Je suis né dans l'entre deux guerres 1914-1918 1939-1945, au moment où le nazisme montait en Europe. Comme l'a dit Stefan Zweig dans "le monde d'hier", c'était le début de l'effondrement de la civilisation de l'Europe.
La population mondiale était estimée de 1.8 milliards d'habitants.
Le monde d'hier était celui de mes grands-parents et de ceux de mon épouse, avant 1914; le monde de l'expansion de l'Europe occidentale à travers la planète entière par la colonisation; celle de l'essor de la révolution industrielle, celle des missionnaires, celle de l'exportation des systèmes institutionnels de l'Angleterre, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, de l'Espagne, du Portugal, des Pays-Bas, de la Belgique... en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud... bref sur la quasi totalité de la planète.
Les empires coloniaux dont les plus vastes - anglais et français - étaient encore intacts, malgré la guerre 1914-1918 qui avait mis fin à l'essor économique et industriel de l'Europe occidentale. Les affaires du monde étaient dominées en Europe par la remilitarisation de l'Allemagne qui voulait sa revanche après sa défaite en 1918; par la crainte de la Russie devenue Union des Républiques Soviétiques et Socialistes (URSS) en 1917 et de son système communiste collectiviste; et par l'expansionnisme du Japon en Asie.
Mon père et ses frères, comme mon beau-père et les siens, avaient été pris dans la tourmente de la guerre de 1914-1918; puis dans l'entre deux guerres et la guerre de 1939-1945; des vies gâchées par ces deux guerres fratricides européennes et l'effondrement d'une civilisation, sur une durée de 30 ans. Et cette époque fut aussi celle de l’expansionnisme japonais, de la guerre avec la Russie, de l'occupation de la Chine... puis Pearl Harbour en décembre 1941 et les exactions japonaises qui se terminèrent par sa capitulation en septembre 1945. Au total, cette 2è guerre mondiale en Europe et en Asie, vit la mort de 50 millions d'hommes et de femmes sur la planète.
J'ai grandi dans la période d'après la 2è guerre mondiale et la reconstruction de cette civilisation détruite. Une période de reconstruction de l'Europe dévastée; une période où la prospérité fut donnée à tous, par un système inclusif; un système qui bénéficiait à tous les français. Un système éducatif qui apprenait les valeurs de la République, le récit national que chacun acceptait comme étant un bien commun partagé. Le système m'a éduqué et formé; le système m'a permis d'accéder à l'emploi et de participer à la prospérité générale. Je n'ai pas connu le chômage, sauf de manière frictionnelle et parce que j'étais "impertinent". Je bénéficie d'un niveau de retraite en proportion avec mes cotisations prélevées sur salaires lors de cette époque de prospérité générale, inégalée dans notre histoire.
Aujourd'hui nous sommes 7.5 milliards sur la planète; les empires coloniaux ont disparu. Le monde est dominé par les Etats-Unis, par l'économie, la mondialisation et la financiarisation. Et par l'émergence de la Chine et d'autres pays en développement rapide, autrefois colonies. Le souci aujourd'hui c'est le déclin relatif de l'occident, l'arrivée massive de migrants des pays pauvres dans les pays riches encore (12) (exemple Ouganda), le Jihadisme de l'Islam salafiste et Wahhabite, et le changement climatique.
Je m'interroge sur l'incapacité de nos politiques depuis plus de trois décennies à distribuer la prospérité et à traiter efficacement les problèmes qui affectent le pays. Un système institutionnel qui ne parvient plus à donner de la prospérité à tous sans exception, de manière inclusive. Un système qui crée et entretient de multiples exclusions: chômage massif, inégalités criantes, banlieues de non droit avec tous les trafics, la drogue et l'islamisme radical salafiste et wahhabite, le mal logement d'une partie importante de la population, un système éducatif qui ne transmet plus les valeurs du vivre ensemble, le récit national partagé, ni les savoirs de base pour s'inclure dans la société de production et de consommation.
