Par
le jeu du suffrage universel indirect, les aspirants à la
Maison-Blanche doivent obtenir la majorité des suffrages dans chaque
État pour emporter l'ensemble des voix des grands électeurs.
Lorsque
130 à 140 millions d'électeurs américains (sur 200 millions d'inscrits)
se rendront aux urnes mardi - en réalité, 35 à 40 millions d'entre eux
ont déjà exprimé leur suffrage par correspondance ou anticipation -, ils
ne voteront pas directement pour le candidat de leur choix. Aux
États-Unis, en effet, l'élection présidentielle se joue au suffrage
universel indirect. Les présidents ne sont pas élus en fonction du
nombre de votes populaires reçus, mais par des grands électeurs nommés
par leur parti. Un système qui remonte au XVIIIe siècle.
Chaque
État dispose d'un nombre de grands électeurs équivalant au nombre de ses
sénateurs (invariablement deux par État) et députés à la Chambre des
représentants. À l'heure actuelle, on compte ainsi 538 grands électeurs,
ce qui équivaut à la somme des 100 sénateurs (2 par État) et des 435
représentants, auxquels il faut ajouter, depuis 1964, trois électeurs du
district de Columbia. La Californie, l'État le plus peuplé, en a le
plus grand nombre, 55, tandis que l'Alaska, le Wyoming, le Montana, le
Delaware, le Vermont et les deux Dakota en ont le plus petit, 3.
Il
suffit pour les aspirants à la Maison-Blanche d'obtenir la majorité des
suffrages dans chaque État pour emporter l'ensemble des voix des grands
électeurs (sauf dans le Maine et le Nebraska qui les distribuent
proportionnellement aux votes). Si, par exemple, Hillary Clinton
remporte 51 % des scrutins en Californie, elle raflera automatiquement
les 55 voix des grands électeurs.
C'est la raison pour laquelle la
Californie, en majorité démocrate depuis des lustres, ne représente
jamais un enjeu dans la course à la Maison-Blanche. Comme le résume
Nathalie Highley, une Franco-Américaine de Los Angeles qui a décidé de
voter «blanc»: «De toute façon, mon vote ne changera rien.» Tout le
contraire de ce qui se passe dans les États indécis comme la Caroline du
Nord, le Nevada, la Floride, l'Ohio, l'Arizona, le New Hampshire, le
Colorado, pour ne citer qu'eux, où chaque voix compte.
Après le
vote de mardi, les grands électeurs se réuniront ensuite dans la
capitale de leur État respectif le premier lundi après le deuxième
mercredi de décembre, qui tombe cette année le 19 décembre, pour élire
officiellement le président et le vice-président des États-Unis. Pour
remporter l'élection, il faut que le candidat obtienne 270 voix. Dans le
cas, très rare dans l'histoire, où aucun des deux candidats ne les
obtiendrait, la décision revient alors au Congrès.
Dans cette
élection sans précédent que Donald Trump n'a cessé de dénoncer comme
«truquée» - s'il n'en sort pas lui-même victorieux -, un «raté» pourrait
résulter d'une déficience des machines à voter, utilisées dans 32
États. Qu'en est-il vraiment? Est-il possible de truquer les élections?
Selon les experts, une triche serait très difficile à orchestrer par
l'un ou l'autre parti, en raison de leur surveillance mutuelle.
La
presse américaine a bien fait état de bugs dans plusieurs États, dont
le Nevada, le Texas et la Caroline du Nord où des électeurs se sont
plaints d'avoir sélectionné un candidat sur l'écran tactile pour voir
apparaître le nom de son adversaire comme celui qu'ils venaient de
choisir.
Mais dans la majorité des cas, ils ont réussi à corriger
l'erreur qui résultait d'un dysfonctionnement de la machine plutôt que
d'une fraude. Comme le souligne l'expert Larry Norden, «si l'erreur
venait d'une triche, elle n'apparaîtrait pas sur l'écran!» Pourtant,
certains États comme le Texas, la Floride, l'Indiana, le Kentucky, le
Tennessee, la Pennsylvanie et la Virginie sont problématiques: leurs
machines ne laissent aucune trace papier permettant de vérifier un vote
contesté.
Les autorités concernées affirment que les machines sont
testées et recalibrées chaque jour. Le problème est que la majorité
d'entre elles sont à la limite de l'obsolescence. Leur technologie est
dépassée et le matériel usé. Et dans certains cas, un vote erroné peut
aussi être le résultat d'une maladresse ou tout simplement d'une faute
d'inattention.
Source Figaro Armelle Vincent
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