13/08/2020

Xavier Bertrand : le temps des conquêtes .... 2020-2022

La France est en vacances, et la Corse est devenue la capitale politique. Dans la touffeur estivale, c'est la droite qui fait l'événement, et à chaque fois à partir de l'île de Beauté. Nicolas Sarkozy a lancé son livre Le Temps des tempêtes » (éd. de l'Observatoire) fin juillet par une grande signature à Ajaccio. Et Xavier Bertrand vient d'adresser depuis Lumio, dans la baie de Calvi, où il a ses habitudes en août, une carte postale diffusée par Corse-Matin visant à secouer une chronique politique assoupie. Fini de bâiller !
Le président des Hauts-de-France prend rivaux et journalistes de court en affirmant ses ambitions : « Je me prépare à l'élection présidentielle. » Il ne l'avait jamais dit aussi nettement. On sentait bien frétiller celui qui, avant l'été, avait durci son discours d'opposant canonnant Emmanuel Macron. Mais on ne pensait pas qu'il sortirait du bois, en l'occurrence du maquis corse, aussi vite.

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Oxygène

Il ne peut guère faire autrement. Question de survie : Xavier Bertrand a besoin de retrouver de l'oxygène politique. En propulsant à Matignon son ancien directeur de cabinet au ministère de la Santé, Jean Castex, sur lequel voici Bertrand contraint à dire tout le bien qu'il pense, sauf à renier cette sincérité qu'il porte en bandoulière, et son ami Gérald Darmanin au ministère de l'Intérieur, Emmanuel Macron, qui craint la candidature du chantre d'une droite sociale et populaire pour 2022, empêche l'homme du Nord de respirer. Quoi de mieux qu'un bon et vivifiant air corse pour reprendre de la vigueur. Et l'occasion pour le fils rebelle de la droite de ciseler un profil – napoléonien – solitaire, conquérant, droit dans ses convictions et son objectif. Bertrand qui, dans un dialogue avec l'essayiste canadien Mathieu Bock-Côté publié par Le Figaro Magazine le 19 juin, trouvait au général de Gaulle comme première des qualités le pragmatisme – « C'est quelqu'un qui a une vision, des convictions, mais qui est profondément pragmatique » – entame un dialogue direct avec le peuple. Celui qui a quitté le giron d'un parti dans lequel il militait depuis 1981 – il avait 16 ans quand il s'est encarté au RPR – devenu Les Républicains et avec lequel il a rompu en 2017, hostile à la ligne Wauquiez, reste ancré : « Je sais où est ma maison. Elle est à droite. Ça, il n'y a pas de doute. » Mais il préfère être maître chez lui : « Les gens en ont marre des partis, ils veulent des actes, peu importe de quel bord politique. Je veux rassembler les Français autour d'idées, pas les diviser. »
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Pendant que ses ex-amis LR concoctent leur programme présidentiel, sous la houlette de Christian Jacob et du pragmatique, lui aussi, Guillaume Peltier, qu'il continue de voir, parmi d'autres, le président des Hauts-de-France sillonne chaque jour que Dieu fait sa région à bord de sa voiture bureau, et à travers La Manufacture, association qu'il a fondée il y a un an, recueille doléances, idées, expériences, du concret SVP, de citoyens. Celui qui a entamé depuis trois ans une démarche solitaire et se nourrit discrètement tous azimuts sur le plan politique, intellectuel, entrepreneurial, de bas en haut de la société, récuse toute idée de primaires, ce laminoir d'idées et d'ambitions fatal au désormais très populaire Nicolas Sarkozy en 2016 : « Vous pensez que les gens ne sont pas vaccinés maintenant des primaires… »

Dès son élection à la tête des Hauts-de-France, terre de mission pour le Rassemblement national, Xavier Bertrand en 2015 avait fixé l'objectif, sachant pertinemment, et le disant publiquement, que son poste l'astreignait à une obligation de résultat face aux colères sociales. Depuis, le mouvement des Gilets jaunes, puis la crise du Covid n'ont fait que creuser les misères et attiser les haines. Pas de détour possible : « Ma primaire, ça sera le scrutin régional des Hauts-de-France, affirme Xavier Bertrand à Corse-Matin. Je ne veux plus de filtre entre le peuple et moi et je ne me soumettrai pas à des règles fixées par les partis politiques. » Un vrai chef politique n'est jamais aussi bon que dos au mur.

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