Je m'interroge sur les inégalités: certes, elles ont toujours existé; mais dans un système de production/consommation caractérisé par l'identité des deux termes, pourquoi de telles disparités croissantes dans la distribution de la production de biens et de services entre ceux qui les produisent et ceux qui les consomment? Ceux qui reçoivent plus, peuvent acquérir plus de biens et de services produits, y compris les "gadgets" de la production; et quand ils ne le font pas, ils épargnent mais plus pour permettre à des industriels d'investir dans des capacités productives de demain, mais pour entretenir une économie "casino". Symétriquement, ceux qui reçoivent moins, permettent à ceux qui reçoivent plus, de consommer plus et d'épargner, c'est à dire de consommer plus, mais plus tard.
Notre système - occidental - est à bout de souffle. La croissance indéfiniment pour tout et partout, qui permettait de cacher les problèmes de distribution, à la façon de la marée qui soulève tous les bateaux en même temps, est impossible et c'est fini. Il faut changer de système. Il nous appartient à tous, avec les politiques que nous nommons, de faire évoluer le système, vers plus d'égalité dans le partage du gâteau. Revenir à un système "inclusif", et à la proximité comme autrefois. Sinon, les 7-9 milliards d'habitants, leurs activités de production et de consommation, le changement climatique et l'islamisme radical comme nouvelle révolution sociétale, conduiront à un nouvel effondrement de civilisation.
Plus: quelques liens ...
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On ne sait que penser ni retirer d’un tel texte teinté d’une nostalgie du genre « c’était mieux avant » tant le constat est global, ses conclusions abstraites, indifférenciées et pathétiquement constructivistes avec un : « il faut changer de système » ! Cela rappelle quelque peu la thèse de Picketty s’indignant contre l’accroissement des inégalités et l’instauration d’un impôt MONDIAL (c'est-à-dire illusoire) contre cette injustice ! Ne manquent naturellement pas les poncifs sur les méfaits de la mondialisation (oublié le fait qu’elle ait fait sortir quelques milliards d’individus de la famine), sur l’activité financière (oublié le fait qu’elle résulte essentiellement du capitalisme de connivence et de la complicité des Etats qui par exemple en France l’utilise au taquet pour financer une dette abyssale), sur la paupérisation grandissante en oubliant toute la redistribution – à l’instar de Picketty – alors qu’elle pèse par exemple chez nous 1/ 3 du PIB par an, c'est-à-dire largement plus que la fortune réunie des ultra riches de notre pays !! Fustigés par ailleurs les « gadgets » de la production comme si le marché sur lequel ils s’échangent, c'est-à-dire la rencontre libre de l’offre et de la demande des citoyens consommateurs devait être remplacé par une organisation dirigée de l’économie alors que la vraie histoire du monde démontre au contraire que ça n’a marché nulle part ! Quant à la perspective d’ « effondrement de notre civilisation » c’est oublier totalement l’émergence des nouvelles technologies, des nouvelles relations entre les individus connectés au monde entier grâce aux échanges et à la mondialisation dans un magistral déni du progrès.
RépondreSupprimerVous nous aviez habitués à mieux qu'à cet indigeste melimélo nostalgique Monsieur Ratcliffe..
"On ne sait que penser ni retirer d’un tel texte teinté d’une nostalgie du genre « c’était mieux avant".... dites vous!!!!
SupprimerJe crois que vous n'avez pas lu, ni compris ou que vous avez lu avec un à priori négatif au départ.
C'est en effet un ressenti c'est vrai. Mais pas du tout c'était mieux avant, bien au contraire et pas nostalgique du tout! J'ai voulu dire comment je voyais le monde aujourd'hui avec ses problèmes d'aujourd'hui comparé au monde tel qu'il était avec ses problèmes d'alors en 1935. Donner votre vision plus optimiste de l'avenir OK c'est aussi une vision que j'ai partagée, mais de plus en plus d'entre nous sommes pessimistes.... François Roddier, Alain Grandjean, Jean-Marc Jancovici, Martin Rees, André Lebeau, Jared Diamond, etc. etc. Googlez ces noms. Certes mon ressenti de ce qui se passe aujourd'hui n'est pas celui d'un journaliste d'investigation; je n'attendais pas ce genre de commentaire de vous Gaston! mais plutôt un échange, pour susciter davantage de réflexion.
