées malheureuses possibles. Cela peut prendre un certain temps avant que votre commentaire n'apparaisse, surtout si je suis en déplacement.