Didier Raoult est aujourd'hui plus connu des Français que la plupart des ministres du gouvernement Philippe. 20 % seulement des personnes interrogées par l'institut de sondages Harris Interactive pour LCI ne savent pas qui il est. 45 % ont une bonne image de lui, contre 35 % qui s'en défient. Et ce sont, sans surprise, les électeurs de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon qui le plébiscitent. Le virologue le plus célèbre de France, blouse blanche et tignasse blonde, peut se vanter d'avoir les populistes à ses côtés.
Dans un tel contexte, les revers qu'il subit depuis quelques jours ne sont pas de nature à le déstabiliser, bien au contraire. Vendredi 22 mai, la très respectée revue internationale The Lancet publie une étude qui souligne les dangers de son traitement fétiche contre le coronavirus, l'hydroxychloroquine. Ce mardi, l'OMS annonce en conséquence la suspension des essais cliniques sur cette molécule. L'Agence du médicament, en France, lui emboîte le pas, tandis que le Haut Conseil de santé publique émet un avis défavorable à sa prescription. Le professeur Raoult transforme ce désaveu en triomphe. Dans un entretien accordé à David Pujadas sur LCI, il répond tout simplement… qu'il s'en fiche.
Le Versailles de Saint-Simon
Depuis le début de l'épidémie, les cris d'orfraie poussés par certains de ses confrères sur ses méthodes iconoclastes n'ont pas semblé le perturber, mais le galvaniser, tel un farouche combattant de l'ordre établi. Communicant hors pair, il se pose en victime des puissants, doublés à ses yeux d'incapables, et met les complotistes et autres ennemis du « système » de son côté. Il est aidé dans cette démarche par les défaillances successives de l'exécutif sur les masques et les tests. Mais il ne s'arrête pas là. L'OMS ? « Elle dit des bêtises sans arrêt. » Le Lancet ? Cette publication fait partie, assure-t-il, des « trois revues qui trichent le plus ». Et ainsi de suite.Didier Raoult dément pourtant toute tentation de se lancer en politique, souligne qu'il appartient à une famille où l'on est décoré de la Légion d'honneur depuis quatre générations et en conclut que cela lui suffit. Il ne faut pas le pousser beaucoup pour qu'il conspue « le Paris actuel (qui) ressemble au Versailles du XVIIIe siècle (…), un microcosme coupé du monde ».
Pour lui, c'est simple, « on fera les comptes à la fin ». Ceux des morts de l'épidémie ? Ou ceux d'une fracture sociale que ce médecin ne semble pas pressé de réduire ?
Source Le Point Sophie Coignard
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