François Fillon |
Pour François Fillon, il s'agit d'un «combat global » qui va bien au-delà de l'école mais qui touche toute la société alors qu'«une partie significative de la communauté musulmane refuse de s'intégrer, d'accepter les règles de la République et de la vie en commun. La situation à l'école n'est que la conséquence de cette situation générale». Raison pour laquelle, selon l'ancien premier ministre, «l'école et les enseignants ne peuvent pas, à eux seuls, lutter contre un phénomène qui se traduit par le basculement de quartiers entiers dans une forme de séparatisme, pour reprendre le mot du président de la République ». Raison pour laquelle, aussi, François Fillon juge nécessaire de «bannir le voile de tout l'espace public», dans «les établissements scolaires, universitaires, lors des scolaires et même dans tous les établissements recevant du public», détaille-t-il.
«L'aggravation de la situation est évidente»
Un mot que François Fillon ne reprend pas à son compte. «Le moteur de ce refus d'intégration n'est pas seulement l'imposition au monde des règles, des valeurs, des dogmes de la religion musulmane . C'est pourquoi je parle de totalitarisme», explique-t-il. « Le séparatisme islamiste commence quand les musulmans veulent vivre selon leurs coutumes, leurs lois, leur organisation en marge de la République ; le totalitarisme islamique correspond à un projet global qui consiste à imposer au monde les règles, l'idéologie de la religion musulmane», distingue-t-il en appelant le gouvernement à aller plus loin que «des demi-mesures» sur le contrôle de l'immigration ou encore la réforme du droit d'asile.
«Il est faux de dire que l'État est aujourd'hui impuissant», répond l'ancien premier ministre. « La prétendue impuissance de l'État est le plus souvent liée à la pusillanimité de ses dirigeants ou à leur incapacité à prendre des décisions polémiques qui leur vaudront les foudres des moralisateurs qui dominent le débat public sur ce sujet», fait-il valoir.
Pour François Fillon, il est urgent d'agir. «Le nombre de prédicateurs, de fidèles eux-mêmes qui désormais adhèrent à l'idée que les règles religieuses, la charia, s'imposent aux règles républicaines, aux lois de leur pays, a considérablement augmenté», s'inquiète-t-il dans L'Express. «Les signes sont de plus en plus nombreux. Parmi eux, le port du voile, l'intransigeance sur les sujets d'abattage rituel, la contestation permanente du calendrier, de l'Histoire même... », rappelle François Fillon, qui prévient : «l'aggravation de la situation est évidente».
Selon l'ancien premier ministre cette aggravation est d'autant plus «sensible» en France que «nous avons une immigration forte et insuffisamment maîtrisée, et un projet national trop faible pour assurer l'intégration. Le manque de confiance en nous, en notre culture, en notre passé, atteint des sommets délirants avec la contestation de toutes les grandes figures de l'Histoire, le déboulonnage des statues, le procès permanent fait à tous les dirigeants de notre pays d'être soit des esclavagistes soit des prédateurs sexuels.»
L'ancien premier ministre presse les Français de confession musulmane de réagir. Ils «ne peuvent pas se contenter d'émettre quelques protestations à voix basse quand il y a un drame : ils doivent combattre sans faiblesse les dérives d'une partie des leurs». Dans ce contexte, pour François Fillon il faut «mettre hors la loi les organisations les plus radicales, y compris les Frères musulmans».
«Nous ne sommes sûrement pas allés assez loin»
Dans l'interview, François Fillon prend soin de répondre aux critiques qui lui sont actuellement faites d'avoir enterré le rapport Obin sur les signes religieux à l'école. En 2004, quand l'inspecteur Jean-Pierre Obin le rend public, François Fillon est ministre de l'Éducation nationale. «Ce rapport n'a pas été ignoré, je cite le rapport Obin dans mon livre Vaincre le totalitarisme islamique , et j'explique notamment que, quand il a été rendu public, nous étions à la fois en train de mettre en œuvre la circulaire sur la laïcité et de finaliser la réforme de l'école avec quelques dizaines de milliers de manifestants tous les jours sous les fenêtres du ministère», fait valoir François Fillon, même s'il le concède : «Mais oui, nous ne sommes sûrement pas allés assez loin».
S'il ne «s'absout pas de toute responsabilité dans le fait que l'on n'a pas suffisamment pris en compte la radicalisation des postures à l'école», il rappelle néanmoins ses positions prises sur l'ensemble de ces sujets. «J'étais un des seuls dans le gouvernement Raffarin à défendre la loi sur le voile à l'école».
Dans cette «guerre de longue durée» qui s'annonce, François Fillon invite à «nommer les choses» juge sévèrement «l'aveuglement d'une grande partie de la gauche sur l'islamisation» et «la responsabilité des organisations syndicales, majoritairement de gauche, qui ont longtemps considéré que tout discours critique à l'égard des musulmans ou de l'immigration était stigmatisant ou d'extrême droite». Face à l'ampleur de la tâche, pour François Fillon, «il est primordial qu'on décrète une forme de mobilisation générale et qu'on mette de côté les arrière-pensées politiques».
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