Gaston a son point de vue, tu as le tiens et j'ai le mien. Le ton est définitivement arrogant. Et en même temps je comprends très bien lorsqu'il écrit qu'aucun des conseillers n'a jamais mis les pieds..... marchande. Être entrepreneur c'est pour la population en général être capitaliste. Et beaucoup le sont, c'est vrai. Cependant ces créateurs d'emplois font face à une concurrence "impitoyable". Et parmi eux, il y a ceux qui se soucient du monde qui les entourent. Parmi la nouvelle génération il y a beaucoup de ces jeunes créateurs qui seront plutôt des travailleurs autonomes que des employés, et ce, dans presque tous les secteurs économiques. Privés ou public, puisqu'il se donne de plus en plus de contrats à l'externe. Ici en tous les cas. Le capitalisme n'a pas engendré que du bon ou du mauvais, mais comme bien des systèmes, il va disparaître comme l'esclavagisme, le féodalisme et autres. Le monde se renouvelle malgré nous. Et ce qui se crée maintenant transformera encore le futur. Ceci dit, la table rase n'est pas complètement rasée. L'espoir n'a jamais rien changé. L'action : oui. Sur ce je vais me mettre en action...
SupprimerJe comprends mieux votre point de vue en me référant à la liste de vos sources qui ont toutes un point commun caractéristique: aucun, je dis bien aucun (et j'ai vérifié), de ces illustres conseilleurs n'a jamais mis les pieds dans une entreprise marchande ni n'a été confronté aux contraintes des marchés pour faire prospérer une activité créatrice de valeur et d'emplois, tout en prouvant dans la réalité vraie la pertinence de leurs talents à travers leurs résultats concrets. Probablement tous issus d'un milieu privilégié (puisque globalement notre système éducatif socialiste reproduit exactement poire aggrave sa sélectivité élitiste), ces messieurs n'ont eu qu'à réussir à un examen dit prestigieux pour avoir accès à des filières protégées et des tribunes médiatiques confortables. Ils sont tous fonctionnaires et l'on comprend alors que nulle part l'Etat dont ils dépendent au quotidien ne soit mis en cause pour ses gabegies, son absence totale de calcul économique, sa derésponsabilisation généralisée en système, sa bureaucratie pléthorique etc alors qu'il consomme indûment l'essentielle des ressources produites par un secteur marchand qu'ils épuisent de leur inutiles conseils et qu'ils critiquent assidûment. Je vous accorde par ailleurs mon a priori négatif sur toutes les formulations globales (la mondialisation est mauvaise, mon ennemie la finance, le fossé entre les riches et les pauvres etc) dans un monde aussi varié où chaque situation diffère d'une autre en empêche toute évaluation systémique. parlons déjà de la France et des 50 années d'étatisme socialisant (champions du monde de la fiscalité et des dépenses publiques) qui nous ont conduit où nous en sommes il y a déjà beaucoup à dire et à discuter.
RépondreSupprimerRe bonjour... j'aime mieux ça qui nous rapproche. Voir ma réponse ici.
SupprimerLe ton et le discours sont justes et posés. C'est en quelques phrases le résumé du siècle écoulé. La préoccupation qui sort du constat est aussi la mienne. Notre société occidentale est à bout de souffle. Que manque-t-il pour qu'elle s'effondre ? Probablement peu de chose. Être cynique, découragé, ça se comprend. C'est pourquoi, nous avons besoin de nous recréer à travers d'autres paradigmes, d'autre valeurs .... en ne jetant pas le bébé avec l'eau du bain.
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